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lieux communs (et autres fadaises)
26 avril 2006

(f)rance

Eh oui, c'est comme ça, je dois le reconnaître : il ya des soirs -comme ce soir, précisément- (enfin, hier soir "à l'heure où vous lirez ces lignes", comme on dit) où je ne pense pas "je vais aller au cinéma" ou "je vais aller voir un film" , non non, il ya des soirs où je pense, à haute et intelligible voix dans ma tête : "je vais aller voir une merde"
Et c'est ce que j'ai fait, haut la main.
Je l'ai bien senti dès l'arrivée :  l'avant-première avait lieu salle 8 (une des plus grandes il me semble) dans le bôô cinéma. J'arrive avec dix minutes d'avance, je rentre dans la salle et, ô surprise, du monde partout, partout. Je me trouve une place en bord de rang, pas trop bas (heureusement il n'y aura pas de sous-titres à lire) mais à vouloir embrasser le paysage d'un bord à l'autre de l'écran on risque sans peine le torticolis (c'est vrai que nos écrans sont très/ trop ? grands, mais bon on ne va quand même pas se plaindre de trop bonnes conditions de projection, hein ?) Bref, me voilà déjà déstabilisé (à voir défiler les jattes de popcorn, les jerrycans de soda, les familles au grand complet, à écouter la conversation de ma voisine avec son chéri, où il est question de coulage de dalle et de montants métalliques...), tout ça est très exotique pour moi qui suis habitué plutôt à un nombre de spectateurs inférieur à celui des doigts des deux mains, voire d'une seule... Voilà ce que c'est que d'avoir pris goût aux films dits "confidentiels" ou "pointus" ou "c'est bien mais c'est spécial...", les films dard & décès, quoi... (je me mets dans l'esprit du film, pour que vous y soyez aussi...)

Bon, ça commence. (Tiens, pourquoi ils ont pris une vielle rengainasse d'il y a -au moins- vingt ans comme musique de générique ? Mais bon, autant vous prévenir, ça va être comme ça jusqu'à la fin, comme si le réalisateur avait acquis en bloc un catalogue chansons niaises bord de plage 70/80... et même avant, tiens! On a même droit, entre autres, à un remix techno de La belle vie, par Sacha Distel, et à une reprise live de La chatte à la voisine, c'est dire! )
Donc, ça démarre. Mathilde S. et son mari partent en vacances. Claude B. et Mylène D. (sa femme) partent aussi en vacances. Tout ce monde se retrouve dans un endroit qui donne son titre au film. Ils retrouvent leur copain Franck D. aux yeux très bleus et au slip de bain plutôt grotesque.
Vient aussi les rejoindre (ce qui n'était pas prévu, parce que lui est riche et partait pour Marbella, alors que les autres sont pauvres et ne peuvent aller que là) Gérard L., chirurgien esthétique qui fait la gueule, avec sa fille. Point. Fini le scénario (ou peu s'en faut).
Le choc des cultures : Gérard L. roule dans "la voiture de James Bond" et n'a jamais dormi sous tente. Il va découvrir -arrêtez arrêtez je n'en peux plus de rire- pêle mêle : la promiscuité, le pastis, les moustiques, les tongs, le b*nc* (mais si, vous savez bien... une boisson chocolatée pour le ptit déj... il y a dans ce film une publicité répétitive et éhontée pour ce produit, à ce stade-là c'est plus du subliminal, c'est carrément du surligneur fluo!)  le thon en boîte, la queue pour prendre sa douche, l'élection de miss t-shirt mouillé, bernard montiel, les nudistes (promis juré craché JE N'INVENTE RIEN)...
Bon le scénariste a quand même vaguement (dé)tricoté une trame, à peine plus conséquente que le string que Mathilde S. nous exhibe lors d'une scène de ménage au restaurant La Moule Joyeuse (là, je brode... mais le(s) scénariste(s) aurai(en)t dû faire pareil!)
Bref, deux trois intrigounettes rachitiques, (allez, une par couple, soyons généreux) quelques grumeaux d'humour huile-à-friture-usée (ah le mythe de la "phrase-culte"..., ici on navigue entre "Avant j'étais dans la moutarde, maintenant je suis dans la merde..." et "chassez le naturiste, il revient au bungalow"...) on fait réchauffer tout ça... on n'est pas loin de la paella industrielle façon restau à touristes...(gaffe aux fruits de mer avariés)
Mais, dans la salle,les gens avaient l'air plutôt contents. Faut dire que le réalisateur -dialectement parlant- est quand même  vachement malin, à brosser ainsi le portrait dans le sens du poil de cette petite ethnie franco-franchouillarde (en d'autres temps, on eut écrit poujadiste...), à tendre ainsi un miroir au petit-peuple-laborieux-qui-bosse-onze-mois-pour-s'offrir-ses-3-semaines-de-paradis, lui faisant ainsi un  clin d'oeil complice et racoleur (genre ouais on est bien tous pareils, hein ? on aime le pastis, les histoires de cul, la danse des canards,les meufs en string) allant jusqu'à -là, la mise en abyme devient quasiment une distanciation brechtienne- mettre carrément ce discours dans la bouche de ses personnages (Mathilde S. reprochant à Gérard L. de ne pas s'intéresser à elle juste parce qu'elle n'est qu'une petite marchande de couleurs de province... le même Gérard L. se faisant gifler et traiter de vieux con par sa fille parce qu'il n'a pas compris que c'étaient les plus belles vacances de sa vie...),qui le revendiquent, tout ça avec la plus parfaite et révoltante démagogie, flattant les bas instincts (on est ici entre bas-ventre et bas-morceaux) stigmatisant la différence (le riche, la parisien, les hollandais, les naturistes...), renforçant le sentiment de caste, et noyant tout ça sous un déluge de bons sentiments aussi artificiel et humide que  la tempête qui vient -à point nommé et conclusivement- jeter tout ce petit monde dans les bras les uns des autres, pour un happy end de rigueur et un peu gluant, mais la morale est sauve : le riche repart finir ses vacances chez les riches, et les pauvres le regardent partir...
Plan final. Portrait de groupe avec dame(s) et avec bobs.
Ouf!

(Oui oui je sais, me direz-vous, je n'étais pas forcé, personne ne m'a obligé, hein ? alors pourquoi j'avais envie ? pourquoi j'y suis allé ? peut-être juste pour avoir le plaisir d'écrire ce comm... C'était plus fort que moi, j'ai pas pu résister...)
J'avais écrit , il y a déjà quelques temps
"se considérer parfois comme non-faisant partie de l'humanité"
Oui, c'est ça, c'est peut-être moi qui ne suis pas
normal, c'est peut-être moi qui me trompe, après tout, hein ?

Commentaires
K
Aïe, aïe, aïe, mais pourquoi tu te fais du mal, comme ça? T'es maso ou quoi? N'impose plus cela à ta sensibilité (et oui, on n'a pas tous la même, que veux-tu!).
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Z
C'est vraiment si nul que ça ? Heureusement que j'ai été prise d'un gros coup de mou hier soir car tu n'aurais pas été seul mon cher Chorichou dans cette galère... Au fait, j'était absolument sûre que tes analyses seraient bonnes.
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