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lieux communs (et autres fadaises)
23 juillet 2006

in the mood...

Purple_america_1_

Vous pensez bien que je ne me suis pas embarqué sans biscuits ! Pour moi le temps des vacances est aussi le temps de la lecture (= en profiter pour vider un peu l'étagère des livres "achetés ou offerts ou prêtés mais en tous cas pas lus" ) J'ai donc emmené comme d'hab une caisse de livres, avec un petit assortiment dans lequel figuraient trois ouvrages du même auteur, Rick Moody. respectivement un recueil de nouvelles (L'étrange horloge du désastre) et deux romans (Tempête de glace et Purple America).

J'avais découvert Rick Moody il ya quelques temps, avec un recueil de nouvelles qui, je ne sais pas pourquoi, dès sa publication, m'avait donné très envie de le lire : Démonologie. Alors que jusque là, je l'avoue, rien ne m'avait fait envie à priori chez ce monsieur. Comme je n'étais pas sûr, j'ai même eu la coquetterie d'attendre qu'il paraisse en édition de poche, puisque personne (soupir...) ne s'était décidé à me l'offrir.

Et là, plaf, la baffe! Je découvre un écrivain virtuose, un styliste incroyablement doué, trop même peut-être, puisque le bouquin me fait l'effet d'un catalogue où l'auteur montre qu'il est capable d'aborder quasiment n'importe quel style de narration au service de récits humains/trop humains qui me touchent à chaque fois (différemment en cela par exemple d'un mec comme Stephen Dixon, où la forme (le style)semble avoir complètement phagocyté le fond (l'histoire) ce qui m'agace un peu beaucoup) . Il y a aussi, en plus,  chez cet homme un goût pour l'enumération, la liste, trop récurrent pour ne pas m'être profondément aimable.

Ni une ni deux, à la Foire aux Livres suivante, je rafle tout ce que je trouve de lui (les 3 susdits donc, plus le dernier en date, A la recherche du voile noir, que je commence illico mais qui -déception- ne m'emballe pas suffisamment à mon goût. (Oui oui  parfois je me trompe...) Je range donc les autres en me disant "pour quand j'aurai le temps...".


Le temps donc de la vacance jolie étant venu, je les (re)mets dans ma  caisse de livres, et, à peine arrivé en Bretagne, je sors Tempête de Glace, que je dévore avec l'appétit d'un régiment de termites devant le plus appétissant  des monuments de bois (quel peut-il bien être, d'ailleurs ?) Je n'en fais que quelques bouchées, ça me ravit, en me demandant quel film le -plutôt prude- Ang Lee a bien pu en tirer car cette histoire de couples échangistes dont les enfants respectifs le sont aussi quasiment -c'est juste le point de départ- en fait ce que mon ami Pépin nommerait "un livre pour public averti". Avec toujours ce style dont je me délecte, et ces énumérations idem. (Dès la première page,d'ailleurs,  vous verrez un peu comme il s'y prend pour expliquer que son histoire est située dans les années 70...)

Donc, hop, plié bâché, exit l'Ice storm (en pleine canicule c'est plutôt rafraîchissant...) Je commence donc Purple America, qui est peut-être celui que j'avais le moins envie de lire du lot. Premier roman, 1992, résumé de quatrième de couv' pas très engageant... j'y vais, mais autant dire que je renâcle un peu. Comme les pieds dans l'eau de la Baie des Trépassés. Prudemment.

Et là, dès le premier chapitre, je suis sidéré, scotché, fasciné, retourné. C'est encore plus fort, encore plus poignant, encore plus osé que tout le reste que j'ai lu de lui. (C'est rare que je me retrouve avec les larmes aux yeux dès le premier chapitre d'un roman). Acide ? Il gratte tout de suite la plaie jusqu'à l'os, comme ça, d'entrée, mais sans misérabilisme ni voyeurisme. C'est juste, c'en est miraculeux.

Les protagonistes ? Billie Raitclife, une vieille dame invalide souffrant de sclérose en plaques, Hex, son fils, vieux-garçon alcoolo et bégayant venu s'occuper d'elle un week-end parce que son deuxième mari, Lou Sloane, vient de baisser les bras et de se faire la malle, et enfin Jane Ingersoll, un béguin d'enfance du fils. A priori rien de bien titillant là-dedans. Mais ça fait trois jours que je les suis, qu'ils m'accompagnent, et qu'à chaque fois Rick Moody réussit à me surprendre, à me faire sourire, à m'émouvoir, par cette précision extrême, cette ironie, cette poésie du désespoir, au fil de ces lignes virtuoses, des passages entiers que j'aurais envie de recopier (ou, -ce qui revient au même- que je suis jaloux de ne pas avoir écrit...)

Dès que je rentre à la maison, je reprends le Voile Noir... au moins pour essayer de comprendre ce qui m'y a déplu la première fois!

Commentaires
C
pas z'encore!<br /> mais dès que je peux, je lis "le script" du même, qui vient de sortir!
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T
alors ? tu l'as relu "le voile noir" ?!!!!
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