Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
20 mai 2007

affaire classée

ZODIAC
de David Fincher

Bon, après m'être gaufré mercredi soir donc, j'ai persévéré, et j'ai fini par le voir (film hélas en VF mais c'était ça ou rien). Là où (c'était dans la même salle) LA FAILLE avait eu tout faux, eh bin notre ami Fincher, il a tout juste.
Et pourtant. Un film de plus de deux heures et demie qui raconte la traque d'un serial killer (syndrome "basé sur des faits réels") dont on vous prévient qu'il n'a jamais été arrêté, a priori ça refroidit un peu, et on se demande ce qu'il va bien pouvoir nous raconter pendant tout ce temps-là. C'est compter sans la patte du réalisateur. L'important, ça n'est pas la simple résolution de l'énigme et le dévoilement de l'identité du meurtrier à 10 secondes de la fin comme on sort un lapin d'un chapeau, non non, l'important, c'est l'enquête elle-même, qui s'étire tout de même sur plus d'une dizaine d'années.
Trois mecs sont sur la piste du tueur : un flic (Mark Ruffalo), un journaliste (Robert Downey Jr) et un jeune dessinateur de presse (Jake "Je n'arrive jamais à écrire son nom"). Tueur qui opère à visage découvert (mais bon ses victimes ne sont plus en état de faire son portrait robot, hein?), qui tue des couples (mais toujours un peu plus la dame que le monsieur), sème des indices (vrais ? faux ?) envoie des lettres et des messages codés à la police, se fait mousser en la ridiculisant (la police), et assassinera un nombre de victimes assez impressionnant (qu'on ne pourra jamais déterminer avec précision : la fourchette est entre 30 et 300).
On verra trois meurtres dans le film (plus le début d'un autre) :  pas de raffinements pervers à la Se7en (Fincher s'est assagi sur le coup, mais je regrette toutefois, le fabuleux générique par exemple - qui est pour moi un des plus beaux génériques de tout le cinéma -) ici, juste du basique : flingue, couteau, du solide quoi! Mais, là non plus, l'important n'est pas là.
Fincher sait donner une épaisseur humaine, une densité véritable, à ses trois personnages principaux (et les acteurs qui les incarnent méritent un coup de chapeau - en ce qui me concerne j'aurais plutôt un faible pour le flic, Mark Ruffalo, déjà apprécié dans le Campion (In the cut) et le Gondry (Eternal sunshine), ici joliment frisé  avec rouflaquettes seventies (le film est d'ailleurs une reconstitution chiadée de cette époque lointaine et révolue : pas de portables ni d'ordinateurs, les mecs fument comme des pompiers, bref : le bonheur) compose un flic basique, genre Columbo mais en plus jeune.
Il y a aussi, pour éclairer un peu cette virile et brune trilogie, le contrepoint de la blondeur toujours aussi angélique de Chloé Sévigny, qui joue la femme de Jake. (cette demoiselle a un visage qui me bouleverse, c'est comme ça)
On suit chronologiquement l'histoire (depuis le premier meurtre "officiel"), avec des notes de bas d'image qui nous précisent le temps "une heure après" "une semaine plus tard" "quatre ans et demi après", au fil d'une action qui monte progressivement en pression et en tension (fausses pistes, soupçons, coups de fils anonymes, détails négligés, recherches obstinées, rebondissements et re-rebondissements (jeu fascinant du c'est lui c'est pas lui mais c'est lui en fin de compte mais non mais si ), recoupements hypothétiques,  déductions faussées,on aura droit à tout, sans qu'à aucun moment on ne décroche. Le film se scinde en deux grands blocs : le temps de l'enquête "normale" qui fait chou-blanc, puis le moment où le dessinateur de presse reprend le dossier - qui a été abandonné -  à son compte pour tenter seul de résoudre l'affaire.
Non seulement c'est passionnant, mais en plus c'est vachement bien filmé (mais ça, on le savait déjà, que Fincher était un cinéaste doué) avec un brio sans tape-à-l'oeil,sans esbrouffe. Tout ça est filmé "simplement" (mais je garde par exemple un souvenir ému de certain plan survolant rigoureusement à la verticale et de plus en plus près un taxi jaune (après Seven, voila Height ?) ou encore d'une certaine visite de cave "il n'y a pas beaucoup de caves en Californie..." où l'on ne sait plus si on doit rire ou hurler), efficacement, virtuosement. Du travail de pro.

18681427 18761684

Commentaires
C
Pour Se7en, c'était justifié, je trouve que le film est effectivement glauque. Alors que là, tu peux y aller sans souci... En tout cas, je suis content je si je peux inciter quelqu"un(e) à aller au cinéma!<br /> :o)
Répondre
S
je suis une petite joueuse : 7 m'avait fait trop peur (certains films me stressent jusqu'au malaise) mais j'ai bien envie d'essayer celui-là. Tu devrais toucher une commission sur mes tickets de cinema!
Répondre
K
Entièrement d'accord au sujet du générique de Seven. Il m'avait aussi beaucoup marqué. Un travail graphique exceptionnel.<br /> Jake… c'est Gilenhal phonétiquement (et Gylllenhaal avec la bonne orthographe). ^^
Répondre
I
tout à fait Ok avec ta critique, super bien écrite, et hop je te mets dans mes favoris ;-)<br /> ici aussi, gros faible pour MArk ;-)
Répondre
D
ça donne envie d'aller le voir... mais je crois que je devrai attendre la sortie en location...
Répondre
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 511