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lieux communs (et autres fadaises)
7 mars 2007

aphides

BUG
de William Friedkin

Mes amis Hervé et Dominique, qui l'avaient vu à Cannes, m'avaient prévenu : "C'est glauque." Je savais donc à quoi m'en tenir. Mais pas tant que ça... (ventre toujours un peu noué après coup)

Niveau 1 : La caméra subjective (mais l'oeil de qui ?) survole un motel pourri et s'en rapproche. Ambiance Oklahoma profond, climatiseur en panne, bourbon, clopes, lignes de coke, pour Agnes (Ashley Judd), une nana un peu paumée (après une tragédie personnelle) qui vit là. Sa collègue et amie, une serveuse lesbienne tatouée, lui ramène un soir  Peter (Michael Shannon), un mec un peu strange et sybillin au premier abord. Plutôt gentil, un peu paumé aussi : il voit des insectes (bugs) que personne d'autre ne voit. Le voilà qui s'installe avec Agnes. Copains!

Niveau  2 : Voilà le nid d'amour de nos tourtereaux redécoré avec force attrape-mouches et autres pièges et bombes anti-bugs. On n'a toujours pas vu  les bestioles en question, mais on on ne parle plus que de ça. Agnes, visiblement, est rentrée dans le jeu, le récit monte en pression, nos héros prennent de plus en plus les choses à coeur. Il est question de complot gouvernemental, d'expérimentations secrètes, d'insectes mutants qui pondent leurs oeufs sous la peau et qu'il faut exciser. Le ventilateur fait un bruit d'hélicoptères. On se scarifie (sacrifie ?) donc, on s'arrache quelques dents.

Niveau 3 : La chambre de môtel s'est transformée en décor de cheap science-fiction  avec du papier aluminium partout, et la lumière bleue froide des lampes anti-mouches.Ce qui se passe à l'extérieur devient presque abstrait. L'escalade du récit se poursuit, ça devient de plus en plus éprouvant (mais ce n'est pas du tout gore, juste délirant, au sens strict), on s'enfonce avec véhémence dans la paranoïa, pendant que,le récit continue son ascension fulgurante, et finit en apothéose, d'abord verbale puis calorifère. The end

Pervers, malsain, manipulateur, outrancier, comme d'habitude le travail de William Friedkin dérange, démange (c'est bien le moins qu'on puisse dire), déstabilise, divise,  (on pourrait en trouver encore pas mal d'autres dans le genre), mais ce qui est sûr et certain c'est qu'il y a là un évident et sacré beau travail de mise en scène, au service d'une histoire qu'on pourra trouver, au choix, invraisemblable, inquiétante, répugnante, oppressante, ridicule, ça dépend de l'humeur et de la sensibilité... Moi qui suis une petite chose fragile, j'avoue que j'en suis sorti assez partagé. Admiratif devant la technique, le savoir faire, mais un peu plus dubitatif (en retrait) quant au récit lui-même.
Ce récit est pour moi comme une fusée dont on serait passager : il s'agit s'abord de quitter l'attraction terrestre (1), puis de larguer le premier étage (2), avant, au terme d'une ultime et terrifiante poussée , d'une dépense d'énergie colossale, de larguer le dernier étage et d'exploser pyrotechniquement (3) .
Pour nous emmener où ? Bonne question...

18647135

(j'ai préféré mettre l'affiche américaine, graphiquement plus forte et surtout beaucoup plus juste que l'affiche française qui est à mon avis un contresens complet...)

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