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lieux communs (et autres fadaises)
14 mars 2009

"nous sommes tous dans ces voitures..."

L'AUTRE
de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic

Ce récit à quatre mains est comme enchassé entre deux séquences proprement sidérantes : la première, celle qui l'ouvre, est un ballet de lumières (nocturne, muet) qu'on n'identifiera qu'au bout d'un certain temps, et le seconde, qui le clôt, un bouleversant (parce que très simple) monologue de Dominique Blanc, sur fond d'humanité encore une fois nocturne. Entre les deux ? Deux coups de marteau (enfin, le même répété deux fois, le film comme ouvre et ferme des parenthèses), et l'histoire d'une femme qui dit à l'homme qui l'aime qu'ils devraient arrêter de se voir, qu'il devrait aller voir ailleurs, et qui, à partir du moment où l'homme en question lui annonce qu'il a rencontré quelqu'un, va n'avoir de cesse de savoir qui, et se mettre compulsivement (et maladivement) à la recherche de cette autre, qui lui ressemble, qui a le même âge qu'elle, qui lui a succédé, qui, au sens strict, a pris sa place... Oui, qui l'a remplacée.
Dominique Blanc (oh que je l'aime cette dame...) a amplement mérité son prix d'interprétation à Venise, tant elle est l'axe omniprésent autour duquel tout s'articule, tout s'agence, tout prend forme, puisque, par définition elle en est à la fois le centre et la périphérie, celle qui cherche et celle qu'on cherche, un genre de ligne d'horizon obsessionnelle, de point de fuite, d'asymptote. Avec un personnage peut-être très tourmenté, mais joué très simplement, sobrement, calmement. Il s'agirait ici plutôt de sous-jouer que l'inverse.
Attention, on n'est pas dans Liaison fatale, on serait plutôt, le plus possible, dans la réalité, la vraisemblance. Ou presque. Quelque part entre folie et fantastique. J'ai pensé (je ne saurais pas dire exactement pourquoi) plusieurs fois au très beau Vendredi soir de Claire Denis, et d'autres fois (les scènes du miroir et du papier-journal) à la claustrophobie finale du Bug de Friedkin. mais ce qui est certain c'est que les réalisateurs ont un univers aussi personnel (avec lequel, en ce qui me concerne, je suis totalement entré en résonnance) qu'extrêmement élaboré.
Un film essentiellement nocturne mais plein de lumière, de lumières. Lumières urbaines, phares, enseignes, lampadaires, balises, lumières de c'est beau la nuit une ville qui palpite, baignées souvent (la bande-son est superbe) de liquidités electroniques. Et cette femme qui marche sans fin, perdue dans la nuit, perdue dans sa nuit..

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