hors-champ
HONOR DE CAVALLERIA
de Albert Serra
C'est bien que cette chronique vienne juste après celle de Substitute, car les deux films ont plus d'un point commun :
- ils ont été projetés tous les deux cette année au festival EntreVues de Belfort
- je n'ai pu en voir aucun des deux alors
- ils ont été primés tous les deux
- ils appartiennent tous deux à la catégorie FQONPPPI (Films qu'on ne pourra pas passer ici)
- et, last but not least, il se trouve que Substitute est à son sujet (la Coupe du monde de fout') ce que Honor de cavalleria est au sien (l'histoire de Don Quichotte) : une vision pour le moins atypique, parcellaire, périphérique (ou excentrée ?) -Encore une fois je dois reconnaître ici publiquement que mon ami Hervé avait une fois de plus raison (si ça continue je vais être obligé de lui faire tout le temps aveuglément confiance!) : bref, c'est beaucoup trop pointu!- (à mon goût)
Pendant le film, j'avais des adjectifs qui tournoyaient dans la tête : extrémiste, ascétique, rigoureux, minimaliste, austère... qui, à la longue, ont hélas fini par se cristalliser en un unique mot : chiant. C'est une version de Quichotte qui n'a gardé que le squelette, voire l'ombre du squelette, voire la poussière de l'ombre du squelette du roman de Cervantes. Un peu comme si on adaptait Vingt mille lieues sous les mers en ne gardant que le Capitaine Némo qui regarderait un poisson rouge tourner dans un bocal.
Quichotte et Sancho, un cheval et un âne, des herbes, des arbres, et c'est à peu près tout. Si si! Au début on est assez fasciné, et puis l'intérêt s'étiiiiiiiire se délite se ratatine ; il ne se passe rien, rien de plus. Ils marchent, ils se baignent, ils mangent des noix, ils cheminent, ils dorment, ils cheminent, et ça continue, il ne se passe toujours rien de neuf (excepté le fait qu'on regarde de plus en plus fréquemment sa montre, qu'on baille, qu'on se tortille sur son siège,en se disant que Straub et Huillet, à côté, c'est carrément les Folies Bergère!) Passent des personnages annexes dont on ne comprend ni la fonction, ni l'utilité. A la fin, il dit qu'il va bientôt mourir et demande à Sancho de dire oui. Et Sancho dit oui (et le spectateur dit Ouf!)
Les critiques de Libé et de Télaramioche n'ont pas dû voir le même film (ou bien en sont peut-être sortis au bout de dix minutes : à ce moment-là, on est encore relativement passionné.) On pourra dire tout le mal qu'on voudra à propos de Substitute (que, personnellement je continue à défendre), mais au moins, il a la modestie de ne durer que 70 minutes!