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lieux communs (et autres fadaises)
22 mars 2007

hors-jeu

SUBSTITUTE
de Vikash Dhorasoo & Fred Poulet

Il y a des films, comme ça, que, sans raison particulière, on a très envie de voir. Pourtant je ne m'intéresse pas du tout au foot, encore moins à la Coupe du monde, je ne connaissais pas le réalisateur, mais, je ne sais pas, je voulais voir ça, c'est comme ça.
Voilà, c'est fait, et c'est vraiment un drôle de machin. De par la durée (1h10 à peine). De par le thème (autoportrait d'un joueur qui ne joue pas). De par les moyens (super 8). C'est, comment dire, mal foutu ? minimal ? brut de décoffrage ? rustique ? En tout cas vachement attachant.
Vikash Dhorasoo a une bonne tête (il me fait penser à Prince avec de la barbe. -plus ou moins selon les jours d'ailleurs-) Il fait  partie du groupe de 23 gars (on verra très très peu les autres) embarqués dans l'aventure coupedumondesque, aventure que lui passera - pour des raisons qu'on ne connaîtra ni ne comprendra vraiment- assis sur le banc des remplaçants, ou enfermé dans sa chambre d'hôtel, malheureux de cet état visiblement, mais se faisant une raison.
Il n'aura joué qu'une dizaine de minutes lors des éliminatoires (remplaçant Zidane sous les sifflets et les huées) et puis plus rien. Ce qui laisse le temps de réfléchir, de s'introspecter, de se tirer sur l'élastique (au choix), d'autant plus qu'il est équipé de deux caméras super8 (et d'un magnéto) que lui a filé son copain Fred Poulet. Il filme donc, se filme, l'image est pourrie, y a du grain, mais qu'importe, on l'écoute se parler, on le regarde se regarder. C'est touchant parce que presque agaçant, fragile parce que malhabile. Adroit parce que gauche ?
Mais ça se complique juste un poil niveau filmage puisque le pote Fred est là aussi, régulièrement, pour filmer Vikash en train de filmer (ou de ne pas filmer) : l'intime et le public ? il s'agit plus alors d'une conversation plus que d'un monologue. Certains attendaient Godot, lui juste attend de rentrer sur le terrain. Comme dans le film de Panahi, les matches, on ne les verra pas (on n'est pas dans les yeux dans les bleus) et la majorité des spectateurs en sera comme Vikash : frustré(s).
Oui, on aimerait bien l'avoir pour pote, ce mec, on aurait envie de le connaître davantage (car le portrait, paradoxalement, reste très en surface, prudent, discret, on reste un peu sur sa fin.) L'expérience du spectateur est à l'image de celle que Dhorasoo a vécue : minimale, répétitive, quotidienne, routinière, vue à travers l'objectif de la caméra avec laquelle il s'ausculte dans les miroirs (une très belle scène dans une chambre d'hôtel.)
Mis à l'écart, mais pas vraiment, présent/absent, il se console comme il peut.
Soixante-dix minutes, c'est long mais c'est court (ou le contraire)
Pourtant il y a dans cet exercice de style une poésie indiscutable, sans qu'on puisse très bien expliquer pourquoi. Attendrissant ? (alors là si on m'avait dit qu'un jour j'utiliserais cet épithète pour qualifier un joueur de foot...)
Un vrai objet de cinéma (et de curiosité)

18736478

(ajouté après-coup : mais ne serais-je pas ici sur ce blaugue en train de faire la même chose , de me regarder en train de me regarder en train de ne pas jouer, en me disant que non non j'en veux pas au sélectionneur, il a sans doute ses raisons, oui de bonnes raisons...)

Commentaires
C
Adroit parce que gauche...ça faisait longtemps que je n'étais pas venue te lire, je me demande bien pourquoi en trouvant des pépites pareilles (eh...je connais le tonton de Vikash moâ)
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