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lieux communs (et autres fadaises)
28 mars 2009

"pas de femme, pas de troupeau"

TULPAN
de Sergey Dvortsevoy

Mon problème principal avec le cinéma kazakh, c'est que tous les jeux de mots possibles avec yourte ont déjà été faits. L'autre problème, c'est que je ne suis pas certain que ce cinéma-là, je veux parler du cinéma ethno, soit véritablement ma tasse de thé... Sur la durée, tout du moins. C'est sûr qu'on ne peut a priori éprouver que de la tendresse pour ce cinéma fait avec trois bouts de ficelles (de yourte ?) , rustique, aussi "nature" que  "naturel", brut de décoffrage, où le bruit du vent prend autant d'importance que les dialogues (qu'il couvre aussi d'ailleurs de temps en temps), où la steppe est pelée, l'horizon quasiment circulaire et les tempêtes aussi violentes que fréquentes (si j'évoque les paysages mêêêrveilleux, certains vont dire que je me moque, mais pas du tout, je vous assure qu'il me reste au fond de l'oeil certain plan d'orage lointain plutôt superbe et surtout garanti 100% authentique).
Voilà pour le décor. L'intrigue est, comme disait mon amie Dominique à la sortie, plutôt mince (pour avoir son propre troupeau, Asa doit avoir une femme, mais pas de bol, Tulpan, la seule disponible à des kilomètres à la ronde, ne le trouve pas à son goût, à cause de ses oreilles... Pas de bol!) et donc le film se concentre sur (et nous narre par le menu) le mode de vie de ces bergers nomades, avec ses traditions plus ou moins rigolotes et ses passages obligés (la "visite chez les beaux-parents", le rentrage du troupeau à cause de la tempête, les engueulades avec le beau-frère, le pressage des points noirs par le fiston qui récite les infos radio, le démontage de la yourte, le chameau qui pleure -si si!-, et, surtout, deux accouchements de brebis à mains nues et quasiment en temps réel, dont l'un avec bouche à bouche avec agneau mort-né qui a fait détourner les yeux à l'affreux occidental petit-bourgeois que je suis...)
Oui, on ne peut qu'être attendri par ce cinéma-là, même si on trouve ça parfois un peu longuet et mal fichu, mais il y a là-dedans, indiscutablement, une sacrée belle énergie, qui, comme la tornade  dans le film, soulève tout sur son passage...

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Commentaires
C
C'est vrai que j'avais oublié que le papa s'occupe doucement du bébé en même temps, mais bon c'est vraiment des points noirs, non ? (et en plus, il les lui montre à chaque fois triomphalement...)
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J
Je l'avais vu à Lille la semaine passée et suis sorti tellement heureux que je suis tout déçu que tu n'aies pas plus aimé que ça.<br /> Tu es chié de résumer cette scène du massage du bébé par le père qui se fait lui même prendre soin de lui par son plus grand fils par une séance de points noirs…<br /> Et tu n'as pas dit ce que j'ai ressenti de "palpable" dans ce film et que tu ne peux pas ne pas avoir vu : cette touchante maladresse d'une caméra qui parfois demande si elle peut se mettre là, pas trop près, pour pas gêner, pour regarder avec autant de tendresse que de pudeur ces tout petits riens qui façonnent une vie. Ténue et mince, comme le sont tant de destins, mais volontaires, tenaces et aimants. Asa et la simplicité de son rêve m'ont plus ému que bien des intrigues.<br /> Et oui, les paysages traversés d'étranges climats sont absolument beaux comme cette affiche qui remet l'homme à sa (juste) place…<br /> Ne détourne pas les yeux.<br /> Sourire<br /> Bon week end.
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