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lieux communs (et autres fadaises)
7 novembre 2008

combat de coqs

KHAMSA
de Karim Dridi

Le titre s'est imposé de lui-même. Car si c'est une des préoccupations des protagonistes du film, c'est aussi une métaphore idéale pour ces affrontements permanents entre arabes et gitans qui constituent la base du film. Khamsa, le jeune héros du film, c'est aussi Marco, qui se trouve tiraillé des deux côtés en même temps, puisqu'il est gitan par son père et arabe par sa mère. Au début du film, il revient "chez lui", chantonnant au bord de la route. Chez lui ? disons qu'il vient encore une fois de fuguer du foyer où il est placé, et revient pour voir sa famille. Sa famille ? Plus de mère, un père alcoolo et ferrailleur (Simon Abkarian, vraiment très impressionnant...) une belle-mère qui ne veut ni le voir ni le laisser voir ses frères et soeurs, et, (surtout ?) une grand-mère, que visiblement il aime énormément mais qui ne tient plus à la vie que par un maigre souffle...
Alors Marco va voir ses potes, et les potes de ses potes, et se démène pour survivre... Vols de sac à main à l'arraché, petites combines (il faut bien s'acheter des baskets) avec, derrière, un vague espoir de s'en sortir ("On va gagner les combats de coqs, et avec la thune on ira en Espagne..."), et, encore plus irréaliste, un voeu d'intégration, de "normalisation" : Marco voudrait être boulanger...
Le film a la force de l'urgence. Karim Dridi a filmé tout ça en décors naturels, dans le vrai camp, avec les vrais gens (beaucoup jouent leur propre rôle ou quasiment). C'est fort, âpre, brut, brutal, inondé de soleil (et de bière). Pas de temps pour l'attendrissement ou la pleurnicherie. Une histoire en flux tendu, un portrait sans concession (le jeune Marco, qui joue Marco, est tout simplement extraordinaire), où l'on est sans cesse  emporté de l'avant par un genre d'incroyable énergie. Portrait de "déshérité(s)" en battants magnifiques. même si le combat est, finalement,  dérisoire, et son issue connue d'avance. C'est seulement en sortant de la salle que je me suis soudain arrêté et un peu fondu en larmes.

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