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lieux communs (et autres fadaises)
2 décembre 2006

qu'importe le flocon...

COEURS
d'Alain Resnais

Quand on ne reçoit plus d'affection, est-on désaffecté ?
Histoire(s) d'appartements et de solitaires, autour de six personnages : un agent immobilier (Dussollier),  qui vit avec sa soeur (Carré) et regarde les cassettes vidéo prêtées par sa collègue d'agence (Azéma), a pour cliente une demoiselle (Morante) qui cherche un appart à trois pièces pour elle et son fiancé (Wilson), lequel passe ses journées à boire dans un bar dont le barman (Arditi) engage comme garde-malade provisoire pour son vieux père acariâtre (Rich, en off) la collègue du début (Azéma, donc)...

Le film assume (j'avais écrit assure) sa théâtralité originelle : quelques lieux clairement définis et récurrents (l'agence / le bar / l'appart de Thierry Dussollier/ l'appart de Lionel Arditi / le studio de Nicole Morante)  où évoluent et se croisent -ils le feront quasiment tous- des personnages  un peu bavards avec des dialogues très (parfois trop ? oui oui je sais je ronchonne) écrits, dans des situations souvent frontales, mais heureusement tout cela filmé avec la petite touche magique de perlimpinpin d'Alain Resnais. La neige ici qui tombe, éternellement, fait écho aux asphodèles de l'Amour à mort, dont Coeurs serait un genre d'écho assourdi où l'austérité aurait pris quelques couleurs, où  la gravité aurait revêtu un instant le masque de l'apparente légèreté. Un instant, juste un instant. Pour mieux se résoudre à tomber le masque, in fine.

Le film se suit très agréablement, ludiquement, légèrement au début, jusqu'à une scène-clé, où toute la construction se cristallise, où les parti-pris du réalisateur se justifient, où la mise en scène prend littéralement son envol. Le second dialogue entre Lionel et Charlotte, où l'éclairage, au départ réaliste, de l'appartement, bascule soudain, où le décor s'efface tandis que l'échange continue, il neige il neige il neige, les flocons volettent autour de la table où sont assis ces deux personnages, oh ce plan superbe des deux mains dans la neige, jusqu'à ce que sans transition le réel (fictionnel) reprenne le dessus, comme on appuierait sur un interrupteur, lumière revenue, murs réapparus, masques sociaux remis en place. Toute la fin du film est très belle, toute la fin du film est à cette hauteur.

Histoires de méprises, histoires d'incompréhensions, histoires de séparations. Histoires de solitudes, ne tournons pas autour du pot. A chaque fois, repartir. Et le mot fin s'inscrit sur un écran de télé où il neigeait aussi.

18686674

(L'affiche hélas est assez laide, et c'est dommage).

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