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lieux communs (et autres fadaises)
20 mai 2006

pouvoir(s)

(vous pouvez sauter directement au dernier paragraphe, c'est là qu'est ce que je voulais dire...)

Je l'ai déjà dit, je suis plutôt du genre petite chose fragile (bon, avec du bedon, d'accord, mais ça n'a vraiment rien à voir, c'était purement métaphorique)
Je suis d'un tempérament plutôt paisible, et ce que je déteste par dessus tout c'est les situations de conflits. Je ferai toujours tout ce qui est en mon pouvoir pour les éviter, et d'une façon générale, pour éviter l'affrontement (j'ai fait mienne cette phrase de Jules Renard :  "N'écoutant que son courage qui ne lui disait rien, il se garda bien d'intervenir.").
Je n'ai aucune ambition professionnelle, aucune aspiration au commandement. (On me l'a souvent reproché, ce fameux "manque d'ambition", mais il est là, et bien là, heureusement.)

Au départ, quand j'étais jeune (il y a longtemps) je croyais qu'on était tous pareils. Et que ça serait toujours comme ça. Que les adultes commandaient et les enfants obéissaient, que le mur de Berlin existerait jusqu'à la fin des temps, que les bébés apparaissaient mystérieusement dans un lieu appelé maternité, que tout ce qui était écrit était vrai, que chaque fois que je passais un examen il y a avait un bon génie qui me protégeait et me faisait le réussir, que si, quand on était petit on n'avait pas d'argent,  quand on était grand forcément on en avait plein, que quand on réussissait moyennement sans se fatiguer, à quoi bon se décarcasser davantage pour réussir mieux, hein ?
Une des choses les plus importantes que mon père m'ait appris, c'est "Ne t'en mêle pas. Reste à l'écart. Ne te fais pas remarquer."
Oui oui, j'avais de qui tenir, hein ? Mon papa était un faible à tendance solitaire qui a collectionné les emmerdes pendant sa vie encore mieux que certains collectionnent les timbres. Je pense qu'il a été malheureux toute sa vie, avec une constance admirable et un entêtement exemplaire.
J'ai donc grandi avec dans un coin de ma tête soigneusement calligraphiées les injonctions paternelles. Et je m'en trouve plutôt bien. J'accorde beaucoup d'importance au respect de l'autre.
Et c'est là que j'en viens à l'objet de ce post (qui devait à l'origine ne faire que trois lignes, et qui a largement digressé...)
Oui quand j'étais petit, je croyais ça, pas de commandant et pas de simple soldat, pas de patron et pas d'ouvrier, pas de chef et pas d'apprenti, pas de moi je sais et pas de toi tu fermes ta gueule. Tous à la même hauteur.
Je sais je sais, j'ai toujours été un doux rêveur...

Et il ya des choses, en ce moment, que j'entends et que je vois et qui me font mal, parce qu'elles m'évoquent des choses personnelles et/ou douloureuses. Il s'agit de personnes de mon âge (avec donc grosso modo la même expérience du boulot) qui ont grimpé avec succés les échelons de la hiérarchie et du pouvoir dans ce métier et se retrouvent donc à présent en position de chef, de commandant, d'oeil du Maître, de moi je sais, et qui prennent soudain très à coeur (comme si la survie de l'espèce en dépendait) de contrôler avec un zèle excessif le sérieux et le bien-fondé du travail de certains débutants dans la même branche, (pas forcément encore formatés, d'ailleurs, et c'est tant mieux) et qui (ces personnes) semblent avoir désormais complètement oublié qu'elles ont (bon d'accord c'était il y a longtemps) été elles aussi un jour des débutants, avec le droit à l'indulgence et à l'accompagnement (plutôt qu'à l'acharnement, à la suspicion, à la sanction. Ca, ça me fait mal. Et c'est en partie pour ça que j'ai -justement- refusé de grimper ces putains d'échelons. Qui suis-je pour juger, hein ?
Oui, je hais le pouvoir. Surtout quand il s'agit de ce pouvoir grenouille qu'on gonfle exagérément en espérant en faire un pouvoir boeuf.

dsc001751

Commentaires
P
Pour paraphraser Paul Virilio ("inventer le train c'est inventer le déraillement") : inventer le pouvoir c'est inventer la tyrannie.
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K
Je te suis à 100%. Avec le pouvoir, il ya toujours l'abus de pouvoir. Les gens qui aiment le pouvoir sont tous des malades dangereux. Aucun "dominant" n'en use à bon escient et je pense, dans les grandes lignes et en simplifiant, que c'est pour cela que le monde en est là où il en est…
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A
alors là, t'as l'air en colère !
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