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lieux communs (et autres fadaises)
30 novembre 2011

événement majeur ?

Il me fait entrer, il me dit de m'asseoir, il est plus jeune que je n'aurais pensé, et ça ne me met pas spécialement plus à l'aise...
Il me propose de passer à côté, de me déshabiller, jusqu'où pensé-je, il me précise juste le pantalon et la chemise...Je suis sur le dos, il me dit de baisser un peu (le caleçon) mais ce n'est pas érotique du tout.
Il me talque, puis me met un genre de gel, et me promène sur l'abdomen, côté droit, côté gauche, un machin comme dans les films où les dames vont voir leur bébé, j'ai droit au "tour du propriétaire", comme il dit, c'est ma première échographie. ("C'est un garçon ?" Non non)
Et que oui oui, le foie la rate le pancréas tout va bien.
C'est le moment de me tourner sur le côté gauche (l'anatomie humaine est assez bien faite, et si quelqu'un vous farfouille là-derrière, vous n'avez aucune raison en principe de pouvoir le voir, ce qui facilite grandement les choses, tout de même, lorsque, par exemple, il pénètre dans le vif du sujet d'un doigt inquisiteur, tout en vous faisant la conversation, comme si vous étiez en train de prendre le thé dans quelque salon, et vous questionnant, par exemple, sur l'endroit où vous travaillez, et vous demande de préciser, et fait mine de s'y intéresserdrôlement puisqu'il continue de vous poser des questions, pendant tout le temps que là-derrière se passe tout à fait autre chose, jusqu'à ce qu'il ait vu ce qu'il voulait voir...
Je ne pouvais m'empêcher d'en sourire intérieurement, me dédoublant dans le même temps (étant celui qu'on sonde tout en faisant mine del'interviewer, et me regardant en tant que sujet de cetteincursion "fort civile") et de penser à la quantité de conversations idiotes qu'il devait ainsi mener chaque jour, (quel sujet, quel angle d'attaque trouver à chaque fois ?) tout en inspectant les orifices les plus variés... Sacré boulot, tout de même!
Vu le tarif, (48 au lieu des 26 habituels) je me suis dit que, oui, oui, il pouvait bien s'offrir du matériel onéreux.
RDV est pris pour le 6 décembre, un autre rendez-vous d'amour...

28 novembre 2011

le plaisir de chanter (en noir et blanc)

NE CHANGE RIEN
de Pedro Costa

Celui-là, je peux dire que je désespérais de pouvoir le voir un jour. Un an, que je l'attendais. Et puis, tout arrive, le mois du Doc, on fait la programmation, je propose, et miracle ça passe ! Bonheur, bonheur. Et appréhension, aussi : et si tant d'attente et de ferveur ne débouchaient que sur du rien ?
Dès la première seconde, je sais que non. Un noir et blanc charbonneux, très dense, intense, sublime, très très noir (et un peu blanc). Jeanne Balibar (et Rodolphe Burger) en concert, puis en studio, pour l'enregistrement du premier album  Paramour (et aussi du deuxième  Slalom dame.)
Et me voilà plongé dans un genre de liquide amniotique musical et cinématographique, bienheureux, dont je ne sortirai qu'à regret(s). Je dois préciser que le son de guitare de Rodolphe Burger, saturé et réverbéré, me procure, au départ, un véritable plaisir physique.
Puis la même Jeanne, en répétitions pour La périchole (et là je me surprends à me dire "Tu es en train de jubiler devant un plan fixe d'une porte, avec des voix hors-champ, juste ça, et tu trouves ça merveilleux..." et c'était exactement ça. Par moments, j'étais tellement béat que j'en aurais presque oublié de respirer. Le film alterne studio et scène, musique et théâtre, enregistrement et répétitions, dans cette pénombre à gros grains de grotte, de sanctuaire, de refuge.
Un film interne, intime, intense.

(je viens d'y retourner, d'ailleurs samedi à 18h, et j'étais tout seul dans la salle : une séance privée , avec juste Rodolphe, Jeanne et moi. Et le film m' a paru passer extrêmement trop vite...)

On pourrait appeler ça un état de grâce, un hasard qui fait converger fortuitement des tas d'éléments au départ disparates pour faire en sorte qu'à l'arrivée tout soit... parfait. Le travail de création (le studio, la leçon de chant, les répétitions), puis de re-création (la scène, qu'elle soit de concert ou de théâtre, à la seule différence que celle de théâtre sera toujours off) .
Beaucoup d'ombre et un peu de lumière (beaucoup de sueur pour un peu de génie disait Einstein, non ?), des choses qu'on répète, encore et encore, qu'on module, qu'on s'approprie, qu'on commente, qu'on re-tente. Avec la caméra de Pedro Costa proche et amicale comme un animal de compagnie. J'avais vu déjà ce noir et blanc attentionné dans le superbe Où gît votre sourire enfoui ? -beau titre, non ?- (sur le travail de montage des Straub-Huillet) c'est pourquoi je fondais beaucoup d'espoirs sur celui-ci.
Avec raison.
Le film, à la deuxième vision (c'était peut-être de la gourmandise, mais ça me semblait nécessaire) est encore plus riche, encore plus élaboré sous ses apparences débraillées. Méthodique et construit, mais aussi aventureux et désinvolte. Autant qu'il est paradoxalement possible de l'être. Rigoureusement beau. Avec un très beau travail sur le son (c'est aussi -au départ- un film d'ingénieur du son, ne l'oublions pas) : ce qui est audible et ce qui ne l'est pas, ce qui est généré et ce qui est spontané, ce qui est enregistré et ce qui n'est que dit...
Avec ces notes de guitare qui vous restent longtemps, longtemps après encore, imprimées sur les neurones. Et ces mots chantonnés "je me mutile, c'est bien utile pour attirer ton attention..." répétés, polis, roulés.
Du plaisir pur, avec un grand P, comme Pedro.

Top 10, même si c'est un film de 2009!


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27 novembre 2011

tu n'as rien vu

le dernier coup de coeur... trop envie de le faire partager!



Ne change rien Teaser 1

27 novembre 2011

"tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, les voilà."

LES NEIGES DU KILIMANDJARO
de Robert Guédiguian

Bien content de le retrouver, l'ami Robert (...) de retour dans son élément : Marseille, après quelques tours et détours ici et là,ailleurs, plus loin, pas forcément plus intéressants... De retrouver les membres de l'"équipe" originelle (Ascaride, Darroussin, Meylan) en compagnie de quelques nouveaux (Canto, Leprince-Ringuet, Stévenin Jr...) dans une histoire en forme de "retour" donc, à tous les niveaux : retour à Marseille, retour sur soi, retour d'âge, retour de bâton, retour d'affection...

Affectif, c'est peut-être le maître-mot, entre l'amour de Jean-Pierre et d'Ariane, et l'amitié (d'enfance) entre Gérard et Jean-Pierre, deux axes qui sous-tendent une existence pas plus youp-la-boum que la moyenne, juste quand on est  parvenu à un certain âge, avec un certain niveau de vie, une vie, justement, avec juste des hauts et des bas  (le film commence avec un licenciement "à bulletins secrets", se continue avec une scène d'anniversaire, bifurque avec une scène de braquage, rebondit sur une accusation, re-vire sec avec une tempête sous des crânes, etc. ), où ce qui compte avant tout c'est la relation avec les autres, le lien, qu'il soit familial, affectif ou professionnel.
"Petites" gens : pas la misère, non, mais on rame un peu, on s'accroche (le film est d'ailleurs "inspiré" par le poème de Hugo intitulé Les pauvres gens, que, coïncidence, j'avais appris quand j'étais au collège, que j'aimais d'ailleurs tout particulièrement, puisque je peux encore le réciter "l'homme prit un air grave, et jetant dans un coin son bonnet de forçat mouillé par la tempête...", jusqu'à ce dernier vers qui donne son titre à ce post), on avance, jusqu'à se retrouver dans un certain état,  et dans certaines circonstances, où on peut en quelque sorte faire le point, revoir ce qu'on a vécu, ce qu'on est devenu,  à l'aune des paramètres qu'on avait posés lorsqu'on était plus jeune(s), des espoirs, de la lutte, des révoltes... Oui on peut se dire alors "qu'est-ce que j'ai fait de ma vie ?", en prenant son pastis et en mangeant des cacahuètes, assis sur son balcon.
Cet état, plus ou moins placide de semi-retraite, va subir de plein fouet le choc d'un braquage à domicile (lors d'une soirée entre les deux potes et leurs épouses respectives), qui va soudain bouleverser les existences de ces deux couples d'amis, chacun réagissant à sa façon non seulement par rapport à lui-même, mais "lien" oblige, par rapport à chacun des autres.
La grande force de Guédiguian, c'est cet ancrage indiscutable dans le terreau du quotidien, de la "vraie" vie, et le fait qu'il soit servi par des comédiens au mieux de leur forme (au plus près d'eux-mêmes ?), aussi stupéfiants de justesse que pétris, justement, d'humanité. Tous au diapason, dans un jeu intense, mais comme apaisé, souriant, émouvant comme ce sourire "solaire" d'Ariane Ascaride presqu'à la fin, sur la plage, juste avant le, justement "les voilà...".
Un film populaire (comme "front populaire" plutôt que "chanson populaire"), fort touchant (oui, j'ai pleuré quelques hectolitres), et juste (aïe rouvrirons-nous le débat fumeux : sensiblerie ? démagogie ? irréalisme ? racolage? putasserie ? NON NON NON PAS DU TOUT!)
Un film où pourront se reconnaître pas mal de quarante- et cinquantenaires me semble-t-il... Un film plein d'espoir et de foi en l'autre (et en l'avenir, peut-être en celà serait-il irréaliste ?) qui ne prône pas en tonitruant des lendemains qui chantent, non, juste qui chantonnent, et c'est déjà pas mal...
Welcome back, Robert!
Un très beau moment.

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26 novembre 2011

la musica

L'ART D'AIMER
d'Emmanuel Mouret

Encore un univers très personnel, qu'on retrouve avec grand plaisir. Les incertitudes amoureuses de cet adorable dadais d'Emmanuel M., ces délicieux (et quasi évanescents) marivaudages rohmériens, où l'on parle beaucoup, où l'on cogite encore plus, sans forcément réussir à passer à l'acte. Carte du Tendre que l'on parcourt en hésitant avec des frissons, des doutes, des interrogations, des remords, de bien galante et plaisante (et drôle) façon.
Ce dernier opus (j'avais écrit oups, et c'est vrai qu'il y a de ça aussi!) nous est servi découpé en rondelles, comme un plateau-apéritif portant un assortiment de petits-fours et de mignardises (oui, oui c'est exactement ça), des petites scènes au départ très individualisées, séparées par des intertitres musiqués. On pense au départ avoir affaire à une sorte de catalogue de la déroute (amoureuse), une juxtaposition de vignettes, mais  elles vont, heureusement, au fil du film, devenir poreuses, s'interpénétrer (oh le vilain mot! Chez Mouret on est  galant, attentionné, on est presque prude, on est... fleur bleue ?), certains personnages vont avoir droit à plusieurs vignettes, certains vont même passer de l'une à l'autre, et c'est un vrai bonheur de voir ces microfictions nous parler d'amour.
Non seulement c'est spirituel et enjoué, mais Mouret réussit même à nous mettre en place deux ou trois idées de scénario aussi sublimes (le vendredi soir des deux amoureux, ou bien la rencontre dans le noir complet) que jouissives (osons le mot!)
Un film léger, pas forcément joyeux joyeux (il est beaucoup question de déceptions, mais dans l'ensemble ça finit plutôt bien...) mais doté d'une distribution richement pétillante (les dames chez Mouret sont toujours mieux servies que les messieurs, question personnages, allez donc savoir pourquoi!)  Vous reprendrez bien quelques bulles ?

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26 novembre 2011

trou noir

HORS SATAN
de Bruno Dumont

Me suis senti, hier soir, comme d'une autre planète. Nous étions pourtant peu dans la salle, ce qu'on pourrait appeler la "chapelle ardente cinéphile", le noyau dur. Eh bien je fus le seul, à la sortie, à dire que je n'avais pas aimé du tout du tout. Mais alors ce qui s'appelle pas du tout. Et tandis que chacun des autres s'extasiait qui sur le talent du réalisateur, qui sur la place que le film en question méritait dans son top 3, je tentais de faire le point dans ma pauvre tête : à côté de quoi, donc étais-je passé ? Certes, je sortais du Guédiguian, où j'avais assez pleuré (très agréablement, même), et je n'avais pas très envie, a priori, de voir celui-ci, mais bon j'étais prêt à faire l'effort. Et l'ai donc fait.

Je me suis efforcé de rester jusqu'au bout, j'ai fait cet effort, mais je dois dire que ce cinéma-là m'est resté parfaitement (et hermétiquement) hermétique. Bruno Dumont ? J'avais aimé La vie de Jésus, failli sortir à L'Humanité, j'avais énormément aimé Flandres, et tout autant été exaspéré par Hadjewich. 2 à 2, donc, et celui-ci devait faire l'arbitre. La balance a penché, et pas du bon côté.
Ce film ne me... concerne pas. Dumont est un auteur, dont l'exigence n'a d'égale que l'inamabilité (je ne parle pas de l'homme, je ne le connais pas, je ne parle que du film). Cette volonté patente d'être contre, de filmer des gens moches, dans des lieux moches, faisant des choses moches, mais filmés avec un sens amoureux du cadrage. De montrer des gens du petit peuple, (que d'aucuns qualifièrent de "vrais gens") pratiquer l'ascèse comme vous et moi mangeriez des cacahuètes, dans une histoire à la fois simplissime, brute de brute de brute, et mysticissime de chez mystique.
Dégraissez  les dialogues au maximum (ou rendez-les incompréhensibles), ôtez la musique (quelle compromission qu'un film avec de la musique) guettez des jolies lumières célestes dans ces (beaux) plans larges de la Côte d'Opale, faites-y s'agenouiller régulièrement les personnages principaux (le vagabond et la gothique). Ah, j'oubliais la scène d'exorcisme ou quelque chose d'approchant (imaginez L'Exorciste tourné moitié par Bresson et l'autre par Pialat), la (rituelle chez Dumont) scène de baise clinique (on pourrait parler de saillie) dans l'herbe froide avec bave d'épilepsie en couronnment orgastique, et quelques scènes de meurtres encore une fois -heureusement ?- bressonniennes (coup de fusil, pierre levée, coups de bâton) pour faire contrepoids.
Le film étant ponctué de noirs, je me suis pris à espérer à chaque fois que ce serait le dernier, mais non. Ca dure et ça dure et ça
Quelle épreuve. Et quelle prétention déguisée en modestie, très faux-derche (Tartuffe, puisqu'il est question de foi). Bresson lorsqu'il emploie des non-professionnels se contente de prendre des "vrais gens", vous et moi, et ne prend pas un incontestable plaisir à ne sélectionner que des spécimens exclusivement cabossés, abîmés, (une ami vosgienne à moi dirait "des spécimens de fond de vallée".) comme le fait Bruno D. Bresson les respecte (comme il respecte le spectateur) et je ne suis pas du tout certain que Dumont le fasse, lui. Il y a chez Dumont un paradoxe essentiel et monstrueux  que je perçois, brutalement, frontalement, sans pouvoir l'expliciter davantage, sans parvenir à le  décortiquer par les mots. Il est question de regard, de violence, de sincérité, d'intériorité.
Et que ce cinéma-là est décidément un pan du cinéma qui me restera à jamais incompréhensible (il existe toutefois relativement peu de ces cinéastes brutaux qui me laissent ainsi à la porte de leur oeuvre (car c'est bien d'oeuvre qu'il s'agit)
Mais bon, hein, je peux me tromper... C'était peut-être juste le mauvais soir, la mauvaise heure, le mauvais film, toute une  conjonction malheureuse et néfaste d'événements fâcheux.

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25 novembre 2011

à la sainte catherine...

"A la Sainte-Catherine, tout arbre prend racine"

 

"A la Sainte-Catherine, tout pâté prend terrine"
"A la Sainte-Catherine, tout beurre tourne à la margarine"
"A la Sainte-Catherine, tout Youri sent Gagarine"
"A la Sainte-Catherine, tout pain manque de farine"
"A la Sainte-Catherine, toute Viard s'appelle Karin"
"A la Sainte-Catherine, tous les gars sont dans la Marine"
"A la Sainte-Catherine, toute la coke est dans les narines"
"A la Sainte-Catherine, tout pèlerin prend sa pèlerine"
"A la Sainte-Catherine, toute femme se sent chagrine"
"A la Sainte-Catherine, toute bouche est purpurine"
"A la Sainte-Catherine, toute confiote est en verrine"
"A la Sainte-Catherine, toute servante était Perrine"
"A la Sainte-Catherine, tout foie aspire à la Boldoflorine"
"A la Sainte-Catherine, toute russesse se sent tzarine"
"A la Sainte-Catherine, toutes les grandes sont Catherine..."

(c'est idiot, je sais, mais je n'ai pas pu m'en empêcher...)

 

19 novembre 2011

l'armistice est signé

50/50
de Jonathan Levine

Celui-là, j'aurais pu le voir en proj' de presse aux vacances de la Toussaint, si l'attaché de presse de la boîte en question avait daigné répondre à mon mail. J'avais envie de le voir pour une seule et unique raison (oui oui j'assume) : Seth Rogen, gros nounours découvert dans les films de Judd Apatow, et dont c'est rien de dire qu'il me fait de l'effet...
Un jeune homme apprend qu'il a le cancer (ah, ça rigole déjà moins, hein ? s'il y en a un qui dit "encore ?", je lui colle une gifle) et doit donc suivre le parcours obligé : l'annonce aux proches, la chimio, les effets indésirables, la thérapie, l'opération, mais comme c'est d'après une histoire vraie, on sait déjà que ça finira bien.
Le jeune homme, c'est Joseph Gordon-Levitt, déjà (agréablement) vu dans maints films indépendants et/ou sundancesques. Il a une copine mais leur relation vacille, et voilà-t-y pas que sa nouvelle thérapeute s'avère être tout aussi mimi qu'inexpérimentée (professionnellement), et qu'entre les deux son coeur aussi vacille. sans oublier que sa maman est Anjelica Huston, et que c'est rien de le dire... et que son meilleur pote, c'est donc Seth Rogen.
Le film se laisse voir, plan-plan, ne force pas trop sur les lacrymales mais ne sollicite pas outrageusement non plus les zygomatiques. Seth Rogen fait  -heureusement ?- son Seth Rogen à donf (le genre "adorable bourrin" comme j'aime) il est là pour dire bite couille pipe et branlette, et il remplit  son office, un peu sans surprise quand même.
Le film est sympathique mais aussi maladroit (et je pensais, en le regardant, que si Intouchables est racoleur, celui-ci pourrait tout aussi bien quasiment être qualifié de putassier, non ? ou bien je n'ai rien compris ?) en déséquilibre, quoi, des fois agaçant et des fois mou-mou d'ailleurs je me suis un peu endormouillé au milieu (smiley confus).
Alors, Seth Rogen ? Autant revoir Funny People, Zack et Miri tournent un porno ou 40 ans et toujours puceau! (non, c'est vrai, il n'est pas gâté par les titres de ses films)

 

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14 novembre 2011

plus une goutte

BEAUTY
d'Oliver Hermanus

Celui-là, j'avais souhaité qu'on le programme, mais finalement je ne savais plus jusqu'à quel point j'en avais envie, l'avis de Zvezdo m'ayant encore un peu refroidi, car, glacial, le film l'est, et même aussi glaçant parfois (pourtant on est en Afrique du Sud et tout le monde transpire).
C'est le portrait d'un beauf 100% pure beef (comme dirait Libé "tout en poils et en muscles"), le bourrin moyen : moyen beauf, moyen raciste, moyen père de famille... normal quoi, en apparence. Sauf que. Il a un léger problème dont il ne peut parler à personne : il aime  coucher avec des messieurs ; il le fait d'ailleurs régulièrement (et assez lugubrement, d'ailleurs). Le reste du temps, il ment. A sa femme, à ses employés, et à lui-même surtout.
Deon Lotz, l'acteur qui l'incarne, est vraiment saisissant dans ce rôle -on penserait presque parfois à James Gandolfini, des Sopranos- une montagne virile comme avec une petite souris qui la rongerait de l'intérieur. Un mastard soudain pris de vertige lorsqu'apparaît dans son champ de vision un jeune et joli bellâtre, le fils d'un ami de la famille, d'ailleurs, pour qui il va illico nourrir des sentiments, inavouables bien évidemment pour ce parangon de virilité hétéromorphe qu'il est censé (réduit à) incarner.Invivables.  Il va se mettre à mentir un petit peu plus, pour tenter de se rapprocher du jeune homme, pour vérifier si leurs comportements sont compatibles.
Le côté "je le désire, je ne sais pas ce qui m'arrive, qu'est-ce que je peux faire, je sais pas quoi faire" est assez fidèlement et finement rendu (en plus, c'est un mode de fonctionnement que je connais bien puisque je le pratique -pratiquais- régulièrement). Les regards, l'attente, les gestes, les frémissements. l'équivoque. La suite est plus éprouvante (notamment lors d'une scène de climax quasi insupportable.)
C'est peut-être le traitement qui pose problème. Le montage un peu languissant, les plans de coupe paysagers (c'est saisissant, juste après avoir vu Il était une fois en Anatolie, où les images de paysages, justement,  étaient partie intégrante du récit, ici elles ne sont qu'illustrations plates et un peu vides, extérieures, en tout cas), des choix de montage et de mise en scène discutables. Une tristesse profonde et irrémédiable. Et les ambiguités et les ellipses, plutôt brutales, du récit.
Un beau portrait d'un homme dévasté (de deux, en fait) mais des promesses hélas non complètement tenues. Frustrant  (c'est le cas de le dire).

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13 novembre 2011

"celui qui tient le pot de miel...

IL ETAIT UNE FOIS EN ANATOLIE
de Nuri Bilge Ceylan

... il se lèche les doigts..." C'est un proverbe local, entendu dans le film (et recopié à tâtons dans le noir pour ne pas l'oublier), et c'est ce que j'ai fait pendant deux heures trente, tellement j'ai aimé ce film. Bon, certes, je ne suis peut-être pas tout à fait impartial, et, si ce film se fût passé, au hasard, en Nouvelle-Zélande ou au Burkina-faso,  je l'aurais peut-être reçu avec moins d'enthousiasme gourmand (ou de gourmandise enthousiaste) à propos de ses autochtones. Que voulez-vous, j'ai pour ces beautés moyen-orientales un appétit certain, (je devrais mettre "beautés" au masculin, pour être plus exact), et c'est vrai que, pendant toute la première partie du film (il y en a, grosso-modo, deux, qu'on pourrait nommer "la nuit" et "le jour"), pendant la nuit, donc, on va voyager sur des routes cahotantes et anatoliennes en compagnies de divers spécimens de la faune virile locale standard : des rondouillards, pileux et mal rasés, bref, juste comme je les aime (sauf le "héros", qui, s'il est aussi moustachu et mal rasé, est juste beau).
Beau, le film l'est aussi, incontestablement, considérations pileuses mises à part, et j'avais tellement envie de ne pas en perdre une miette que j'ai résisté à l'envie d'aller aux toilettes pendant la projection. Oui, déjà, plastiquement, c'est une merveille. Les scènes d'ouverture (un gros plan à travers une vitre sale, puis un extérieur crépuscule devant un garage) m'avaient déjà "harponné", et les suivants ne font que confirmer. Le cinéma de Nuri Bilge Ceylan me fascine et me comble. Les paysages anatoliens y sont pour quelque chose, certes, mais pas que.
Toute la première partie  est une forme de road-movie turc nocturne et minimal (3 voitures, dans lesquelles sont entassés : des sommités  (un procureur, un commissaire, un médecin -c'est lui le "héros"-), des flics, des hommes à tout faire, et un meurtrier) à la recherche d'un cadavre enterré par le susdit meurtrier qui ne se rappelle plus où. Lumière des phares, pénombres, visages fatigués, conversations fractionnées, arrêts répétitifs, interrogations, exaspérations... C'est plus que la recherche d'un cadavre qui se joue, ici, quelque chose de plus profond, de plus ample, et à la fois de plus simple. Juste des hommes ensemble, et, comme écrivait Léo Ferré "avec des problèmes d'hommes, des problèmes de mélancolie"...
Dans la nuit les voitures tournent un peu en rond (ils n'auront fait au matin qu'une trentaine de kilomètres) et ainsi font dans les bagnoles les petites ritournelles existencielles de chacun. Le procureur bonhomme, le commissaire sanguin, le docteur tristounet, chacun s'entr'ouvre un peu à l'autre, les histoires se frottent, les demi-mots flottent, c'est mystérieusement et continuellement passionnant (comme dirait Dominique, "avec un sujet pareil, on aurait pu/dû s'ennuyer, mais pas du tout...") On allume des cigarettes, qu'on fumera ou pas, on s'arrête pour pisser, on rigole... Choses simples, c'est la vie. Le réalisateur à partir d'un matériau de base plutôt brut, presque trivial, façonne on ne sait comment une étoffe narrative lyrique dans sa simplcité. Fascinante.
Les hommes vont alors faire une pause et s'arrêter dans un village pour casser la croûte. Belle scène de repas, conversations croisées, leur hôte est aussi une sommité, c'est le Maire du village, dont la fille venant servir le thé à la fin du repas va fournir au film une scène sublime (c'est le premier personnage féminin qui apparaît dans le film, et c'est vraiment, au sens strict, d'une apparition qu'il s'agit.)
Le jour s'est levé, mais le film n'est pas terminé, et entame sa deuxième partie, d'abord autour du corps du défunt (qu'on a enfin retrouvé) lors d'une scène curieusement en équilibre entre le cocasse et le flippant, puis retour en ville où il sera surtout question du médecin. (C'est lui le héros). Tout seul, puis avec le commissaire, puis en salle d'autopsie. Là encore, à partir de pas grand chose, la narration de Nuri Bilge Ceylan fait des merveilles...
J'ai presque tout raconté, mais ça n'a pas vraiment d'importance, le récit est presque un prétexte, c'est à un autre niveau que les choses se jouent. Les scènes se suivent et s'agencent fluidement, superbement, (j'avais envie d'écrire "s'enchâssent", pour le sentiment admiratif, presque religieux qu'elles provoquent, comme des objets précieux qu'on manipulerait avec précaution, alors que non, justement, il n'y a là-dedans rien que de très simple, de profondément humain.), on écoute, on regarde, on perçoit, on reçoit (on tente de reconstituer ce qui manque, ce qui n'a pas été dit, on se fait sa propre histoire, on cherche son pourquoi). Ce qui compte, peut-être, c'est ce rapport très particulier au temps qu'induit le réalisateur : sans vraiment dilater la durée, il prend le temps, il prend à chaque fois le temps spécifiquement nécessaire à chaque plan. C'est difficile à expliquer, mais le plaisir qu'on éprouve tient à cette qualité, à cette justesse-là.
On les a accompagnés, on a du mal à les quitter... On a envie de les revoir, oui. (Ca sera dans le bôô cinéma, mais pas avant décembre, hélas.)

Oui, ce film m'a fait forte impression.
Top 10

19819716
(le titre est trompeur, mais l'affiche aussi, je trouve...)

 

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