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lieux communs (et autres fadaises)
24 mai 2007

auprès de mon arbre

APRES LUI
de Gael Morel

Aïe! Je sors de la salle, dubitatif. Pourtant j'avais envie de l'aimer, ce film de Gael Morel. Au nom des Roseaux sauvages, de clic clic entre pédés on est copains, du capital sympathie qu'il génère. Au final, pourtant,  le sentiment d'un certain naufrage.
Point de départ casse-gueule, scénar flottant, dialogues par moments à chier (réussir à faire jouer faux Deneuve, faut le faire quand même!), maladresses narratives, approximations stylistiques... Oui, c'est ça, on est presque toujours dans le "presque". Déjà, le sentiment pénible (est-ce l'effet Deneuve + jeune homme ?) d'être presque dans un film de Téchiné, presque dans une étude de cas, presque dans un film sur le deuil. Comme si, pétrifié d'admiration pour son actrice, Gael Morel avait voulu élaborer un somptueux costume sur mesure tout exprès pour la Reine Catherine et ne lui avait finalement  taillé qu'un petit tailleur étriqué.
C'est l'histoire d'une dame qui, après avoir perdu son fils dans un accident de voiture, se rapproche de (se polarise se focalise sur) son meilleur ami (meilleur ami de son fils) qui est aussi -arghh!- celui qui conduisait la voiture qui percuta l'arbre qui coûta la vie au fils en question. On suit donc plusieurs pistes : le deuil, la douleur, la folie, la reconstruction, l'amour peut-être, (tout en regrettant  -sincérité oblige- que le côté homo soit complètement gommé du récit) dans un élan à la fois fiévreux et, paradoxalement, retenu. Comme si le réalisateur se cantonnait juste à la surface, ne faisait qu'effleurer, survoler, sans vraiment oser s'abîmer corps et âme dans le gouffre noir de la douleur. On a donc une suite de scènes, certaines qui fonctionnent et d'autres moins, certaines qu'on comprend et d'autres moins, certaines qui mettent mal à l'aise (on frôle parfois les limites du grotesque, je pense aux scènes avec l'arbre) et d'autres qui sonnent juste, et, par là même, touchent.
Car il y a des  quelques moments beaux, peut-être justement ceux où Gael Morel bouge à peine le projo qui donne pleins feux sur son héroïne dans tous ses états : Deneuve dans sa librairie, Deneuve à la fac, Deneuve au concert de rock, Deneuve et son arbre, Deneuve et le scooter...) et s'aperçoit alors qu'il y a d'autres personnages autour d'elle, qu'ils existent et qu'ils ont eux aussi le droit de vivre et d'avoir une épaisseur dramatique : le jeune premier Thomas Dumerchez, joli mal rasé tatoué à gueule d'ange, Guy Marchand en ex, Elli Medeiros en frangine, Luis Rego en papa, Elodie Bouchez en fille aînée sont un peu injustement sous-exposés, parfois juste esquissés, et c'est dommage...
Je ressassais tout ça en sortant de la salle, et je suis quand même allé lire sur allociné ce que disaient les critiques... Surprise, c'était plutôt bon, voire très bon, dans l'ensemble. Dithyrambe et ronds-de-jambes. Ah, ciel, deviendrais-je un vieux con insensible et irascible ? Un peu rassuré heureusement sur mon intégrité mentale en lisant la critique de Libé et celle des Cahiais (tiens tiens, pour une fois...), j'ai le sentiment que j'ai vu le même film qu'eux...
Ouf, merci docteur!

18765061

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