Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
30 novembre 2009

micro72

*
A la sortie de Besançon, un panneau annonce de la boue sur quinze kilomètres.

*

Brigitte Fontaine aurait déclaré à la radio avoir été enchantée par le public de son concert de Vesoul...

*

mon réveil sonne quand il ne devrait pas et ne sonne pas quand il devrait

*

c'est à Bordeaux que la Garonne a des marées

*

(les doigts pincés dans les volets)

*

je préfère les oranges sans traitement après récolte,
parce qu'on y trouve souvent des bébés-oranges à l'intérieur

*

"pour une fois que c'est pas sur moi que ça tombe..."

*

"C'est un bras, lui fis-je remarquer. Ca ne mord pas."

*

"Tu me remontres la photo où j'étais mort ?"
(réellement prononcé cet après-midi)

*

 

 

25 novembre 2009

la vengeance de la tortue

LE VILAIN
d'Albert Dupontel

Il n'y a rien de plus triste qu'un film "drôle" qui ne vous fait pas rire, il n'y a rien de plus triste que d'être (à ce point) déçu par un film qu'on avait envie d'aimer, il n'y a rien de plus triste que de voir des talents gâchés, il n'y a rien de plus triste que d'essayer de sauver quelque chose du film, et de ne vraiment pas en avoir de quoi même remplir le fond d'une cagette. ("si, la tortue...", me souffle Marie par-dessus l'épaule, ce à quoi je rétorque "oui, la première fois...")
Voilà, c'est dommage. On le (pres)sentait dès le début (ça démarre mal), et ça ne continue pas mieux. il y a d'abord un problème de scénario (quelle histoire il a donc bien voulu raconter ?), qui génère des problèmes de personnages, de situations, de rythme (quand j'ai regardé ma montre, il restait encore la moitié du film, et ça m'a fait soupirer...)
Le vilain ne l'est pas assez, ou trop, ou pas de la bonne façon, ou pas pour les bonnes raisons. Rien ne fonctionne, et même Bouli Lanners n'est pas bon, c'est dire (mais quel idée que de le gominer, de même que quelle (fausse bonne) idée de faire jouer une vieille à Catherine Frot...) Je déteste sortir du cinéma en ayant le sentiment d'avoir perdu mon temps. C'était le cas. La folie (furieuse) de Dupontel, qui m'avait tant plu et touché dans Enfermés dehors tourne ici à vide...
Oui, c'est dommage.

23 novembre 2009

la malveillance

LE RUBAN BLANC
de Michael Haneke

J'avais entendu divers échos, ici et là, mais je voulais me rendre compte par moi-même. Ce fut chose faite hier. Un film, donc, en noir et blanc pour l'image (un noir et blanc, on a déjà du vous le dire, somptueux, nickel, aux petits oignons, un noir et blanc d'anthologie, comme dirait mon ami Nicolas "rien vu d'aussi beau depuis le noir et blanc de Dead Man"), et, pour l'histoire, on serait simplement en noir et noir. Vous ne risquez pas une luxation des zygomatiques. On connaît notre ami Michael H., ses ambiances et ses thèmes de prédilection, et on est sûr qu'il ne risque pas de nous faire un jour Mary Poppins 2 ("Elle revient et elle est encore plus contente...").
Pourtant des enfants, il y en a ici, et même beaucoup...Mais, bon, c'est pas la joie. Rétrospectivement, Le ruban blanc pourrait un peu évoquer le résultat de l'accouplement contre nature entre L'arbre aux sabots et... Le village des damnés (celui de Wolf Rilla, en noir et blanc). Parce que  la vie des paysans au début du siècle, et parce que des enfants meurtriers. Mais plus qu'un conte (pourtant revendiqué en tant que structure, avec ses parenthèses narratives, ouverture et  fondu au noir entre deux génériques rigoureusement silencieux,et son narrateur, l'instituteur du village, la seule personne à peu près "normale" du village comme on le vérifiera par la suite)plus qu'un conte donc, le film serait plutôt un genre de catalogue du malheur : du malheur d'être pauvre, du malheur d'être un enfant, du malheur d'être veuf, du malheur d'être baron, du malheur d'être trisomique, du malheur d'être exploité, du malheur d'être pieux, du malheur d'avoir un physique ingrat, du malheur de ne pouvoir d'exprimer, du malheur d'avoir à se venger, du malheur d'être un oiseau en cage, du malheur de (ne plus pouvoir) se toucher, du malheur d'avoir mauvaise haleine, du malheur du mensonge, du malheur de l'adultère, du malheur etc.
Il commence avec un accident de cheval (un attentat au câble tendu entre deux poteaux et paf le cheval)  contre le médecin du village, et se termine par l'attentat de Sarajevo  qui marque le début de la Première Guerre Mondiale. Et relate, entre les deux, une série d'évènements inexplicables (accidents, mort, enlèvement(s)) qui bouleversent le quotidien d'un village de paysans (de serfs, plutôt) auxquels sont -presque toujours- associés des enfants, qu'on voit toujours en groupe comme dans Le village des damnés. Une entité enfantine. Les enfants du médecin, ceux du pasteur, ceux du régisseur (ces gaillards-là ont en commun d'avoir des familles nombreuses), à qui le narrateur -l'instituteur je le rappelle- a régulièrement affaire, et envers qui il va commencer comme on dit à nourrir des soupçons.
Car les têtes blondes ont semble-t-il quelques bonnes raisons de se montrer (aussi) vindicatives : non seulement le film énumère les différents malheurs, mais il dresse aussi un catalogue, un constat aussi exhaustif qu'effrayant, de toutes les différentes façons (physiques et morales) dont on peut faire du mal à un enfant. Le rapport à la violence (montrée ou non) est un autre passage obligé de la problématique hanekienne. Et, de ce point de vue là, on n'est pas déçu si j'ose dire. La violence "physique" est à peu près tout ce qui reste  à un être que l'on a soumis durablement à l'humiliation. Et les fils doivent-ils payer pour les péchés de leurs pères, ou bien le contraire ?
Pour oser une comparaison facile, je dirais que le film est, à l'image du câble meurtrier du début, extrêmement tendu et-d'une certaine façon- vengeur. Ce qui est appréciable, c'est que, après le dernier silence du générique, tout n'est pas résolu, (au contraire, pourrait-on dire, les dernières minutes du film viennent rajouter une brouettée de points d'interrogation, suite aux "révélations" qui y sont faites, et aux questions que se pose le spectateur.
C'est finalement un Haneke assez soft (je ne veux toujours pas voir Funny Games, et me souviens encore avec un certain effroi de Benny's video...), une reconstitution historique, les costumes, le noir et blanc, la richesse de la langue... une "belle" oeuvre (je mets à dessein les guillemets), dont la maîtrise esthétique (la "joliesse"...) vient à point  pour contrebalancer le pessimisme et la rigueur du propos. Un film auquel on ne peut pas s'empêcher de repenser (et duquel on ne peut que reparler). En tous cas, en ce qui me concerne, un de ses films les plus aboutis.

19154502_w434_h_q80

21 novembre 2009

poissons volants

Je ne suis pas très people ni chronique mondaine, et c'est rare que je me fasse ici l'écho d'une disparition. Sauf quand il s'agit de quelqu'un qui me touche.
Voilà, j'ai appris hier (en retard, comme toujours) celle de Kriss

img23923

Kriss, c'était, bien sûr, une voix. Pour moi qui ne suis pas très radio, j'étais, un certain week-end des années 80, tombé sur "L'oreille en coin, une émission de Pierre Codou et Jean Garretto", avec son générique trompettant, et , en plein milieu cette voix si reconnaissable, si FIP, cette voix suave, cette voix délicieuse, cette voix inimitable, et surtout qui racontait des choses qui me touchaient, qui me faisaient rire...
Et je l'ai suivie, de loin en loin. J'avais même acheté son bouquin Sur un air de poissons volants... Elle faisait partie de ces gens que je ne connais pas vraiment mais pour qui j'éprouve une immense sympathie, des gens  avec qui justement on aimerait être plu proche...

Voilà, Kriss est partie raconter ailleurs, et je suis tristounet.

20 novembre 2009

... après l'heure c'est trop tard

(je me suis engagé à chroniquer tous les films que je voyais, mais bon là ça commence à s'accumuler, alors comme Zvezdo je vais tenter de faire bref)

RIVERS AND TIDES
de Thomas Riedelsheimer

Un documentaire apaisant (dixit Marie) sur les travaux du land-artist Andy Goldsworthy. La nature, l'eau, les pierres... Des moments vraiment beaux.(oserais-je mettre sur le même plan un serpent de feuilles qui dérive dans un ruisseau et un gros maçon torse nu en caleçon fleuri ? Non, je plaisante...)

18411145_w434_h_q80

LETTRE D'UNE INCONNUE
de Max Ophuls

Je voulais absolument revoir ce film. Finalement, (soyons cruel) ce n'est que l'histoire d'une gourdasse amoureuse d'un bellâtre. Classiquement joli. (et joliment classique). A la fois un peu "too much" et le genre d'histoire qui ne peut qu'extrêmement me toucher ("je vous ai aimé en secret toute ma vie...") .Trouvé hélas les deux acteurs principaux peut-être un peu fadasses...

affiche_lettre_d_une_inconnue_1948_2lettreduninconnuedvd2 letterfromanunknownwoman1

A CÔTE
de Stéphane Mercurio

Un documentaire poignant sur la prison, mais "sans prisonniers et sans gardiens", juste avec des femmes (épouses et mères de détenus) principalement, et ce qu'est leur vie (les parloirs, l'administration pénitentiaire, l'attente, l'espoir, le désespoir...), avec une mise en forme intéressante (tout ce qui se passe "dehors" est traité en images fixes) et une indéniable recherche plastique.

18979522_w434_h_q80

Z32
d'Avi Mograbi

Un documentaire qui n'aurait presque plus de documentaire que le nom, tant la forme prime sur le fond (un soldat israélien témoigne -à visage numériquement caché- qu'il a participé a une expédition punitive contre des policiers palestiniens). Le réalisateur (un habitué) traite ça sous forme de comédie musicale yiddish distanciée dans son salon. Bluffant, mais sacrément "questionnant".

19048953_w434_h_q80

(tiens et pour faire bon poids, un spectacle de danse)

FRESQUE, FEMMES REGARDANT A GAUCHE
de Pacon Decina (et sa compagnie)

La danse, c'est fragile, il suffirait de peu pour qu'on ne voit plus que des gens qui se tortillent ou qui font de la gymnastique. Ici, on a un peu peur de ça au début : plateau nu, pas de musique (puis "ou presque..."), et on se laisse progressivement contaminer par cette douceur, cette... simplicité, cette extrême fluidité des mouvements et, oui osons le mot, cette grâce.

fresque3

19 novembre 2009

scarabée

A L'ORIGINE
de Xavier Giannoli

"C'est un drôle de truc de pouvoir aider les gens..." 
Au cinéma, j'ai toujours un peu peur peur face aux histoires d'imposture, (les "sérieuses", sinon c'est plutôt sympa) surtout quand un petit panneau annonce "d'après une histoire vraie". L'emploi du temps, de Laurent Cantet m'avait glacé, donc, j'étais au début, dans mes petits souliers.
François Cluzet (parfait) incarne un petit escroc, qui vit de petites combines (amasser le plus d'argent le plus vite possible et de disparaître). Au début du film, il arrive dans une région "sinistrée", laissée exsangue et chômageuse par les délocalisations diverses et l'arrêt prématuré d'un chantier énorme concernant un tronçon d'autoroute, entre Je ne Sais pas où et Là-bas Nulle part. Le voilà qui met le doigt dans un engrenage qu'il ne soupçonnait pas : l'espoir. En se faisant passer pour un mec d'une société Z filiale de la grosse boîte Trucmuche qui justement avait abandonné le chantier, voilà que viennent à lui, comme par enchantement, tous ceux qui s'étaient sentis floués, exclus, abandonnés, et que l'arnaque va se monter quasiment toute seule, grâce à la ferveur, au besoin de croire, (aux illusions balzaciennement perdues puis retrouvées) que lui témoignent tout ceux qui l'approchent, dans un effet de contamination quasi pandémique. Une femme de chambre, son jeune copain, les proprios d'une boîte de location de matériel, un gros chef de chantier, tous sont touchés les un après les autres, jusqu'à la mairesse (Emmanuelle Devos, sublime, qui n'a jamais été filmée aussi amoureusement -surtout ses yeux-) , ses adjoints, et même le banquier local, oui, tous vont venir lui manger dans la main, pour remettre en chantier ce tronçon autoroutier...
Jusqu'au jour où...
Le film est très intelligemment fait. Philippe Miller (l'arnaqueur) sait qu'il a trois mois pour amasser le maximum d'argent avant que le pot-aux-roses soit découvert. Donc, au début, consciencieusement, il fait tout pour entasser des billets et des billets dans son petit coffre-fort, (billets qu'il repasse d'ailleurs amoureusement), tout en regardant malgré tout -avec un début d'inquiétude- grossir démesurément la bulle de l'arnaque qu'il a mise -presque malgré lui- en place, et qu'il contrôle d'ailleurs de moins en moins. Les machines sont là, les ouvriers aussi, et tout se met en branle, inexorablement pourrait-on dire.
Car chaque jour qui passe, même s'il représente des mètres supplémentaires sur le tronçon routier, le rapproche aussi inexorablement de la date du 28 novembre, à laquelle il sait que toutes ses magouilles vont être dévoilées (même si, avant, courent déjà ça et là quelques interrogations, soupçons, et autres inquiétudes). Que la baudruche va se dégonfler, l'édifice va s'écrouler (déjà il se lézarde), la réalité va le rattraper. Oui, que tout va se casser la gueule.
Et voici qu'au moment où il commence à paniquer, vide son petit  coffre et décide de s'enfuir, le récit effectue une genre de demi-tour au frein à main, quand, justement, il s'arrête, comme pris de remords, pour prendre en stop le jeune homme qui lui sert de chauffeur, sous une pluie de tous les diables. Et passe de l'autre côté du miroir de son arnaque ?
Voici que ce personnage d'arnaqueur à la petite semaine va soudain se nimber d'une aura quasi messianique. Ce que les autres ont entrepris avec ferveur sous l'impulsion de ces petites magouilles et mensonges, voilà qu'à son tour il va se mettre à y croire, et tout faire pour que ce chantier soit réellement mené à son terme, que ce tronçon soit terminé dans les délais, en dépit des intempéries, en dépit du manque d'argent, en dépit de son irréalité... Il ira jusqu'à payer de sa personne, face un Gégé Depardieu en deus ex machina, monstrueux (dans tous les sens du terme), et pas seulement de sa personne, mais aussi jusqu'au dernier cent de son précieux petit coffre. Bien entendu, ça ne finira pas très bien (quand c'est "d'après une histoire vraie", en général ça ne finit pas bien...)
Le film est un film de visages et de corps, un film de souffles et de sueur (et donc bien entendu de boue  -à défaut de sang- et de larmes, Xavier Giannoli connaît la chanson...) Un film sur l'espoir et le désespoir, sur l'illusion (qu'elle soir amoureuse ou financière), bref un film d'homme(s).  Avec des acteurs magnifiques (Cluzet tout en sobriété, Emmanuelle Devos lumineuse, Vincent Rottiers rugueux juste ce qu'il faut, et tous les autres à l'avenant) pour une histoire qui ne l'est pas moins...

19183664

18 novembre 2009

médusé

(attention, âmes prudes et chastes yeux, ne lisez pas plus loin...)
J'ai loupé de peu l'attaque cardiaque : j'étais assis dans ma voiture, au soleil, en train de lire la rubrique cinéma de mon quotidien préféré, lorsqu'est venu se garer bruyamment derrière moi un camion allemand (j'ai juste regardé la plaque). En descend illico le chauffeur, qui passe sur le côté pour se dissimuler aux yeux des passants lorsqu'il fait son gros pipi. (les routiers anglo-saxons appellent ça watering the tires). Je le suis des yeux dans le rétro, quand même un peu intéressé, puis je le vois se remettre les choses en places remonter dans le bahut, et claquer la portière.
Je crois l'affaire terminée, quand, en jetant à nouveau un coup d'oeil dans le rétro, je vois... un truc. Que je n'identifie pas immédiatement. Il se tient debout au milieu de l'habitacle, et l'angle des rayons du soleil fait que le haut du corps reste dans l'obscurité. Qu'est-ce ? Je regarde mieux, oui, oui, il n'y a pas de doute, il est là, immobile, et, visiblement il vient d'enlever le bas. Je vois la touffe noire, je vois sa teub. Mon coeur fait comme qui dirait un bond. Serait-ce une invite ?
Je sors de la voiture, et me rapproche juste un peu du camion. Il y a comme un mouvement, à l'intérieur, après ces quelques secondes "suspendues",  il se penche, s'agite, et visiblement, ôte son slip. Je suis comme hypnotisé. Il continue, se retourne, et m'exhibe cette fois son côté face, un cul assez joyeusement rebondi. et apparemment velu. Je reste là, à baver quasiment, quand il y a un nouveau mouvement, et je le vois, après m'avoir jeté un oeil, effectuer un nouveau mouvement, pour enfiler un shorty blanc (que j'imagine repassé de frais et sentant bon l'adoucissant). Hop! il remballe tout, et continue, cette fois-ci, il faut un peu plus se contorsionner, il remet son jean...
Ce spectacle charmant n'a pas duré plus de deux minutes, je réalise alors que j'avais l'appareil-photo dans mon sac et que j'aurais pu immortaliser l'événement, peut-être, non ? Non.
Et je suis resté là, comme un con, pendant que le bahut redémarrait virilement...

17 novembre 2009

l'heure de la fermeture

Samedi, en sortant de Lettre d'une inconnue, d'Ophuls, je n'avais pas envie de remonter comme ça aussi sec dans ma voiture et donc je suis allé un peu zoner en ville (il était 18h passées). Le parcours habituel, des magasins qui m'intéressent, que j'ai fait en prenant mon temps, en flânant.
J'étais tout au fond (rayons cd/dvd) d'une grande surface de la Culture, lorsque, clac, clac, clac, comme dans les films, les lumières ont commencé à s'éteindre progressivement, poussant ainsi les clients qui s'y trouvaient vers l'entrée du magasin, encore éclairée... Je suis donc sortie, me disant "tiens ça doit être l'heure..." et, effectivement, dans les rues, le long du trajet de retour, c'était partout le même bazar, rideaux de fer qui tombent, serrures qu'on verrouille, lumières qui s'éteignent... Je me sentais un peu comme dans le clip de Billie Jean, mais à l'envers : plus j'avançais, et plus ça s'éteignait, ça se fermait, ça se verrouillait, ça se cadenassait... J'avançais dans une ville qui s'éteignait. J'avais l'impression que c'était la première fois que ça m'arrivait, ou, du moins, que j'en avais conscience... (sentiment d'être à moitié dans un film ou dans un rêve). Je n'en ai tiré aucune conclusion métaphysique mais bon.

15 novembre 2009

anniversaire

L'IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS
de Terry Gilliam

Un film dont ne peut pas ne pas savoir, en le voyant, qu'il n'est pas tout à fait ce qu'il aurait du être. Et pourtant, en l'état, qui vous laisse coi. (Vous n'êtes pas sans savoir que j'ai l'enthousiasme facile, mais bon, là, je suis encore une fois bouche-bée.)
Avec Terry, c'est une longue histoire (pas d'amour mais presque), avec des films que je porte dans mon coeur (FisherKing en première place, mais, pas loin derrière, Brazil, Munchausen, Bandits bandits), et d'autres pas vus (Tideland) ou moins aimés (Las Vegas parano, L'armée des 12 singes), voire oubliés (Les Frères Grimm). Il fait, de droit, partie des réalisateurs dits "que j'aime beaucoup".
Chez Terry Gilliam, la thématique est en général assez simple et basique : le Bien d'un côté, et le Mal de l'autre, qui se bouffent le nez, chacun essayant de piquer sa place à l'autre. Les riches et les pauvres. Les méchants, les gentils. Ca c'est le squelette narratif, qu'il va recouvrir avec plein de trucs et de machins qui vont nous faire faire oooh et aaah. Qu'il va enjoliver, enluminer. Donc, ici, qui s'affronte ?
Le Diable ? Soit ; ici, il est joué par Tom Waits, et il a pas l'air si méchant que ça , a priori (mais bon, faut toujours se méfier avec ce gugus-là). Et le gentil en face de lui ? Le Docteur Parnassus du titre (Christopher Plummer), un immortel devenu mortel et père d'une demoiselle qui va fêter ses seize ans, et à qui il doit avouer justement ce jour-là, (celui de son anniversaire), qu'il l'a perdue en pariant (et en perdant) contre le diable, qui vient justement pour récupérer son bien... On craindrait presque la bondieuserie, non ? D'autant plus qu'entre les deux (on ne saura finalement que très tard de quel côté il penche) se dresse Tony, un amnésique (boni)menteur sauvé de la pendaison, (joué par Heath Ledger), qui pourrait bien figurer un St Michel archange, non ? ou mieux, un St Georges terrassant le dragon (aurais-je trop fumé d'encens et bu de vin de messe ?) Le combat, donc, est épique.
Comme je l'ai dit plus haut, vous ne pouvez pas ne pas savoir que le jeune homme en question est mort d'un excès médicamenteux en plein milieu du tournage, ce qui laissait  -une fois de plus- notre ami Terry G. un peu dans la panade. Mais bon, il a l'habitude des catastrophes, hein, et il n'a eu qu'a faire un peu phosphorer ses méninges (et celles du/des scénaristes(s) ?) pour réussir à finir le film avec une belle idée : remplacer Tony par des alter egi ( ?) chaque fois que celui-ci passe de l'autre côté du miroir (oui, oui, c'est le miroir qui ouvre la porte sur l'Imaginarium du titre), qu'il demandera à des amis du défunt de jouer (et quels amis! Johnny Depp, Jude Law, et Colinchou Farrel!).
On le sait, Terry Gilliam (euh, tiens, comme Jean-Pierre Jeunet ?) a une certaine tendresse pour les gueux, les déshérités, les laissés-pour-compte, les saltimbanques, les hors-système, (et les personnes de petite taille, aussi!) et la petite troupe de ce vieil alcoolo de Docteur Parnassus est un peu tout cela, qui essaie de survivre, traînant le long des rues sa petite carriole miteuse en apparence mais qui sait offrir à celui/celle qui osera traverser le miroir des trésors insoupçonnés. En face d'eux ? Des fêtards du samedi soir, des bourgeasses de la cinquième avenue, des mafieux russes d'opérette, qui vont successivement offrir leurs âmes qui à dieu qui à diable (j'enlève les majuscules, sinon je vais avoir l'impression de réécrire la bible...)
Chez Terry Gilliam, on sait, encore, la collision/collusion entre le Moyen-Age et l'aujourd'hui, des temps héroïques contre les temps modernes, de l'imagination contre la réalité (le réalisme ?), bref de l'illusion contre les certitudes. Et cette alternative est ici doublement présente, d'abord par le passage du miroir, comme (af)franchissement du réel,  ensuite par le choix qui s'offre au "joueur", entre les deux possibilités offertes par les deux maîtres de jeu, le Diable et Parnassus. Et, même si c'est (presque comme toujours) joué d'avance, plastiquement, il s'en passe de belles, de l'autre côté du miroir... Car l'affontement "immémorial" entre les deux forces est prétexte à tout une inventivité qui relève directement du monde  onirique /cauchemardesque.
Bon, tout cela doit vous sembler un peu confus, comme le film lui aussi peut l'être parfois (il y a des moments où on s'embrouille un peu dans l'histoire, mais tant pis, hein, on est chez Gilliam, et le souffle romanesco/épique nous gonfle suffisamment les voiles du cerveau pour qu'on accepte les quelques faibesses  longueurs et mou-du-genoueries passagères dont souffre parfois le scénario. Les scènes dans l'Imaginarium sont suffisamment chiadées pour emporter l'adhésion (tiens, les Inrockchounets et Libé ne semblent pas du tout aussi enthousiastes que moi -mais je ne suis qu'un benêt provincial- et en seraient presque au coude à coude du pinçage de nez au-dessus de la poubelle...) et faire passer au spectateur un sacré bon moment de cinoche (même si -trois fois hélas-) en VF dans le bôô cinéma.

19187319
(je pense que le titre du film est un des plus invendables de l'histoire du cinéma, mais bon...)

11 novembre 2009

porte-clés

LIVERPOOL
de Lisandro Alonso

Les Inrockchounets parlaient me semble-t-il de "cinéma courageux", cela me paraît être un pudique et optimiste euphémisme... C'est du cinéma pointu pointu, du cinéma raidos, du cinéma pas aimable (quel est le contraire de aimable ?) du pur et dur, du sec sec... Après un générique comme j'aime (lettres rouges sur fond noir, avec une belle guitare électrique nerveuse... tiens comme Los bastardos), nous voici à bord d'un bateau, à partager un peu du quotidien (minimal et répétitif)  de Farrel, un marin mutique (c'est lui le héros).
Farrel profite d'une escale à Ushuaïa (c'est -est-il besoin de le préciser- à l'ultime bout de la Patagonie) pour demander deux jours -et aller voir sa vieille mère- à pied. Il marchera beaucoup, donc, dans la neige de plus en plus présente (et omni-), il arrivera, il séjournera, et il repartira.
C'est un euphémisme (encore! , je dois avoir besoin de douceur -stylistique s'entend-...) de dire que le film n'est pas bavard. Il en deviendrait presque autiste (quant à Farrel, quant à son retour, quant à son départ, quant à sa famille (sa fille ? sa soeur ?)...) tant le réalisateur en dit le moins possible (et encore moins si cela pouvait se faire.)
Il ne reste donc qu'à regarder, essayer de deviner, se reconstituer sa propre histoire, s'introduire un peu de force dans ce récit, et plaf! quand les lumières se rallument, se sentir un peu sonné, groggy, exténué peut-être par tant de rigueur formelle (la neige est cinégénique, c'est bien connu) mais un peu agacé de s'être senti autant mis à l'écart de toute cette histoire...
Un film incontestablement froid.

19142792_w434_h_q80

1 2 > >>
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 428