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lieux communs (et autres fadaises)
11 mars 2006

terre!

LA TERRE ABANDONNEE
de Vimukhti Jayasundara

Je reviens d'ailleurs.
Un autre espace, un autre temps.
Encore un de ces films-qui-ne ressemblent-pas-à-grand-chose-de-connu que j'affectionne. Si le réalisateur est sri-lankais, le lieu précis de l'action n'est jamais nommé explicitement. Un no-man's-land, quelques bicoques, un peu de végétation, de la poussière... Quelques civils et pas mal de militaires... C'est peut-être la paix, mais ça a sans doute été la guerre...
Quand le film commence, il donne au spectateur l'impression de prendre l(es) histoire(s) en route, que tout ça a déjà débuté sans lui, bien avant le générique. Et le même sentiment  resurgit à la fin, qu'au-delà de cet écran noir avec une voix off qui énumère impavidement sa litanie de disparus, ça va continuer sans nous...
Bon, vous l'avez compris, on n'est pas du tout ici dans Les Bronzés au Sri-Lanka. Ni glamour, ni gaudriole ni popcorn ni bons mots. On est ici dans le noyau central, l'épicentre, l'essence même de ce qu'est le cinéma. Des plans-séquences étirés avec une infinie patience, des dialogues parcimonieux, une lumière somptueuse, un  regard de poète (ou de peintre) de la part de ce jeune réalisateur ; on sort de là, quelque part entre béat et béant.
La chronique naturaliste qu'on voyait s'esquisser dans la première partie du film va progressivement se muer en constat de la violence (militaire ? ) ordinaire, dans tout ce qu'elle a d'absurde er d'injustifié.

On est un peu perdu, au début, face à cette succession de scènes amples à la beauté incontestable, mais au contenu narratif pas immédiatement assimilable, à cette poignée de personnages dont on a du mal au début à définir les liens et les interactions ; on craint que le réalisateur ne nous livre qu'un bout-à-bout de moments beaux (ce qui serait déjà pas mal !), qu'il délaisse la narration au profit de la seule contemplation. Il n'en est rien. Détail par détail, l'édifice va se construire, exigeant il est vrai du spectateur une attention constante (mais comment réussir à ne pas rester fasciné devant tout ça ? ).

C'est peut-être le film lui-même, dans sa globalité, qui  pourrait apparaître au spectateur comme une énigme. Ou plutôt la question, qui serait posée au même spectateur, à savoir s'il accepte de déposer là ses oripeaux d'occidental rationnel, ses accessoires dérisoires, pour oser s'immerger dans le cours d'eau nocturne et bleu (c'est une image du film...) de LA TERRE ABANDONNEE, pour s'abandonner à ce que mon voisin a fort justement nommé une autre temporalité...

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Les personnages esquissés lors des lambeaux initiaux de la fiction (le garde, sa soeur, sa femme, le copain à vélo, l'écolière, le vieil homme, Petit-Oiseau, les militaires...) vont progressivement acquérir épaisseur, densité, netteté (comme dans un labo photo on voit monter dnas le bac de développement l'image en train d'apparaître) mais je ne vous ferai pas croire que vous aurez tout compris à la fin. Certains des personnages du début n'y seront plus, mais il n'est pas question ici de whodunit ni de résolution d'énigme...
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