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lieux communs (et autres fadaises)
19 septembre 2010

a-dé-mé-chi

THE HOUSEMAID
de Im-Sang-Soo

Une jeune fille "gentille" (oui, comme quand on dit "elle est gentille...") entre dans une maison très bourge comme bonne. Elle se fait quasi illico engrosser par le patron, souhaite garder le bébé, et c'est là que les ennuis commencent... "A-dé-mé-chi" c'est ainsi que lui définit son travail la vieille bonne-en-chef qui régente la maison depuis des lustres : affreux, dégoûtant, méprisable, chiant. Tout est dit.
Des rapports sociaux (" Témoigner du respect prouve qu'on est supérieur." lui dit la petite fille de la maison), du mépris des maîtres pour leurs domestiques, malgré l'apparente politesse affichée ("Qui c'est ? C'est personne..."), de l'argent comme moyen de tout arranger, de la perversité des belles-mères (et des belles-filles aussi), de la veûlerie des maris, et de la noirceur des films coréens en général (et de celui-ci en particulier).
Mis à part le coq de cette basse-cour familiale, le film est essentiellement un film de femmes. Euny, la jeunette. Sa patronne, la mère de sa patronne, la fille de sa patronne, la vieille gouvernante, et la copine d'Euny. Qui dit femmes entre elles... (non non ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit hihi) dit combat de polochons en sous-vêtements vacheries, mots cassants, sous-entendus  paires de gifles et vengeances mangées comme des plats froids.
La jeune fille arrive dans cette grande maison et ouvre ses grands yeux candide, telle une Alice au pays des Bourges, mais l'espace qui n'était au début que luxe calme et volupté (et harmonie noire et blanche)  va devenir progressivement un univers de plus en plus hostile, de plus en plus étouffant (d'autant plus que des cadrages sophistiqués et des mouvements d'appareil chiadés idem fabriquent une curieuse mais fascinante grammaire visuelle et topologique où tout peut -littéralement- basculer à chaque instan.)
Le film qui avait démarré quasiment avec la rigueur et l'esprit d'un documentaire (les cinq premières minutes sont à cet égard exemplaires : quelle richesse, quel foisonnement, chaque plan semble presque receler  trop d'informations, d'autant plus qu'on ne sait pas alors où le réalisateur veut véritablement nous emmener...) évolue ensuite vers le thriller vénéneux, avant que de finir en apothéose  -le mot n'est peut-être pas idéalement choisi- à la démesure quasi-horrifique, puis sur une petite note ambigüe (on ne serait pas très loin alors du cinéma fantastique.
D'Im sang-Soo, j'avais précédemment beaucoup aimé le President's last bang -même si je n'avais pas vraiment tout compris-, qui possédait d'ailleurs, déjà, cette même façon particulière de filmer, avec une prédilection pour les plans en plongée, ce que, si j'ose dire, ne fait que confirmer celui-ci, qui va le mettre parfaitement en pratique, et à deux fois encore.
Un film très noir, très fort, avec des personnages bien posés (celui de la vieille gouvernante étant probablement le plus riche, parce que celui doté de la plus intéressante évolution. C'est elle qui changera le plus radicalement entre le début et et la fin du film.Quoique la jeûnette...
Bref, un film aussi élégant qu'amer. Il serait peut-être intéressant de fouiner pour dénicher l'original de 1960 dont il est le remake.

19479799

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