Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
12 septembre 2012

"c'est spéciâââl..."

LAURENCE, ANYWAYS
de Xavier Dolan

Il y a ceux qui s'écoutent parler, Xaveir Dolan, lui, est du genre de ceux qui se regardent filmer. Ce jeune homme est extrêmement doué, il le sait (et n'en doute pas une seconde) et nous en fait profiter, certes, mais sans aucun sens de la retenue voire de l'économie : deux heures quarante c'est long (surtout vers la fin, dirait Woody Allen), et le film eut été aussi intense, voire encore plus efficace, avec, disons, une heure de moins.
D'autant plus que, si la première partie est vraiment réussie, la deuxième moitié du film ne fonctionne que sur la répétition d'un même schéma (on se sépare / on se retrouve / on se re-sépare / on se re-retrouve / on se re-re... etc.) répétition qui n'apporte rien de nouveau à la narration, nous faisant au contraire ressentir, malgré les mouvements de caméra aux petits oignons, les éclairages chiadés et les cadrages raffinés un désagréable sentiment de surplace. (ah! le fameux "ni avec toi ni sans toi")
La situation est quand même dès le début voué à l'échec : lui voulant assumer la femme qui est en lui, mais une femme qui aime les femmes (il veut être lesbienne, quoi!), tandis qu'elle a besoin d'un homme : comment voulez-vous que ces deux-là réussissent à s'entendre ?
Il ya un truc qui est super efficace chez Dolan, c'est la musique, ou plutôt l'utilisation de la musique. Alors que dans la majorité des films la musique est un élément qui arrive après, qui accompagne, qui s'intègre au reste, il semblerait qu'ici ce soit l'inverse, que  la musique soit l'élément important, préexistant, et que ce soit alors le reste de la scène qui vienne s'assujettir à elle. Souvent, ça fonctionne je dirais presque trop bien (je pense à l'extraordinaire première scène du film, un travelling en caméra subjective sur toute une série de visages de mecs en regard-caméra, sur une musique qui justement "porte" et transcende la scène (mais que je n'ai hélas pas eu le temps de noter au générique...) Non seulement Dolan est doué pour filmer, mais il l'est aussi pour choisir les musiques de ses films! lui reste à se doter d'un peu d'"humilité" cinématographique pour être vraiment un excellent réalisateur... remarquez, il a le temps, vu l'âge qu'il a, hihihi! C'est drôle, finalement : le personnage de Laurence, qui, devant ses élèves, trouve Proust trop long ("300 pages pour expliquer que Tuture encule Tatave...") aurait peut-être pu suggérer à son réalisateur que "2h49 pour ni avec toi ni sans toi", c'est un peu longuet aussi, non ?
(je ne suis pas très original : je viens de retomber sur le post que j'avais écrit sur Les amours imaginaires, et j'y utilisais déjà les mots "se regarder filmer"...)

20138436

Commentaires
T
Le sont-ils tant ? Car pour ma part, je viens depuis des années faire de temps à autre un tour dans tes "lieux communs" dont j'ai connu l'existence, me semble-t-il, par l'entremise de Psykokwak ;-)
Répondre
C
Merci Thomas, oui c'est bien la musique que je cherchais!!!<br /> <br /> merci de m'avoir aussi permis de faire la connaissance de ton blog, où je découvre, disons, des points communs...<br /> <br /> :)
Répondre
T
Bien vu de renvoyer dans la jolie gueule de Dolan, la réplique sur Proust. <br /> <br /> Quant à la musique, s'il s'agit de celle qui a été conservée pour la bande annonce, il s'agit de "a new error" par les berlinois Moderat :<br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=1J9l3O1jmrg&feature=player_embedded<br /> <br /> , morceau que j'avais remarqué dans un autre film très réussi : Shahada : <br /> <br /> http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19190999&cfilm=177694.html
Répondre
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 494