carpe diem
Il reste de l'argent. C'est ce que m'a dit Pierre l'imprimeur des bozarts, quand je suis arrivé le matin. Pour ne pas gâcher l'encre, j'ai donc entendu sa suggestion muette de réaliser une carte postale, et, farfouillant dans mon carnet, j'ai proposé "écrire occupe".
Ce matin-là, il n'y avait -au début- personne d'autre à l'atelier, et, bien entendu, une carte en a appelé une autre, puis une autre, et finalement, le stock de papier que Pierre avait préparé (des excédents d'un autre projet) n'a pas suffi, et c'est une série de treize cartes qui a été réalisée!
Après "écrire occupe", il y a eu "aimer affecte", puis "vivre saoule", "bosser stresse", et je vous laisse découvrir le reste...
J'étais parti sur l'idée simple d'utiliser à chaque fois deux verbes, qui devaient se trouver en corcondance (sens, assonnance, registre...), et j'ai dû quelques fois avoir recours au dictionnaire des synonymes (pour mon bonheur, car, par exemple c'est ainsi que aimer affecte a (heureusement) remplacé aimer perturbe prévu initialement, car les dimensions des cartes et la taille des caractères ne m'autorisaient que des mots d'une certaine longueur.
Je suis parti tôt, vers seize heures et quelques, laissant Pierre imprimer seul les deux dernières ("parler coûte" et "créer expose"), car sinon j'aurais été obligé d'attendre bien plus longtemps. Pourquoi ? Parce que le jeune homme au tee-shirt blanc (anciennement connu sous la dénomination etc...) devait passer en toute fin d'après-midi son diplôme, à 17 heures, et que je n'étais pas sûr que ma présence lui soit vraiment utile. A quoi aurais-je bien pu lui servir, hein ?
(Hmmm je l'avoue certaines ont peut-être un peu été conçues en pensant à lui, surtout qu'il n'arrêtait pas de passer et repasser à l'atelier en attendant l'heure du diplôme, pour aider et soutenir ses copines, dont une notamment qu'il a gratifié d'un petit massage d'épaules câlin - elle était accroupie en train d'encoller son mémoire- qui m'a comme qui dirait touché moi aussi...)