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lieux communs (et autres fadaises)
27 août 2006

après la guerre

Je viens de lire coup sur coup Laissées-pour-compte et Berg et Beck, tous deux de Robert Bober (dont j'avais lu il ya quelques années le très beau Quoi de neuf sur la guerre ? -sur les recommandations de mon amie Emma, alors jurée du Livre Inter- dont Michel Deville tira il n'y a pas si longtemps le non moins beau Un monde presque paisible (il me semble que le film n'avait pas reçu des critiques très enthousiastes, et donc il est de mon devoir de le défendre. Signé  le ZDFMA* Non finalement je viens de vérifier sur allociné, pas trop trop quand même mais bon...)

Dans Laissées-pour-compte, histoire de trois vestes racontées par elles-mêmes, (voui voui!) on est dès le début en terrain de connaissance(s), puisqu'on retrouve l'atelier de couture cher aux mémoires des lecteurs de Quoi de neuf sur la guerre ? Il est question de couture, de chansons (beaucoup), de théâtre, et bien entendu de la guerre et de ses suites. Comme toujours chez Bober, de la pudeur, de l'émotion, de la tendresse, (entre les cicatrices de la mémoire et les pansements de l'espoir), servies par une écriture simple et belle, serties dans un récit parfois un peu lâche (comme on parlerait d'un vêtement) aux entournures, qui finalement pourrait presque laisser le lecteur sur sa faim... J'ai beaucoup apprécié que l'auteur n'hésite pas à évoquer L'atelier, de Jean-Claude Grunberg, superbe pièce de théâtre, à qui son premier roman ne pouvait pas ne pas faire penser. Un clin d'oeil amical, un genre de rendons à César... ?

Berg et Beck , lui, sort de ce fameux  atelier (quoique...) pour nous parler de l'amitié de deux enfants juifs, dont l'un est déporté en 1942 et ne réapparaîtra pas. Son camarade, qui a pu se cacher avec sa famille pour échapper aux rafles antisémites, revient quelques années plus tard sur les lieux de leur enfance, et entreprend de lui écrire des lettres où il raconte, se raconte, lettres  auxquelles il n'attend pas de réponse, mais comme il l'écrit : "de toute façon, il faut que je continue de t'écrire et ce n'est pas parce que tu ne répondras pas que l'histoire va devoir se passer de toi.Gardons nous notre amitié."  Il est question d'étoiles jaunes, de Tom Sawyer, de coureurs cyclistes fameux (et de plusieurs Tours de France), de musiciens de jazz, d'accordéon, dans cet univers un peu chancelant de  l'après-guerre, où il faut se remettre à vivre, univers touchant dont sont désormais familiers les lecteurs de Robert B.

Joseph Berg et Henri Beck, l'histoire d'une amitié brisée par la guerre et la mort, nous dit encore une fois l'importance des souvenirs partagés et du devoir de mémoire, où Joseph, le survivant, devenu   éducateur d'enfants "en difficulté", est encore une fois confronté à la violence et aux trausmatismes qu'elle inflige, toujours en tentant de préserver le  souvenir de cet ami perdu. J'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux (les premières pages du livre, la "lettre blanche", les chaussures dans la vitrine...), comme toujours chez Robert Bober, tant ses récits à chaque fois me touchent durablement par leur justesse, leur pudeur, leur simplicité apparente, sous-tendue toujours par cette volonté de dire les choses, de témoigner, de garder des traces, car, comme disait un des personnages de Quoi de neuf sur la guerre ? "Sinon, qui s'en souviendra ?"

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(*ZDFMA : Zorro Des Films Mal-Aimés)

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