entre les choses et je me souviens
Celui-là aussi je l'ai lu en Inde (enfin, en rentrant d'Inde...) Je venais de finir le dernier volume du Croque-mort, et j'avais entrepris de (re) démarrer un Murakami dont je n'arrivais finalement pas à me dépêtrer ("Murakami, c'est pas fait pour l'avion..." a résumé Dominique), et j'ai eu l'idée d'emprunter ce bouquin à Philou (je savais qu'il venait de le terminer)
J'ai donc ouvert à la première page, et hop! directos j'ai eu les larmes aux yeux en lisant la citation de Tchekov que l'auteur a mis en (exergue ?)
J'ai commencé à lire, et, au fil des premières pages, je sentais que l'émotion et le ravissement me gagnaient... à la fois ce dont elle parlait, et la façon dont elle en parlait. Je n'ai pu m'empêcher de penser que c'était là exactement le livre qu'il me fallait, à ce moment-là, dans cet avion-là, et j'ai savouré...
Le bouquin va de 1941 à 2006, en suivant la double mémoire collective (que s'est-il passé de marquant ces années-là pour les gens) et individuelle (que s'est-il passé pour l'auteur ?), mêlant donc la Grande et la petite Histoire(s), et se livrant même, dans la dernière partie, à la reconstitution (en trompe-l'oeil) de la genèse du livre qu'on est en train de lire.
Les années passent, on les revit en quelque sorte, et on voit cette fillette grandir, mûrir, se marier, divorcer, etc. Une vie se déroule sous nos yeux, sans pathos et sans effets (l'écriture d'Annie Ernaux sait rester en-deça), la force du récit à un certain moment un peu s'émousse, un peu se distend, mais l'auteur a l'habileté de terminer le livre de la même façon qu'elle l'a débuté : en refermant les parenthèses de quelques fragments de vie personnels, des choses sans importance mais qui ne résonnent que pour elle...
"Sauver quelque chose du temps où on ne sera plus jamais."
(...)