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lieux communs (et autres fadaises)
13 mars 2009

la tête dans le sac

WELCOME
de Philippe Lioret

J'aime bien le cinéma de Philippe Lioret (et non pas Loiret comme j'ai entendu une jeune journaliste étourdie le prononcer...). Il y a la quelque chose d'intime, de sincère, de pudique, bref d'humain, comme j'aime. Et celui-là ne faillit (??) pas à la règle... J'y ai pleuré, plusieurs fois, au milieu, et bizarrement pas à la fin. Mais c'est un film qui reste longtemps dans la tête et dans le coeur, comme un sentiment diffus, une petite rythmique obstinée qui prendrait tout son temps pour redescendre à marée basse.
Un maître-nageur (Vincent Lindon, idéalement bourru mais virilement fragile, enfin, bref, encore une fois parfait pile-poil) vient en aide à un jeune Irakien qui veut traverser la Manche à la nage pour aller rejoindre sa bien-aimée.
Un maître-nageur en train de divorcer (ou de tenter de cicatriser une déchirure conjugale visiblement pas tout à fait désinfectée) et qui tente, peut-être, par ce biais, de reconquérir sa belle, une prof qui fait aussi dans le bénévolat humanitaire (elle distribue avec d'autres de la nourriture aux réfugiés de tout poil (!!!) qui viennent se casser le nez à l'entrée du port de Calais où  tombent en miettes leurs rêves britanniques et s'en font impitoyablement refouler.
Un maître-nageur jusque là sans souci qui va soudain mettre le nez dans la réalité assez nauséuse de la vie de ces sans-papiers, y tomber de haut et profond, et plonger à corps perdu dans une aventure humaine qui au départ le dépasse.
Car c'est bien d'humanité dont on parle. De chaleur humaine, de relations humaines, de proximité humaine.  Dans un monde où on s'aperçoit soudain qu'on peut être puni par la loi simplement parce qu'on a aidé son prochain. Dura lex sed lex ? voire...
Le réalisateur a l'extrême élégance de filmer  des personnages toujours en demi-teinte, personne n'est ni tout noir ni tout blanc, ni le maître-nageur au (soudain) grand coeur, ni le sans-papier qu'on héberge (mais qui a besoin de liquidités) , ni le flic en apparence "zélé" (mais qui réussit à nous sous-entendre que...), ni le jeune tourtereau (qui ne veut pas entendre la vérité...), etc.
Sur fond de plage grise et froide, de crépuscule crachineux, de voisins prompts à dénoncer, de vigiles "qui ont des ordres", bref, d'un monde  étrangement proche de celui dans lequel on est plongé jusqu'au cou, où le "welcome" paraphé sur un paillasson n'est plus qu'un mot vide de sens, un sourire fallacieux (faux-derche serait plus juste), une formule de politesse désuète et illusoire...

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