Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
26 octobre 2005

woody et les dardenne

L'ENFANT
de Luc et Jean-Pierre Dardenne
MATCH POINT
de Woody Allen

Quelques lignes pour parler de deux films que je viens de voir, MATCH POINT de Woody Allen , cet après-midi, et L'ENFANT , des Dardenne Brothers hier soir (film qui m'avait suffisamment collé le bourdon pour que j'écrive en rentrant un tout petit blog-gribouillis que je n'ai pas posté finalement, qui disait, du genre "Il y a des jours où on s'aime et des jours où on s'aime pas : ce soir je ne m'aime pas." Ce qui était lapidaire et relativement exact, mais pas uniquement dû à la vision de ce film, but passons...)

Deux films en apparence aux antipodes l'un de l'autre mais finalement pas tant que ça quand on y fait un peu attention, deux films en tout cas qui m'ont autant titillé et fait gamberger l'un que l'autre...
J'essaierai de ne déflorer l'intrigue ni de l'un ni de l'autre (contrairement à ce qu'ont super bien réussi à faire des critiques idiots en ce qui me concerne : il y a au moins une chose à ne pas savoir pour chacun des films,sinon ça gâche un peu le plaisir, eh bien, bingo, je les savais toutes les deux en rentrant dans les salles... Ca m'énerve!!!!)
Généralités d'abord : Autant L'ENFANT peut se reconnaître immédiatement comme un film avec l'étiquette  Dardenne collée dessus (belgique / misère / saloperie humaine /  jérémie rénier / olivier gourmet / etc...) , autant pour MATCH POINT, si ce n'était le générique-noir-et-blanc-avec-la-même-typo-depuis-vingt-cinq-ans (quoique... l'observateur scrupuleux et maniaque que je suis aura déjà remarqué qu'en lieu et place des standards jazzy habituels, on n'a droit là qu'à de l'opéra crachotant soixande-dix-huit-touresque... tiens tiens), eh bien on pourrait être en droit de ne pas reconnaître du tout la patte de notre vieux maître new-yorkais (que j'avais personnellement trouvé de plus en plus fatigué et cacochyme rabâchant lors de ses derniers opi (un opus / des opi ?), et je ne cèderai pas à la facilité d'écrire que c'étaient même pas des opi lents (non non, pas de quoi rire, mais je ne sais plus du tout où j'en suis de ma phrase et de mes parenthèses...) à tel point que j'en ai même loupé quelques-uns parmi les derniers je l'avoue oui oui fouettez-moi, eh bien là, donc, chapeau ! Table rase quasiment  de ce qui faisait son pain quotidien cinématographique, on n'est plus du tout ni dans l'humour yiddish, encore moins dans l'introspection post-bergmanienne, on est... rigoureusement ailleurs. Autres lieux, autres acteurs, autre problématique... la blondeur de Scarlett Johanssen serait-elle pour quelque chose dans ce nouveau départ ?
La même blondeur,  celle de Déborah François, (une non-professionnelle époustouflante) semble éclairer de l'intérieur le film des Dardenne, lui donner un peu d'air, avec cette grâce quasiment enfantine, oui, comme une petite loupiote dans cet univers gris de portes fermées et d'eau glacée...

Dans les deux films il sera question d'enfant, (en avoir ou pas) dans les deux films il sera question d'argent,(comment faire pour en gagner plus), dans les deux films il sera question de culpabilité (et des différentes façons d'y faire face), et de rédemption (ou pas), dans les deux films il sera fait le portrait d'un sacré beau salaud (alors qu'il me semble que, sur les deux, l'un ne l'est -en apparence- que par légèreté, par accident, par la force des choses, alors que l'autre l'est authentiquement, sciemment, d'un bout à l'autre, avec une rigueur maniaque qui fait froid dans le dos...)
Le monde de la jetset londonienne de MATCH POINT (blinis au caviar, opéra tous les soirs, appart de 25000 mètres carrés -merci papa-, limousine avec chauffeur et j'en passe) nous est quasiment aussi extérieur que celui de L'ENFANT (combines miteuses, foyers d'accueil, junk food,vol à la tire, piaules sordides) .
On est pratiquement aux deux extrémités de l'échelle sociale. Grand écart. Là, en tant qu'observateur je me sens moyen (et d'une certaine façon plutôt bien content de l'être!) , et, dans un cas comme dans l'autre, déplacé parmi ces gens, leurs soucis spécifiques de castes , leurs codes et leurs signes de reconnaissance.

Et dans chacun des cas, le(s) réalisateur(s) nous trace le portrait d'un homme (Jérémie Rénier /Jonathan Rhys-Meyers, également bons) qui se débat pour s'en sortir (ou pour progresser), avec, pour chacun, des moyens que la légalité ou la moralité pourraient -dans les deux cas- parfois légitimement réprouver.
C'est vraiment ça le point commun entre les deux films : ces deux personnages masculins qui pourraient n'en faire qu'un, oui qu'on pourrait quasiment permuter, interchanger, faire passer d'un film à l'autre (peut-être d'ailleurs Jérémie Rénier ne serait pas mécontent de batifoler avec la petite Scarlett, et idem pour Jonathan, mais bon là je crois que je m'égare). Dans le genre prêt à tout (pour survivre/pour réussir même combat...) combinard, magouilleur ... à la seule différence qu'au bout du compte, l'un est sincère et l'autre pas.
Un dernier mot sur le filmage, sans surprise je le disais (et ce n'est pas du tout une critique!), mais de haut niveau, dans un cas comme dans l'autre ( pas de musique, plans-séquences, caméra à l'épaule, prédilection pour le dos des gens,décors grisâtres et fout-le-bourdon pour les uns, tandis que lumières, décor, musique nickels, montage raffiné, découpage léché pour l'autre) Pour résumer ? A ma droite, un film noir de noir comme un expresso stretto, à ma gauche, il semblerait qu'à la noirceur initiale du breuvage on ait rajouté in extremis un peu de sucre (voire un nuage de lait soyons fou) pour en atténuer l'amertume.
Alors, jeu, set et match pour qui ?
Comme au tout début de Match Point, je fige l'image, et j'arrêterai la balle en suspens au-dessus du filet. A vous de trancher.
Tombera, tombera pas ?

18451304_1_       18430180_1_

Commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 392