LIBERTÉ
de Tony Gatlif
Bon, certes, je suis réceptif, mais au bout de dix secondes de générique, j'avais déjà les larmes aux yeux... et à la fin du générique de fin (étonnant, musicalement, puisqu'à une chanson de Catherine Ringer succède une superbe création sonore dont j'ai vainement cherché l'auteur dans le -justement- susdit générique), je les avais toujours (même si mes yeux ne l'avaient pas été continuellement pendant le film -mouillés-, ça vous donne une idée...)
J'avoue que d'ordinaire le cinéma de Gatlif ne m'attire pas spécialement (c'est comme ces musiques-là, je l'avoue, assez vite ça me saoule...) Et là, je ne sais pas pourquoi, je me suis lancé...
Premier effet pervers : après Mammuth et son image grave-cracra, Liberté prendrait presque, dans un premier temps des airs de film hyper-léché : plans composés, lumière superbe, image parfaite, cadrages soignés, on se dit, "c'est trop joli" mais non, on se dit juste après, c'est juste du "vrai" bon cinéma, fait avec les tripes et le coeur.
Et du coeur, il en a à revendre Tony Gatlif. Il nous parle de ce qu'il connaît, de ceux qu'il aime, les Roms, les tziganes, les bohémiens, les voleurs de poules, les non-sédentarisés (ça dépend de ceux qui en parlent). D'une famille de Roms, donc, en 1944, de ses démêlés avec la police française, les officiers allemands, les collabos, les autochtones, et deux personnages de "justes" : le maire et l'institutrice de la commune où ils débarquent au début du film.
Il y a deux axes narratifs,ce qui fait donc un peu bringuebaler la carriole du récit. A hue et à dia comme on dit. Autant la partie "rom" est flamboyante, tonitruante, échevelée, baroque, superbe, autant, par comparaison celle qui parle des "français" semble un peu raide, compassée, bien repassée, didactique, appliquée, quoi.
La "liberté" du titre semblerait bien ne s'appliquer qu'à une moitié du récit, la seconde l'étant sans conteste beaucoup moins. Les gentils le sont vraiment trop, et les méchants aussi, et même l'histoire d'amour (le maire et l'institutrice) y semble bien plus empesée que celle, symétrique, qui lui répond (Taloche et l'institutrice).
La partie "reconstitution" est bien moins intéressante que l'autre.
Mais tout ça tourbillonne et vous envoie valdinguer le coeur le ventre et le reste, et on ne peut que réagir comme le gamin du début (et de la fin) et courir de toutes ses forces derrière les roulottes, pour les accompagner. (En plus -ceci n'est absolument pas cinématographique mais plutôt esthétique- qu'est-ce qu'ils sont beaux! Ce sont vraiment des farouches guerriers, oeil de braise et barbe hirsute... Hmmm celui qui a les petites nattes de chaque côté...)
(tiens et je vous rajoute une tite photo pour vous montrer comme ils sont beaux... mon préféré c'est celui tout à gauche..)