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lieux communs (et autres fadaises)
31 octobre 2005

feuilles mortes

(part one : 14h46)
Je finis mon café (je sais, je sais, je ne suis pas en avance...) et je vais vous savez quoi ? Non non, pas du tout vous n'y êtes pas, je vais juste me promener dans les bois. Regarder (et écouter) les feuilles qui tombent. Pourquoi précisément cette année tout ce déroulage de tapis automnal me semble-t-il aussi important, aussi précieux ? Pourquoi accorder tant d'importance aux feuilles ? (mauvaise langue : "c'est parce qu'il se sent en empathie avec elles, solidaire avec elles parce que comme elles il  se sent caduc..." tss shut up mauvaise langue!)
Marcher donc, en sous-bois, tonalités jaune/orange/rouge/marron, avec un trait de soleil franc sur fond de ciel bleu bleu par dessus tout ça. Sous les pieds, les feuilles mortes et sèches qui font du bruit (hmmm si c'est pas du lieu commun de chez lieu commun, ça!), elles chuchotent, semblent commenter votre passage, tandis que, de là-haut, leurs copines tombent, une par une ou en petit comité, paisiblement, silencieusement. Avec délicatesse. Rien de triste ou de compassé là-dedans, non, c'est juste très lent, et très doux, oui, il pleut des feuilles...

(part two : 16h52)
De retour. Bon tout ne s'est pas passé comme espéré. Déjà à peine sortais-je de chez moi que le ciel -bleu tu parles!- s'est plombé avec précipitation, comme une demoiselle qui, après vous avoir aguiché de sa nuisette aussi azur que vaporeuse, vous la dissimulerait soudain sous un vieux peignoir gris mochasse. Bon, je suis quand même monté dans la voiture (Qu'est ce vous croyiez ? bien sûr qu'il faut d'abord rouler pour pouvoir ensuite marcher!) en me disant qu'en plus il aurait pu pleuvoir! Je n'y pensais pas trop car ça menaçait tout de même. J'ai pu quand même me promener les pieds au sec, en essayant désespérément de photographier la chute des feuilles... Ben raté! Comme si elles le faisaient exprès, les petites pestes. Alors que je n'étais pas encore descendu de la bagnole, il y a eu comme une bourrasque, et un déluge de feuilles jeunes (non, pas jeunes, jaunes!) qui zigzaguaient en tous sens... Ca a duré bien ... vingt secondes, le temps que je sorte de la bagnole, que je dégaine l'appareil photo, et pfuittt, tout s'est alors immobilisé, comme par magie. Immobilité totale (je les entendais presque, les arbres, en train de pouffer silencieusement de rire) Ben je peux vous dire que c'est drôlement difficile de photographier une feuille qui tombe! J'ai ressayé, mais non, pas eu moyen!
Je me vengerai...

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31 octobre 2005

d'art

" Je serais un ARTISTE CONCEPTUEL et mon thème serait le lieu commun. Je ferais des performances, des dessins, des installations, des textes, des vidéos, des sculptures. Mes productions ne seraient en rien remarquables, ni par leur beauté, ni par leur laideur, elles ne seraient en rien originales. Elles donneraient un sentiment de déjà-vu, sans pourtant qu'on puisse préciser où, quoi, quand. Elles seraient un plagiat de ce qui a déjà été copié. A qui soutiendrait que dans mes oeuvres se cache un grain de nouveau, une trace d'idée, je répondrais qu'une telle vision est sans nul doute le produit d'un défaut des sens, d'une perversion, d'un dérangement mental, d'une paranoïa. Un médecin serait présent sur le lieu d'exposition, pour un diagnostic et un traitement immédiat. Pour les grandes manifestations, un officier de police et un juge, également."
("Je serais" ,par Hervé Laroche, p110)

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30 octobre 2005

hypo (thèses ou glycémie ?)

c'est peut-être parce qu'on est dimanche soir
c'est peut-être parce que ce dimanche est lui-même inclus dans un "grand ouikinde"
c'est peut-être parce qu'on est passé à leurres divers l'heure d'hiver
c'est peut-être parce que novembre est sur le point de commencer
c'est peut-être parce que c'est la veille de la toussaint
c'est peut-être parce que j'aime pas les jours fériés
c'est peut-être parce que toute mon énergie est passée dans le rangeage du bureau (si si! c'est fait!)
c'est peut-être parce que j'approche dangereusement de la cinquantaine (8mois)
c'est peut-être parce que j'ai encore grossi (comment voulez-vous que je plaise si je suis obèse ?)
c'est peut-être parce que ça me gonfle de préparer à fébou
c'est peut-être parce qu'il est trop tard pour aller au cinoche
c'est peut-être parce que je me rappelle d'un bout énervant du rêve de cette nuit (comme un petit débris gênant qui resterait coincé entre les dents)
c'est peut-être parce que je suis passé voir l'état de mon (dé) compte bancaire
c'est peut-être parce que j'appréhende l'hiver
c'est peut-être parce que je n'ai pas fait tant de choses que ça sur la liste que j'avais préparée des choses à faire pendant les vacances
c'est peut-être parce que j'agis parfois comme un niais (mais je n'en ai conscience qu'après coup)
c'est peut-être parce qu'il fait nuit noire de chez noire
c'est peut-être parce qu'il fait froid dans le monde
c'est peut-être parce que...

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29 octobre 2005

atypique

BATALLA EN EL CIELO
de Carlos Reygadas

(le titre, c'est juste un clin d'oeil pour mon ami Pépin, pour lui donner envie de lire la suite...mais bon c'est quand même très justifié!)
Comme promis cette nuit, un petit post sur Batalla en el cielo, de Carlos Reygadas.
Second film de ce réalisateur mexicain, qui avait déjà fait beaucoup parler de lui il ya trois ans à Cannes avec son premier long-métrage, Japón, et qui a remis ça cette année en -c'est un euphémisme pudique- "ne faisant pas l'unanimité" auprès des critiques (même chez les Inrocks, ils se bouffent le nez, l'un titre "déchirant" et l'autre "grotesque"...Pourtant,par le passé, ils n'ont pas eu peur d'apprécier pire, les Inrocks... mais passons) Bon, c'est vrai que, dès qu'on a dans un film la représentation non simulée d'un rapport oral -et Magritte là dirait "ceci est bien une pipe"- (La marche triomphale, de Bellochio, Brown bunny de Vincent Gallo...) tout le monde en fait des gorges chaudes. Là bien sûr, ça n'a pas loupé, et même doublement (ou plutôt quadruplement) puisque non seulement cette pipouille figure au début et à la fin du film une fois sans sourire et une fois avec) mais en plus elle est prodiguée par une délicieuse donzelle à un gros mexicain apathique et beaucoup plus agé (un "gros dégueulasse" ont écrit certains critiques, mais je ne partage pas leur avis...) , en plus c'est la fille de son patron...

Marcos est le prénom du dédicataire de la susdite gâterie , et c'est lui acccessoirement, le héros (si l'on peut dire, puisqu'on pourra l'admirer sous toutes les coutures et sans aucun voile) du film. Le synopsis, quand on le reconstitue, tient en peu de lignes (rassurez-vous, je ne vous le raconterai pas!) et -finalement- peu de personnages (on en reviendrait presque au classique triangle amoureux) Au début du film, on peut être désorienté par une suite de scènes en apparence sans rapport, mettant chaque fois le spectateur en déséquilibre par le rapport inhabituel des images et de la bande-son, cette dernière venant souvent comme déranger ce qui est montré (sonnerie de portable sur défilé militaire, tictac d'horloge sur conversation entre mari et femme, Bach à fond les manettes sur station-service, etc...) Mais il est relativement plus facile de remettre les morceaux dans l'ordre que ne pourrait le laisser supposer la perplexité initiale (du spectateur) devant ces lambeaux de fiction, ces grumeaux de chronologie, ces personnages dont on ne comprend pas forcément les rapports, ces plans-séquences aussi amples qu'étonnants ...
Le plus important, il me semble, est que Batalla en el cielo est avant tout un film profondément mexicain, et revendiqué ainsi par son auteur. Ce mélange iconoclaste entre la religion, la sexualité, la violence, la misère, la laideur. Un enlèvement, un crime, trois scènes d'amour (oui oui c'est bien le mot...) non simulées, un pèlerinage... Eros et Thanatos, le trivial et le sublime, pas très neuf tout ça me direz-vous ? Ben si, justement! De ce chant funèbre,  Reygadas fait une partition baroque et époustouflante, dérangeante parfois, fascinante la plupart du temps (aussi polyphonique que polymorphe ?) Sur un atlas des cinéastes, je le situerais quelque part entre Luis Bunuel et Harmony Korine (c'est vous dire le grand écart!). Avec un zeste d'Arturo Ripstein, et peut-être un je-ne-sais quoi de David Lynch... Il en a les audaces formelles, l'audace de la représentation crue des fantasmes et des obsessions, et (surtout) la capacité de transformer un mélodrame (osons le mot) en objet hybride, tour à tour flamboyant, nauséeux, lyrique, cynique, obscène, par un réel talent de cinéaste...
J'avais en sortant le sentiment d'avoir vécu une des expériences cinématographiques les plus étranges de ma vie. Comme lorsque, adolescent, j'ai découvert La montagne sacrée, d'Alejandro Jodorowski (que j'aimerais bien revoir d'ailleurs!)...
Fascinant aurais-je pu titrer...
Je terminerai juste en précisant
1) que je retournerai voir le film quand on le passera dans notre bôôô cinéma (il me semble que la salle où je l'ai vu avait un problème de projecteur, ce qui rendait la copie très sombre)
2) que l'affiche, même si je la trouve très jolie, est un peu malhonnête, car elle ne traite que la moitié du problème. (Vous vous en rendrez compte en allant voir le film, ce que je vous conseille vivement, mais je peux vous assurer d'avance que je connais certaines dents qui vont grincer...)

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29 octobre 2005

vecteurs

J'étais nul en maths, mais il y avait un truc qui m'avait fasciné (en 5ème je crois...) : les espaces vectoriels. Pour moi qui étais (et suis toujours) bordélique, cet univers ou tout était rangé nickel, bien dans le même sens, ordonné et tout (c'est comme ça que je me le figurais) ça représentait un espèce d'absolu. Depuis, j'ai conservé (mais un peu déformé je le crains) ce concept. Il y a des journées vectorielles (ou vectorisées ?) où tout va dans le bon sens (enfin, celui qui est bon pour moi) et les autres. Aujourd'hui, par exemple, c'était pas ça du tout, ça allait plutôt dans tous les sens, ou à rebrousse-poil, enfin pas du tout comme j'aurais voulu... Y en a, des jours comme ça, et plus qu'on le voudrait, mais ça ne dure pas, heureusement (cf théorie dite "de la demi-journée', pour les fidèles qui suivent depuis le début)...
Aujourd'hui, in fine, tout s'est polarisé positivement aux alentours de 18h (je préfère ne pas raconter le "précédemment"!) quand j'ai retrouvé mes amies Dominique et Emma devant le cinéma. Puis quand j'ai vu Batalla en el cielo , de Carlos Reygadas (film dont je vous reparlerai très bientôt promis). Et le petit repas au Gourmand (restau qui reste pour moi "le restau de quand on était jeunes") qui a suivi, et la soirée délicieuse à discuter entre copines, et le retour de nuit avec en fond sonore le final pianissimo de chez pianissimo (comme justement, la disparition de ma ronchonnerie coîncidant avec l'apparition d'un genre de paix, de calme) de la 2ème Symphonie de Malher, pour finir avec le (...) bucolique (et un peu frisquet, mais c'était exactement comme à la fin de, justement, Batalla en el cielo) avant que de retrouver la mayson (ce qui explique l'heure... tardive de ce post)...
La boucle était bouclée, et les vecteurs bien revectorisés, parallèles, bien rangés...

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28 octobre 2005

films que j'aime pas

... Ben voui, y en a !

- EXILS (Gatlif)
- LE BOIS LACTE (Hochhausler)
- SEANCE (Kurosawa)
- TRIPLE AGENT (Rohmer)
- INTOLERABLE CRUELTY (Coen)
- MATRIX 3 (Wachowski)
- DOGVILLE (Von Trier)
- MON IDOLE (Canet)
- ADOLPHE (Jacquot)
- LA CAPTIVE (Ackerman)
- PORTO DE MON ENFANCE (Oliveira)
- MICHKA (Stevenin)
- JE RENTRE A LA MAISON (Oliveira)
- BUENA VISTA SOCIAL CLUB (Wenders)
- TOTAL WESTERN (Rochant)
- FIGHT CLUB (Fincher)
- HUIT FEMMES ET DEMI (Greenaway)
- POLA X (Carax)
- CELEBRITY (Allen)
- L'ENNUI (Khan)
- LE DEMENAGEMENT
- LA BELLE VERTE (Serreau)
- BRAVEHEART (Gibson)
- FRANKENSTEIN (Brannagh)
- LE PONT DES ARTS (Green)
- ...

28 octobre 2005

fatigué(e)

"J'aurais voulu te dire,
j'aurais voulu te dire vraiment
quelque chose, autre chose
de gai ou de très différent
mais je n'ai plus d'idées
et je suis
fatigué(e)."

(Françoise Hardy)

28 octobre 2005

prévisionnement

Aussi rituellemnt que la foire aux livres revient chaque année la journée de prévisionnement  des ouacances de la Toussaint  à F.
Quatre films en avant-première, quatre oeuvres fortes

LE TEMPS QUI RESTE (de François Ozon) sortie le 30.11.05
(les derniers jours d'un jeune photographe qui apprend qu'il est atteint du cancer)
Un Ozon que certains dans l'assistance qualifièreent de "glacé" d'autres d'"abstrait", moi je l'ai trouve "fort" et j'ai été bouleversé par ce personnage, par l'atmosphère du film, pat l'ensemble des acteurs... et la mer à la fin!

POUR UN SEUL DE MES DEUX YEUX (d'Avi Mograbi) sortie le 30.11.05
(documentaire d'un réalisateur israélien prend parti pour les palestiniens)
Pas évident au départ, le film est aussi complexe que la situation que les gens vivent là-bas. Trois "histoires" imbriquées, un réalisateur qui se met en scène et n'hésite pas à s'impliquer physiquement... De la rage, de l'impuissance, et la mer à la fin!!

LE PETIT LIEUTENANT (de Xavier Beauvois) sortie le 16.11.05
(les premiers mois de travail d'un jeune flic)
Une chronique"profil bas", sans effets pyrotechniques, qui nous dévide le quotidien d'un groupe de flics de la PJ dont un "bleu" et sa supérieure un peu cabossée par la vie... Un film beaucoup plus sobre que certains de ses protagonistes, en tout cas le plus réussi de son réalisateur... et la mer à la fin!!!

KOKTEBEL (de Boris Khlebnikov, et Alexei Popogrebski) sortie le 09.11.05
(un père et son fils traversent la russie à pied pour aller en Crimée)
Un road-movie russe, qui sait prendre son temps, des paysages superbes, des rencontres qui le sont parfois, une balade bucolique souvent, alcoolique de temps en temps, la survie avec les moyens du bord, deux réalisateurs décidément poètes... et la mer à la fin!!!!

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26 octobre 2005

woody et les dardenne

L'ENFANT
de Luc et Jean-Pierre Dardenne
MATCH POINT
de Woody Allen

Quelques lignes pour parler de deux films que je viens de voir, MATCH POINT de Woody Allen , cet après-midi, et L'ENFANT , des Dardenne Brothers hier soir (film qui m'avait suffisamment collé le bourdon pour que j'écrive en rentrant un tout petit blog-gribouillis que je n'ai pas posté finalement, qui disait, du genre "Il y a des jours où on s'aime et des jours où on s'aime pas : ce soir je ne m'aime pas." Ce qui était lapidaire et relativement exact, mais pas uniquement dû à la vision de ce film, but passons...)

Deux films en apparence aux antipodes l'un de l'autre mais finalement pas tant que ça quand on y fait un peu attention, deux films en tout cas qui m'ont autant titillé et fait gamberger l'un que l'autre...
J'essaierai de ne déflorer l'intrigue ni de l'un ni de l'autre (contrairement à ce qu'ont super bien réussi à faire des critiques idiots en ce qui me concerne : il y a au moins une chose à ne pas savoir pour chacun des films,sinon ça gâche un peu le plaisir, eh bien, bingo, je les savais toutes les deux en rentrant dans les salles... Ca m'énerve!!!!)
Généralités d'abord : Autant L'ENFANT peut se reconnaître immédiatement comme un film avec l'étiquette  Dardenne collée dessus (belgique / misère / saloperie humaine /  jérémie rénier / olivier gourmet / etc...) , autant pour MATCH POINT, si ce n'était le générique-noir-et-blanc-avec-la-même-typo-depuis-vingt-cinq-ans (quoique... l'observateur scrupuleux et maniaque que je suis aura déjà remarqué qu'en lieu et place des standards jazzy habituels, on n'a droit là qu'à de l'opéra crachotant soixande-dix-huit-touresque... tiens tiens), eh bien on pourrait être en droit de ne pas reconnaître du tout la patte de notre vieux maître new-yorkais (que j'avais personnellement trouvé de plus en plus fatigué et cacochyme rabâchant lors de ses derniers opi (un opus / des opi ?), et je ne cèderai pas à la facilité d'écrire que c'étaient même pas des opi lents (non non, pas de quoi rire, mais je ne sais plus du tout où j'en suis de ma phrase et de mes parenthèses...) à tel point que j'en ai même loupé quelques-uns parmi les derniers je l'avoue oui oui fouettez-moi, eh bien là, donc, chapeau ! Table rase quasiment  de ce qui faisait son pain quotidien cinématographique, on n'est plus du tout ni dans l'humour yiddish, encore moins dans l'introspection post-bergmanienne, on est... rigoureusement ailleurs. Autres lieux, autres acteurs, autre problématique... la blondeur de Scarlett Johanssen serait-elle pour quelque chose dans ce nouveau départ ?
La même blondeur,  celle de Déborah François, (une non-professionnelle époustouflante) semble éclairer de l'intérieur le film des Dardenne, lui donner un peu d'air, avec cette grâce quasiment enfantine, oui, comme une petite loupiote dans cet univers gris de portes fermées et d'eau glacée...

Dans les deux films il sera question d'enfant, (en avoir ou pas) dans les deux films il sera question d'argent,(comment faire pour en gagner plus), dans les deux films il sera question de culpabilité (et des différentes façons d'y faire face), et de rédemption (ou pas), dans les deux films il sera fait le portrait d'un sacré beau salaud (alors qu'il me semble que, sur les deux, l'un ne l'est -en apparence- que par légèreté, par accident, par la force des choses, alors que l'autre l'est authentiquement, sciemment, d'un bout à l'autre, avec une rigueur maniaque qui fait froid dans le dos...)
Le monde de la jetset londonienne de MATCH POINT (blinis au caviar, opéra tous les soirs, appart de 25000 mètres carrés -merci papa-, limousine avec chauffeur et j'en passe) nous est quasiment aussi extérieur que celui de L'ENFANT (combines miteuses, foyers d'accueil, junk food,vol à la tire, piaules sordides) .
On est pratiquement aux deux extrémités de l'échelle sociale. Grand écart. Là, en tant qu'observateur je me sens moyen (et d'une certaine façon plutôt bien content de l'être!) , et, dans un cas comme dans l'autre, déplacé parmi ces gens, leurs soucis spécifiques de castes , leurs codes et leurs signes de reconnaissance.

Et dans chacun des cas, le(s) réalisateur(s) nous trace le portrait d'un homme (Jérémie Rénier /Jonathan Rhys-Meyers, également bons) qui se débat pour s'en sortir (ou pour progresser), avec, pour chacun, des moyens que la légalité ou la moralité pourraient -dans les deux cas- parfois légitimement réprouver.
C'est vraiment ça le point commun entre les deux films : ces deux personnages masculins qui pourraient n'en faire qu'un, oui qu'on pourrait quasiment permuter, interchanger, faire passer d'un film à l'autre (peut-être d'ailleurs Jérémie Rénier ne serait pas mécontent de batifoler avec la petite Scarlett, et idem pour Jonathan, mais bon là je crois que je m'égare). Dans le genre prêt à tout (pour survivre/pour réussir même combat...) combinard, magouilleur ... à la seule différence qu'au bout du compte, l'un est sincère et l'autre pas.
Un dernier mot sur le filmage, sans surprise je le disais (et ce n'est pas du tout une critique!), mais de haut niveau, dans un cas comme dans l'autre ( pas de musique, plans-séquences, caméra à l'épaule, prédilection pour le dos des gens,décors grisâtres et fout-le-bourdon pour les uns, tandis que lumières, décor, musique nickels, montage raffiné, découpage léché pour l'autre) Pour résumer ? A ma droite, un film noir de noir comme un expresso stretto, à ma gauche, il semblerait qu'à la noirceur initiale du breuvage on ait rajouté in extremis un peu de sucre (voire un nuage de lait soyons fou) pour en atténuer l'amertume.
Alors, jeu, set et match pour qui ?
Comme au tout début de Match Point, je fige l'image, et j'arrêterai la balle en suspens au-dessus du filet. A vous de trancher.
Tombera, tombera pas ?

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25 octobre 2005

bocal

Vous savez à quoi je me fais penser, ici, présentement là tout de suite ? Ben je me fais l'effet d'un poisson rouge.
Un petit poiscail dans son bocal, qui tourne sans fin ,avec une patience infinie, qui fait des bulles et des fois pas, qui mange des miettes des fois et des fois ceinture, dans de l'eau propre neuve cristal des fois et des fois cracra croupie trouble . Mais bon quelles que soient les circonstances, il tourne, il assure -comme un chef- son rôle de poisson rouge.
Protégé. Dans son monde. A l'abri...
Il y a entre vous (lecteur(s)et trice(s)) et moi la même différence qu'entre ce poisson et son ... (quel mot mettre... "maître" ? ça fait drôle, non..."propriétaire", peut-être serait plus adapté!) enfin je veux parler de la paroi qui nous sépare (ici celle de l'aquarium et là celle qu'on pourrait figurer par l'écran du moniteur) Chacun chez soi, et on se mélange pas...
Alors je continue de tourner, (je sais qu'il y en a qui viennent me voir faire mes pitreries de poisson, je vois parfois leurs visages déformés en gros plan  de l'autre côté de la paroi , mais -vous avez remarqué ?-, je varie : je sais changer de sens, faire des bulles de taille variable, je répète en cachette le saut périlleux arrière carpé (!) il faut quand même que je justifie mon audience, non ?

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