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lieux communs (et autres fadaises)
9 janvier 2006

intimité (2)

(à propos de messieurs tout nus...)

Après avoir évoqué mes débuts (les jeunes années), voici donc la suite de mes émois et aventures iconographiques.
Les revues "originelles" (celles des années 70, les pionnières) avaient progressivement disparu, des magazines américains juste un peu francisés envahissant le marché, érigeant le formatage en règle absolue (jeunes, lisses, épilés, bodybuildés, insipides) les salles de cinéma porno étaient en train de disparaître , asphyxiées par la règlementation sur les films X et l'invasion de la vidéo, les bouquins de photos atteignaient des prix astronomiques, à la télé il fallait être très observateur et très patient pour surprendre une mâle anatomie dans un reportage furtif, le minitel c'était sympa question échauffement, mais c'était sans image...bref,  la disette en quelque sorte, il fallait faire quèq'chose, trouver une issue de secours.
Et l'internet fit son apparition... (tadadam!) Le ouaibe, comme je l'ai déjà dit, a très vite signifié pour moi le libre accès à toute l'imagerie pornographique mondiale. Plutôt toute l'imagerie virilement sexuée. The full frontal male nudity.( Il n'y avait que les américains pour mettre ça en mots ; ça signifie que non seulement c'est un monsieur, qu'il est tout nu, qu'on le voit de face et avec le kiki à l'air )
J'ai une âme de collectionneur, je me suis donc mis en chasse dès que j'ai pu brancher mon ordi... La première fois que je me suis connecté, je n'avais qu'une adresse où aller, un sésame unique : le site de la revue Bear, qui fut donc un peu la Bonne Marraine pour le Cendrillon du ouaibe que j'étais. De site en site, de lien en lien, je me suis rapidement constitué une bonne liste de favoris (mais je pense que bien peu ont survécu au fil des ans...)
La première constation que j'avais faite à l'époque (et qui rejoignait un peu mon émoi originel lorsque, ado, j'avais découvert qu'il existait des journaux de monsieurs tout nus) c'était le nombre absolument faramineux d'appendices males qui étaient dévoilés, dans toute leur(s) diversité(s) tant anatomique que géographique : ce besoin de montrer son kiki (et donc d'être vu) m'apparut comme une caractéristique spécifique et universelle de la gent masculine. Tant mieux pour moi!
J'ai donc affiné mes recherches, affûté mes goûts. Ce qui m'intéressait, je l'ai déjà dit, et je m'en suis rendu compte très vite, ce n'était pas la représentation photographique pornographique (assez vite fastidieuse), mais plutôt de voir des mecs à poil (tout seul ou entre potes), le genre de photos de troisième mi-temps qui figurent au mur de pas mal de club-houses de rugby (et auxquelles hélas on ne pouvait avoir accès jusque là ), ou photos de vacances de jeunes gens (l'arrivée du portable qui prend des photos aura été d'une grande aide, même si on perd ici en qualité d'image ce qu'on gagne en spontanéité), enfin de mecs en train de chahuter. 
Le ouaibe, c'est la démocratisation du kiki! ("à la portée de toutes les bourses..." hihi!)
Il y avait un site que j'aimais beaucoup dans le genre, (à la naissance duquel d'ailleurs j'ai assisté) qui s'appelait Straight Lads Polaroids et qui s'était spécialisé là-dedans. Oui, ce que je préférais, ce n'était pas de voir des homos en train de faire l'amour, mais plutôt des hétéros en train de faire les cons.
J'avais découvert un site nommé Woody's Hangout où le ouaibmestre invitait des jeunes mecs un peu bourrins de base comme j'aime (qui se revendiquaient maçons, couvreurs, mécanos...), à venir faire des petits shows quotidiens devant sa cam, seuls ou à deux (Je me souviens notamment d'un certain Bobby dont je guettais avidement les apparitions...) Ca, c'était la deuxième période, celle des cams. Ca m'émerveillait de penser que, comme ça, en claquant des doigts, on pouvait voir un mec, qui était peut-être à des milliers de kilomètres, vous offrir le spectacle de son intimité.

Les photos qui me touchent le plus, c'est celles où le sujet (de plus en plus je me suis fixé sur les "average guys" ou les "boys next door", autrement dit en français les mecs "moyens", normaux", ceux qui pourraient être votre voisin de palier, mais, euh... ça n'arrive jamais! ) est photographié dans son environnement naturel : Il y en a qui posent sur leur canapé, dans leur salle de bain, dans la cuisine, dans l'atelier, au bureau, ou même dans leur bagnole... Tout est bon, pourvu que ce soit personnel.
On est bien -d'une certaine façon- dans une figuration du réel, bien loin des décors vides et/ou chichiteux  et des photos artistiques de modèles prises (les photos!) en studio. Beurk, ça je ne peux pas. Trop vide.
J'ai besoin de ces marques d'authenticité, tel tableau très moche au mur, tel bureau encombré, tel cendrier plein, tel lit défait, telle salle de bains encombrée, bref, de ces imperfections, de ces détails attendrissants que le sujet a , peut-être involontairement, comme laissés échapper. Une façon de dire "regardez, je n'ai pas triché, me voilà, in situ, tel quel."


Une source prodigieuse de documents s'était constituée grâce aux newsgroups de yahoo. C'était un système très convivial de mise en commun d'images par courrier sur le thème qu'avait déterminé le webmestre. On s'abonnait à un groupe, et on recevait les messages (et les photos) par courrier. C'était parfois très pointu, mais,ainsi, la masse iconographique croissait quasi exponentiellement. Et un jour, yahoo, en père la vertu soudain moraliste (sous la pression des ligues catholiques et bien-pensantes ? ) a commencé à organiser le nettoyage sauvage de tout ça, tel Hercule dans les écuries d'Augias, détruisant des groupes sans préavis, dès que la dénomination pouvait avoir un petit quelque chose d'offensant, et surtout ne donnant plus la possiblité d'organiser le stockage des images. L'un après l'autre, je les ai vus disparaître, impitoyablement éradiqués, asphyxiés... Ah le bon temps était (déjà) fini...
De bon temps il sera à nouveau question à présent, puisque le seul survivant de ces groupes auquel j'ai pu rester abonné continue d'accomplir, il me semble, un travail admirable, et quasi-unique, d'archivage et de stockage de ce qu'ils appellent les "gay historical pictures", au sens large d'ailleurs, puisque il s'agit de conserver le maximum de traces, photographiques, picturales, graphiques d'une activité homoérotique historique. Représentations viriles, et ce dès l'apparition de la photographie, avec des documents aussi rares (parce que que familiaux très souvent) qu'émouvants. C'est là que je vais régulièrement me ravitailler en images noir et blanc ou sépia (comme celles que j'ai utilisées pour mon "calendrier 2006"), images qui sont, je crois, celles qui me sont devenues progressivement les plus chères.
(Plus je vieillis, et, c'est mathématique, plus je deviens nostalgique!)

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