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lieux communs (et autres fadaises)
21 mars 2011

croix et eau

MÊME LA PLUIE
de Iciar Bollain

J'ai toujours aimé les films avec un film dans le film (ceux avec "une deuxième couche à l'intérieur").  Deux films pour le prix d'un : celui que tourne le metteur en scène dans le film, (celui qu'on voit dire "moteur!" ou "coupez", et l'autre, que tourne le metteur en scène en-dehors du film, qu'on ne voit jamais, en principe. Pour ajouter à la fausse fiction une vraie-fausse réalité, que ce soit un "réel" romantique et glamourisé (La nuit américaine), stylisé et quasi abstrait (L'état des choses) ou politique et polémique (c'est le cas de Même la pluie).
Un jeune réalisateur (Gael Garcia Bernal) débarque en Bolivie pour tourner une fiction sur la colonisation espagnole (Cristophe Colomb, Bartolomeo de las casas...) et les saloperies qu'elle commit au nom de la religion et de la royauté. Pour ce faire, il embauche (à vil prix) une main d'oeuvre locale pour faire de la figuration. Parmi ceux-ci (et jouant un rôle-clé dans le film, celui d'Huatey, meneur de la résistance indienne) est embauché Daniel, qui va jouer lui aussi un rôle-clé dans la guerre de l'eau qui va opposer, de plus en plus violemment, les pauvres locaux à une toute puissante mutinationale. (oui, une "guerre de l'eau", comme dans le merveilleux Milagro de Robert Redford, mais en beaucoup moins souriant.)
Le film est efficace, et joue habilement sur les deux niveaux, la reconstitution historique numéro un, la plus visible, avec les conquistadors et les indiens, et la numéro deux (car c'est bien de reconstitution qu'il s'agit), celle de l'eau, avec les moyens contemporains afférents : armée, jeeps, télévision, barricades, mitrailleuses, tirs à balles réelles et autres joyeusetés. A la "guerre sainte" (!) d'antan répond la guerilla urbaine d'aujourd'hui.
Le film est très bien construit, prenant son temps pour présenter les personnages et en faire autre chose que des marionnettes simplistes (simplettes ?), et le scénario fait justement la part belle à l'évolution de chacun d'eux (le producteur, le réalisateur, le rôle principal, l'agitateur...), et sait faire résonner avec habileté les interférences entre les deux époques. On peut juste regretter une dernière partie peut-être un peu trop héroïco-rédemptrice et ouvrant un peu complaisamment les vannes de l'émotion un peu "fastoche"...
Luis Tosar, celui qui joue Costa, le producteur, mérite des féliciatations particulières. des amis m'ont confirmé qu'il avait déjà été excellent dans un précédent film de la réalisatrice.
Et l'image de la croix dans les airs est quand même assez majestueusement impressionnante...

19587371

 

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