deux films avec un curé (en soutane)
(Le titre original envisagé aurait été "Deux films plutôt longs, en costumes, avec un curé (en soutane), où j'ai hélas un peu dormi...")
Les "hasards de la programmation" ont fait qu'à quelques jours d'intervalle j'ai vu un film de 4h26 (commençant à 20h) et un autre de 3h08 (commençant à 18h45, l'inverse eût été plus intelligent, huhuhu). Le premier où j'ai dormi plutôt dans la seconde partie (dont je n'ai, je l'avoue, pas vu grand chose, juste des images fugaces entre deux rendormissements) et le second plutôt, soyons symétrique, dans la première... Bref, dans un cas comme dans l'autre, je n'ai pas tout compris. Et dans un cas comme dans l'autre, je ne peux pas, décemment, en faire la critique. ou alors juste une moitié, mais ce serait malhonnête.
MYSTERES DE LISBONNE
de Raul Ruiz
LE GUEPARD
de Luchino Visconti
Je peux juste dire que j'ai envie de revoir le film de Raul Ruiz (qui ô bonheur repassera sur Arte en avril, version 6x1h) alors que celui de Visconti,ma foi, bon ça y est je l'ai vu, une fois suffira.
A l'état normal, dirais-je, je suis plus Ruiz que Visconti, et je suis donc resté fidèle à ma ligne de conduite habituelle.
Je vais peut-être me faire taper (aïe, Hervé, arrête, pas sur la tête!) mais je trouve que ça a un tantinet mal vieilli (la musique est insupportable), et ça fait drôle de parler de "version originale", tout de même, puisque deux des trois interprètes principaux ne la parlent pas, la langue originale en question. Les trois heures étaient-elles véritablement indispensables ? A mon humble avis, la seule scène du bal (qui fait quasiment toute la deuxième partie du film) eut été suffisante... Bon, bien évidemment, il y a là-dedans quelques plans et scènes saisissants et -plus ou moins ?- viscontiens : le travelling sur la famille poussiéreuse assise à l'église, l'apparition de Claudia Cardinale (pfouh! elle a vraiment une taille de guêpe!), la "promenade" marivaudante à travers les mille pièces du palais, et, bien sûr, la scène de bal (sans oublier cette phrase sublime : "le mariage, c'est un an de flammes et trente ans de cendres..." Bravo, Luchino...). Mais aussi beaucoup de scènes bavardes. (à un moment, je me suis tourbé vers ma voisine, Manu, nos regards se sont croisés et j'ai chuchoté "je m'emmerde..." et elle m'a répondu "moi aussi...". Elle a d'ailleurs quitté la salle quand je lui ai annoncé qu'il restait encore une heure et quart...) Les acteurs sont impeccables : Lancaster, Delon, Cardinale, que du beau linge, la crème de 1960, sans oublier (cocorico ?) le tout jeune alors Pierre Clémenti et l'excellent Serge Reggiani.
En ce qui concerne le Ruiz, je serai beaucoup plus nuancé. d'abord parce qu'il n'a pas du temps subi l'irréparable outrage, et que, si costumes et bal il y a idem, c'est néanmoins beaucoup moins empesé et amidonné aux entournures. La construction labyrinthique et foisonnante (et complexe) du film (des histoires de familles, de comtesses, de batailles, de bandits, de vengeances, de duels, de trahisons...) est pour beaucoup dans cet effet de sidération, mais le filmage l'est tout autant. Une trame en apparence un peu feuilletonnesque pour une construction mentale de haut vol (qui, dans mon cas notamment, nécessitera une deuxième vision pour combler les lacunes et remettre en place tout ce qui doit l'être. il y a là-dessous une grande subtilité (un soupçon de perversité, aussi, peut-être ?) et un talent certain pour faire à la fois de la belle image, mais de l'image intelligente, aussi... je ne peux en dire plus (j'ai dormi à la fin, je le répète... mais je me vengerai! suite de cette chronique mi-avril, après la diffusion sur Arte!)