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lieux communs (et autres fadaises)
7 novembre 2009

"vous m'aimez, alors ?"

LES HERBES FOLLES
d'Alain Resnais

Celui-là, j'en avais vraiment très envie. Je ne sais pas pourquoi. (Je gardais de Coeurs un souvenir mitigé). Peut-être le nom de Christian Gailly au générique, à nouveau, peut-être la nonsensique bande-annonce, peut-être l'affiche, vraiment superbe (c'est rare qu'une affiche me fasse comme ça de l'effet, a priori). Toujours est-il que j'y suis allé dès la première séance.
Les herbes folles est un film riche, un film élégant, un film touffu, un film brillant. "Ca, c'est du cinéma!" comme a dit Titi, un ami, en sortant de la salle. A partir d'une histoire simple ("man meets woman"), Alain Resnais nous donne -malicieusement- une vraie belle leçon de cinéma. Il joue, avec les personnages, avec l'histoire, avec les dialogues, avec les effets (qu'il ne ménage pas, d'ailleurs... Ou bien si, au contraire ? voilà que j'en perds mon latin et que je ne sais plus exactement ce que signifie l'expression.), avec la technique, avec les trucs, et avec le spectateur, bien sûr. Jeux de l'être et jeux de maux. Jeux demain...
De le voir juste après le film de Jeunet permet de les mettre quelque peu en perspective : le même André Dussolier (mais qui est ici bien plus dense, bien moins schématique, bref, beaucoup plus intéressant), la même façon de jouer avec la matière même du film (mais à un autre niveau :  là où Jeunet rajoute les trucs à son récit, l'enjolive, l'accessoirise en quelque sorte, Resnais s'aventure bien plus loin, en faisant de ces "incidents" la matière même de son récit.)
Les herbes folles du titre sont à la fois celles  banales, qu'on trouve  partout, ("à la campagne..."), dans les champs, le long des talus, qu'on foule sans y prendre garde, qui sont la naturellement, à leur palce en quelque sorte, mais aussi celles, à la ville, qui croissent entre les interstices, le béton, le bitume, les conventions narratives... et il en faut, de la force et de l'obstination... D'aucuns diraient les mauvaises herbes, mais le réalisateur ne se pose pas ici en jardiner, juste en herboriste. Quand la nature reprend ses droits.
Et la nature de Georges Palet (Dussolier) nous restera  bien joliment mystérieuse, comme celle de Marguerite Muir (Azéma), qui vont s'aimer / ne pas s'aimer (observés/commentés par une voix off  -Edouard Baer- aussi ironique qu'indispensable) au gré du vent et des cent et quelques minutes de cette histoire, aussi obscure qu'ensoleillée, aussi réaliste qu'ir-, aussi fantaisiste que grave, et qui sèmera sans aucun doute au coeur de chaque spectateur les petites graines des questions non résolues (ou des interprétations multiples) des et si... et des peut-être que..., appelé alors à prendre ses propres petits outils, à se débrouiller tout seul pour cultiver son jardin et séparer le bon grain de l'ivraie.
Un bonheur de jardinage cérébral.

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(j'aime énormément cette affiche...)

Commentaires
Z
Vu et aimé, mais je vais bien avoir du mal à rédiger une note dessus, je l'ai vu dimanche dernier et j'ai raté le coche! ce n'est pas si évident d'écrire sur un truc pareil (et tu t'en es bien sorti....)
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