effort de guerre
UN HOMME QUI CRIE
de Mahamat Saleh Haroun
Je le reconnais, oui, oui, je ne suis pas très porté sur le cinéma africain. Encore une fois, donc, j'y allais prudemment. Et je dois dire que c'est plutôt une excellente surprise. Que ce film, au résumé somme toute assez "classique" (un père, un fils, un acte ignoble, un pardon)m'a, en quelque sorte réconcilié avec ce cinéma-là, avec ce cinéaste tout du moins, dont le précédent Daratt (sur un thème somme toute assez voisin : la relation père/fils) m'avait mis plutôt de mauvaise humeur pour cause de lourdeurs et de maladresses répétées.
Là, c'est peut-être la simplicité de l'argument qui fait sa force, le portrait conjugué d'un père et de son fils (qui commence et qui finira dans l'eau...) évoque en même temps des sujets aussi éloignés que la guerre (qu'on ne fait qu'entendre à la radio, mais qui reste omniprésente comme toile de fond du récit) et la précarité de l'emploi (le père, ancien champion de natation, est employé dans la piscine d'un hôtel, et c'est lorsque son fils est nommé à sa place que le récit va basculer.)
Simplicité de l'argument et force la réalisation. Le film est, pour une large part, documentaire, et la dose de fiction que le réalisateur a injectée dans ce "reportage" sur une vie au quotidien, un pays "tel que", crée le juste liant nécessaire pour en faire un vrai beau film, qu'on pourrait percevoir comme quelque chose d'exotique et de dépaysant, alors qu'il ne fait que témoigner d'une triste réalité.
Le montage, un peu heurté au début (mais c'est peut-être moi qui ai du mettre un peu de temps pour m'y habituer... Ça me produit de temps en temps cet effet-là, où j'ai le sentiment que le plan n'est pas coupé au moment exact où il devrait, et devient selon le cas, "trop long" ou "trop court" et se heurte parfois ainsi désagréablement avec le plan suivant) se fait heureusement ensuite plus fluide, rendant ainsi la narration beaucoup plus agréable.
Le personnage central (le père) est d'autant plus attachant qu'il n'est pas bavard. Le réalisateur lui confère quasiment la dimension d'un héros de tragédie, dont il a par ailleurs la stature et la dignité.
Il y avait du monde, dans cette salle du bôô cinéma, pour cette séance spéciale à l'issue de laquelle nous devions rencontrer le jeune acteur qui joue le fils. Las! Il doit exister une malédiction ferroviaire pour les acteurs qui veulent nous rendre visite : le pauvre a vu son train bloqué par ce que , je cite "il y avait des feuilles sur la voie..." et donc quand il est arrivé, a dû repartir illico (sans avoir vu personne, la séance était terminée depuis belle lurette) pour Besançon, où il était invité pour la soirée d'ouverture de Festival "Lumières d'Afrique".
Tant pis pour nous!