bijouterie
7H58 CE SAMEDI-LA
de Sidney Lumet
Le titre original avait quand même plus d'allure : Avant que le diable sache que tu es mort, non ? Un film malin, justement (trop, peut-être ?) qui commence avec un mec dans un lit et se termine par le même mec dans un autre lit, mais dans une situation sensiblement différente. Entre temps, on aura eu un hold-up (foireux et foiré), une mort à l'hôpital, des coups de flingue (beaucoup) et des morts violentes (autant), de l'argent, des diamants, un chantage, une vengeance... la routine du polar se dit-on ? Pas exactement. Un engrenage à la Highsmith, où combien un "simple" hold-up peut faire basculer de vies, dans un effet de contamination proprement implacable.
Une construction astucieuse, au départ un peu comme si l'histoire était racontée en 3D, on en voit successivement le même évènement sous différentes facettes, dans une structure en étoile où l'on prend le temps de revenir en arrière pour voir ce qui se passe derrière ou de l'autre côté. Sous toutes les coutures (ou du moins, plusieurs, les angles de prise de vue pour une même scène étant également multiples.)
Le sommet de l'iceberg est donc ce fameux braquage du samedi matin, mais en dessous y a du monde! Une implacable et quasi-racinienne tragédie familiale se noue (ou plutôt se résoud), jusqu'à culminer dans une scène un peu too much à mon goût mais qu'importe. (Albert Finney n'en ferait-il point trop ?)
Philip Seymour Hoffman est, une fois de plus, impeccable (impérial) dans un personnage à facettes (autant que les boules du même nom) complexe comme il semble les affectionner. On lui donnerait le bon dieu sans confession, au début, à ce gros jovial à lunettes et bedon... Et pourtant, et pourtant!
La progression dramatique est inexorable, il serait vraiment question ici d'engrenage (et de la façon dont on peut y laisser les doigts, et la main, et le bras, et tout le reste), chaque action en appelant forcément une autre, en réaction, dans un effet ribambelle ou chute de dominos, au choix. Bon, à la fin, il y en a quand même peut-être un qui s'en sort bien...
Lumet, ce vieux renard, réussit encore une fois à nous happer, avec ce qu'on croit n'être au départ qu'une nième histoire de hold-up de plus ,et à nous (dirait téléramuche) tenir en haleine avec son jeu de massacre en famille jubilatoire.