Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lieux communs (et autres fadaises)
27 avril 2006

figures de style

Aujourd'hui, je recopie.
Ca fait un certain temps que je parle de Dennis Lehane. Je suis en train de lire l'avant-dernier (qui est le premier, chronologiquement) Un dernier verre avant la guerre. Le seul inconvénient, c'est que l'auteur a la fâcheuse manie, par le biais de son narrateur héros, Patrick Kenzie, d'évoquer ce qui s'est passé dans les épisodes précédents. Et comme je les lis un peu dans le désordre, je m'aperçois que je sais, quasi dès le début de celui-là, quel est le méchant que Patrick K. va tuer à la fin du bouquin (je l'ai appris dans Ténèbres prenez-moi la main, et ma mémoire bête l'a dûment enregistré), l"histoire, du coup en a moins d'importance, je m'attache plutôt à la façon de raconter, et j'en profite pour faire ce que j'ai envie de faire depuis un roman : repérer (et noter) les phrases qui font mouche, typiques pour moi de l'humour Lehane. en voici quelques exemples :

(p15) "Il avait une masse de cheveux blancs et raides sur laquelle on aurait pu faire atterrir un DC-10 et une poignée de main qui s'arrêtait juste avant de provoquer la paralysie."

(p35) " (...) un sociopathe, zéro de Q.I et à peine plus grand que Rhode Island, a voulu que je lui prouve que j'étais un dur. Il avait sauté de sa voiture, il était à deux mètres de moi et il approchait vite, quand j'ai tiré une cartouche qui a traversé le bloc-moteur. Il a regardé sa Cordoba comme si je venais d'abattre son chien et il a failli pleurer. Mais la vapeur qui s'échappait du métal déchiré l'a convaincu qu'il existait, de par le monde, des choses plus dures que nous deux."

(p65) "Ses cheveux ont l'air d'être peignés avec un marteau à pied-de-biche, et il a une de ces moustaches tombantes de bandit mexicain que plus personne ne porte, pas même le bandit mexicain moyen."

(p76) "C'est un endroit où les gens s'estiment heureux qu'il y ait des saisons, car au moins ça confirme que le temps passe véritablement."

(p108) "Il est impossible de se garer sur Tremont ni même d'y traîner plus de trente secondes. Une armée de contractuelles, importées de la section féminine des jeunesses hitlériennes peu après la chute de Berlin, parcourt la rue, à raison d'au moins deux par pâté de maisons, têtes de pitbull sur corps de borne d'incendie, en attendant seulement qu'il y ait quelqu'un d'assez stupide pour ralentir la circulation dans leur rue."

(p168) "Bubba a autant de conscience de soi qu'un carburateur, et il remarque encore moins les autres -à moins qu'ils ne lui fassent obstacle."

(p193) "Nous avons gagné le centre-ville en voiture, et retiré le Vomonstre du parking pour un peu moins qu'il m'en aurait coûté d'envoyer un môme en fac de médecine."

(p205) "Le seul moyen de rater sa cible avec un viseur aussi gros résiderait dans l'éventualité d'une soudaine éclipse solaire."

(p229) "Peut-être que je partirais m'installer au Tibet, que j'escaladerais une montagne avec le dalaï-lama, ou que je mettrais le cap sur Paris et ne porterais rien que du noir, me ferais pousser un chouette petit bouc et parlerais tout le temps jazz."

Voilà, ça me fait sourire, j'aime ces exagérations, ces images, et je me dis que, dans la narration plutôt sombre tendance darkest de Lehane, elles ont sans doute la même fonction que la petite soupape qui laisse s'échapper la vapeur, au-dessus de la cocotte-minute.
Indispensables pour reprendre son souffle.

dsc00027

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Ca y est, je suis mordue, Maman m'a passé Mystic river et je fais durer le plaisir avec Gone Baby gone (pas top top quand on est mère de jeunes enfants ET enceinte), mais, moi aussi, je me suis sélectionné quelques passages que je trouve très drôles. Petite liste sur mon blogounet à venir.
Répondre
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 016
Publicité