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lieux communs (et autres fadaises)
8 décembre 2006

mezuza

MAUVAISE FOI
de Roschdy Zem

En sortant, je me disais "C'est exactement le film dont j'avais besoin ce soir", un truc doux qu'on prend plaisir à savourer (si c'était un yaourt, il serait "saveur biscuit") jusqu'à la dernière bouchée. Roschdy Zem, (malgré son nom inécrivable et imprononçable tout juste du premier coup) je l'appréciais déjà en tant qu'acteur, et voilà que je lui tire mon chapeau en tant que réalisateur.

Il est musicien, elle est psychomotricienne, ils s'aiment, elle est enceinte. Il faut l'annoncer aux familles respectives, et c'est là que les choses vont un peu se gâter (faut bien, sinon, y aurait pas de film, eh!)... Lui c'est Roschdy, elle c'est Cécile de France. (En tant que réalisateur, il n'a pas choisi la plus vilaine pour jouer sa fiancée, hein... Cette demoiselle -pour moi- a le don d'enjoliver tout ce qu'elle approche, par un genre de contamination de la beauté)

Il est arabe, elle est juive. Ce qui ne leur posait aucun problème jusque là semble constituer un écueil infranchissable pour leurs parents (surtout ceux d'elle). Tempête dans un verre d'eau ? En tout cas pas dans un bénitier, vu le contexte. Quand la religion s'en mêle, ça finit toujours par coincer tôt ou tard (plutôt tôt, d'ailleurs). L'intérêt de l'affaire c'est que pourtant aucun des protagonistes (tant du côté juif que musulman) n'est défini comme intégriste,  pur et dur, ou seulement pratiquant : Roschdy ne fait pas le ramadan, Jean-Pierre Cassel (le papa d'elle) dit à sa femme "il m'arrive d'être juif", en discutant occasionnellement un point théologique épineux, bref tous sont plutôt -et le reconnaissent- des dilettantes de la religion mais tous s'y réfèrent, ou se réfugient derrière :paravent, alibi, carcan, au choix...

Le duo initial est d'ailleurs plutôt un trio (non non, ce n'est pas Sérénade à trois) soutenu par le contrepoint de Pascal Elbé (qui a d'ailleurs co-écrit le scénario) en pote feuj, disquaire d'occasion (et qui n'en manque pas une -d'occasion- pour montrer qu'il est un peu gros lourd, mais terriblement attachant, lui-aussi.) Mais les autres rôles sont impecc' aussi (J'ai déjà parlé de Jean-Pierre Cassel en joyeux pédaleur, Martine Chevalier en maman juive sans les habituels  et excessifs stéréotypes villalonguesques, Leila Bekhti en frangine beurette fan de foot, Bérangère Bonvoisin en tantine un peu excentrique, Antoine Chappey -j'aime beaucoup ce monsieur- dans un petit rôle de pote divorcé ; comme dirait Téléramioche, "il faudait citer tout le monde"...) C'est ça qui est bien, on n'est ni dans La vérité si je mens, ni dans Devine qui vient diner ce soir : on est dans un quotidien, contemporain, réaliste. Les dialogues sont juste, sans en faire trop. Sur l'écran, on s'aime, on a du mal à se le dire, on s'engueule, on se réconcilie... Dans la salle on sourit, on pleure un peu, on est attendri, mais jamais on ne décroche. Et puis un film dont le message est "accepte-l'autre tel qu'il est" et la suite du message "et la religion tu mets ton mouchoir par dessus" ne peut pas être mauvais, et encore moins critiquable.

Inattaquable ? Oui, quelque chose qui aurait à voir avec le respect , et, en ces temps d'expulsions, de ségrégation, d'indifférence mutuelle, d'UMPisation, ça fait sacrément du bien.
Tous ensemble, tous ensemble, tous tous...

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