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lieux communs (et autres fadaises)
11 février 2009

chérie je me sens rajeunir

L'ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON
de David Fincher

La vie à l'envers... J'ai été étonné de découvrir au générique qu'il s'agissait de l'adaptation d'une nouvelle de Fitzgerald, je pensais qu'il s'agissait plutôt de la nouvelle de Ballard Régression, découverte il y a longtemps dans l'extraordinaire anthologie Territoires de  l'inquiétude due à Alain Dorémieux, compilation de véritables merveilles, maintes fois lues et relues (trois textes de Ballard, trois de Disch, deux de Matheson, un de Sturgeon) nouvelle qui m'avait à l'époque fort impressionné, et se terminait par ces mots sybillins Avec bébé, ça fait un.
J'ai donc vu le film, hélas, en VF dans le bôô cinéma, ce qui a peut-être d'ailleurs influé sur mon jugement (je l'ai trouvée plutôt lourdingue). L'histoire, donc, est troublante, celle d'un amour entre une femme normale (bon, c'est Cate Blanchett, tout de même) et un homme qui vit à l'envers (en rajeunissant chaque jour, Brad Pitchounet...). Les effets spéciaux sont là, d'un bout à l'autre, parfois véritablement époustouflants (faire vieillir quelqu'un au cinéma, ça , on connaît, mais le faire rajeunir, alors ça, chapeau!), la structure narrative est habile (l'histoire est lue, de nos jours, par une jeune fille à sa mère mourante, dans un hôpital, tandis que se prépare un cyclone) et le traitement est very ricain : des moyens, visiblement beaucoup de moyens, pour une reconstitution très soignée, une fresque romanesque échevelée, une histoire d'amour grandiose, bref un grand spectacle pour grand écran, avec son flot de lyrisme (et parfois sa guimauve), ses méandres, sa voix off, ses digressions, ses histoires dans l"histoire (l'histoire de Monsieur Gâteau, l'histoire de l'homme foudroyé sept fois, l'histoire du taxi et de la dame en retard) ses séparations et ses retrouvailles...
J'avais dans la tête, au début, le mot folklorique, en sachant que ce n'était pas exactement le bon. Puis sont venus cliché (pas tout à fait juste non plus) et chromo (qui, lui,  conviendrait presque...) Vous savez bien, le genre de scènes d'époque, avec des couleurs d'époque, des lumières d'époque, des accessoires d'époque, où rien absolument rien ne manque tellement pas à la reconstitution que ça en devient presque agaçant. C'est si léché que ça en devient trop lisse, si aseptisé (je pense surtout à toutes les scènes de bateau, à mon sens beaucoup trop propres...) que ça en serait presque insupportable.
Pour rester dans les métaphores maritimes, le film prend la mer aux couleurs du mélo (la mère morte, le bébé abandonné, le père repenti, la nourrice au grand coeur...) puis bifurque (cabotine ? ) vers la chronique d'apprentissage (l'alcool, le bordel, le remorqueur, la guerre...), avant de prendre son rythme de croisière de Quand Harry rencontre Sally... pendant cinquante ans, dont il suffirait de peu, de temps en temps, pour que les scènes basculent dans le grotesque mais que le réalisateur parvient (presque) toujours, in extremis, à tirer du bon côté.
Les effets spéciaux, sont, je l'ai déjà dit, assez bluffants. Le générique en boutons est assez rigolo, et l'affiche plutôt très laide. Voilà. On n'est pas forcément aussi content qu'on pourrait l'être, mais on ne saurait dire exactement pourquoi. Euh, qu'est-ce que j'ai encore fait de ma tétine ?

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