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lieux communs (et autres fadaises)
30 novembre 2012

beans on toasts

TERRI
de Azazel  Jacobs

Un petit gros film "indépendant" américain, autour d'un très gros garçon en pyjama qui parle doucement, aime les toasts au haricots, se prend de fascination pour les pièges à souris, et est pris en affection (et en charge, d'une certaine façon) par le proviseur (adjoint, précient les autres critiques) du collège où il arrive régulièrement en retard - et en pyjama -. L'univers de Terri (le gros garçon placide et touchant) est peuplé de gens "singuliers" : l'oncle Raymond, avec lequel il vit, qui souffre visiblement de troubles psychiatriques, sans qu'on sache bien lesquels, Mr Fitzgerald, le proviseur-adjoint frisé (John C. Reilly, acteur que j'aimé énormément - de The Hours à Carnage -) et trop jovial pour ne pas cacher quelque chose, Mrs Hamish, sa secrétaire tousseuse, voici pour les adultes, mais les adolescents ne sont pas mieux lotis : entre celles qui ricanent, celui qui s'arrache les cheveux et est régulièrement expulsé, l'autre, érotomane, qui ne pense qu'au minou des demoiselles, celle qui est trop jolie... on a ici aussi droit à un joli catalogue...
Mais on n'est pas dans Freaks, juste dans un film simple, solaire, bruissant, chaud et chaleureux, où un réalisateur en empathie avec ses personnages ne ferait qu'esquisser (et mettre en place) une ode douce à la tolérance, au respect, et à l'estime de soi... Joli programme ("because we are monsters..." suggèrera Terri au proviseur, lorqu'il essaye de comprendre l'attachement que celui-ci lui porte.) When you are strange est le titre d'un autre film, mais il aurait tout aussi bien pu s'appliquer ici. L'univers de Terri est à la fois très réel, ou du moins réaliste, mais on n'est jamais tout à fait sûr de (comprendre) ce qu'on y voit.
Le gros garçon (Jacob Wysocki) est sensationnel, et tient tête à John C.Reillychou sans démériter.

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22 novembre 2012

micro111

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j'ai mangé du caviar (de saumon) : c'est rouge, et c'est salé...

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"un rebelle en peau de lapin"
(quelqu'un que j'abomine, à propos de quelqu'un que j'aime plutôt bien...)

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Kristin Scott-Thomas casse les couilles à Philippe Claudel

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Quand j'étais plus jeune, j'ai souvent fait des soufflés au thon

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j'écris généralement il ya à la place de il y a

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"avec des croûtons et du bruyère"

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mélanges apéritif : les turcs ont des plus grosses noix...

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connaissez-vous le chou kale ?

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Guillaume Gouix dit qu'il est ami avec Florence Loiret-Caille

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j'ai mangé de la purée de panais

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noctobre

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probablement les meilleurs artichauts que j'ai(e ?) jamais mangé : ils avaient cuit trois heures!

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21 novembre 2012

side-car

MORGEN
de Marian Crisan

Découvert en faisant un peu de rangement que je l'avais dans mon disque dur externe (comment diable est-il arrivé là hihi) et regardé donc illico ce premier long-métrage d'un jeune réalisateur roumain (que j'ai d'abord, vu son prénom, pris pour une réalisatrice, bêta que je suis.)
L'affiche pose le décor : deux hommes dans la même machine : le conducteur est un grand roumain taciturne (aux agréables faux airs de David Morse un tout petit peu empâté) et un petit turc noiraud barbu et bavard (qui restera d'ailleurs en v.o non sous titrée pendant tout le film.) Nelu est vigile dans un supermarché, et vit à la frontière roumano-hongroise (avec tous les tracas inhérents au franchissement de frontière, par exemple avec une carpe dans un seau, face à des fonctionnaires douaniers terriblement tâtillons), tandis que  Behran est un clandestin sans papiers venu de Turquie qui veut traverser le pays se rendre en Allemagne.
Les deux hommes vont se rencontrer lors d'une des quotidiennes parties de pêche de Nelu (l'un est au bord, l'autre est dans l'eau), qui va ramener Behran (dans son side-car) jusqu'à la maison isolée où il vit avec sa femme (une marâtre roumaine dans toute sa splendeur ronchon), lui donner des vêtements de rechange et même l'héberger dans sa cave, avec les patates...
Une relation qui ne peut passer par le langage (ils ne parlent que leurs langues respectives et ne se comprennent pas) mais qui s'établit et se consolide toutefois, évoluant vers ce qu'on pourrait nommer amitié (ou fraternité). (un grand roumain, un petit turc : le sous-texte pourrait bien m'affrioler....)
C'est très... roumain (je l'ai dit et je le répète, j'adore ce cinéma), avec fiction quasi-documentaire (ou l'inverse), plans-séquences patients, quotidien non enjolivé, palenka, décors désolés, humour à froid, humanité patente, démerde et débrouillardise. des films quon pourrait qualifier quasiment "de combat" tant ils sont réalisés dans une économie minimale (mais avec un rendement maxi). Et le fait que la vue d'un side-car roulant sur fond de soleil levant (ou couchant) soit en plus très agréable à l'oeiln efait que rajouter un peu de plaisir à l'entreprise.
Un film simple, un message fraternel, une étreinte virile... on a le droit d'espérer, non ?

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(les deux versions de l'affiche : l'originale "par derrière" et la française "par devant" hihihi)

18 novembre 2012

partir revenir

MOBILE HOME
de François Pirot

Il y a des moments de bonheur quasiment parfait, comme celui ce soir qui fit s'enchaîner la bande-annonce du prochain film de Valérie Donzelli Main dans la main avec le début de ce film-ci, dont c'est rien de dire que je l'attendais. Posons en préambule que je suis très midinettement tombé en pâmoison pour Guillaume Gouix (depuis Poupoupidou et Hors les murs) c'est comme ça, c'est idiot je sais mais le coeur a ses raisons... vous connaissez la rengaine.
Bref j'ai abordé le film comme un gamin devant un saladier de crème anglaise (qui est une des choses au monde que je préfère) avec une petite cuillère à la main. Avec gourmandise et délectation.
On en avait parlé un peu quand il a été projeté au festival de Locarno, puis encore un tout petit peu quand il est sorti à la sauvette, fin août, et je désespérais de la voir quand un coup de pouce bienheureux d'une bonne fée barbue des Amis du Cinéma a réalisé mon souhait, et le voilà programmé pour trois (oui, 3!) séances dans le bôô cinéma.
J'ai couru à la première, et je retournerai (hihi) sans doute à la suivante. car c'est, nonobstant G.G, un superbe film. Un film simple sur le passage à l'âge adulte de deux copains, sur ce qu'est grandir, sur les choix qu'on a à faire, sur la fin des rêves d'adolescence, un road-movie immobile ou presque, qui parle avec tendresse et simplicité de ces deux gaillards grandis mais pas tout à fait encore sortis de la gangue de l'aolescence rêveuse et de la bienheureuse insouciance...
C'est une sacrée belle paire d'acteurs : Guillaume Gouix (je ne m'étendrai pas davantage), bien sûr, mais son ami (il n'y a pas d'ambiguité, c'est explicité plusieurs fois : ils sont hétéros grand teint, mais c'est plus fort que moi - et tellement délicieux - que de glisser un sous-sous texte gay, et c'est tout de même bizarre, rétrospectivement, que personne n'y fasse la moindre allusion : deux jeunots tout mimi qui habitent ensemble dans le même camping-car, oui oui même qu'on ne voit jamais comme ils dorment, hein, et pourtant visiblement il n'y a qu'un matelas, oh  hé, fermons la parenthèse) aussi (reprenant la phrase interrompue quelques lignes plus haut), Arthur Dupont (que je ne pense pas connaître) mais qui équilibre parfaitement la balance. Mieux que paire on pourrait d'ailleurs couple, tant ils fonctionnent sur le même modèle (mais "entre l'amour et l'amitié tralala...").

Je continue ce post, mine de rien, après avoir revu le film (en excellente compagnie : j'étais entouré de, excusez du peu, Zabetta, Marie et Catherine), et l'avoir autant - et peut-être même plus encore - aimé que la première fois. Quand on connaît l'histoire, on peut faire davantage attention au reste : comment c'est filmé, comment c'est monté (non non je n'ai rien dit, Guigui ne montre pas son kiki), comment c'est cadré, comment c'est musiqué. Et pour un premier film, chapeau. Comment on passe insensiblement de l'insouciance (de la comédie) à une certaine gravité, au fil d'un scénario vraiment bien ficelé, et tout aussi bien filmé. Les références qui me venaient par instant étaient plutôt flatteuses : Old joy pour l'aspect feu de camp et soirées à la belle entre potes, et Bouli Lanners aussi, pour la façon de filmer l'espace, une certaine géométrie urbaine.
Mais François Pirot a une façon qui n'appartient qu'à lui de filmer les gens - d'y être attentif - (il s'agirait plutôt de cercles familiaux, ou mieux de foyers : celui de Julien, celui de Simon, celui de Valérie - oh ce plan sublime où Guillaume Gouix qui l'écoute raconter Max et les maximonstres à son fils - avec, justement ce qui s'y passe ou pas, les flammes les braises ou les cendres. (Je l'ai déjà dit, dès que ça parle du rapport au père ça me touche profondément, et les deux personnages de pères (Jean-Paul Bonnaire et Jackie Berroyer), antinomiques, sont aussi parfaits l'un que l'autre...)
C'est vraiment ce moment particulier où chacun des deux jeunes est au bord du nid, sur le point de prendre son envol (pour filer la métaphore ailée) avec les hésitations, la peur de se casser la gueule, les bonnes mauvaises raisons de franchir -ou pas - le pas, il s'agit de faire des choix, de choisir une voie, de devenir adulte, de grandir, quoi. Et quelle belle image que ce camping-car ("ce n'est pas une caravane..." répètera Simon) posé au milieu du paysage, cet immobile-home ou les deux compères rêvassent leur avenir.
Et j'avoue que le réalisateur aura jusqu'au bout réussi à me surprendre (ou comment, dans un couple le plus fort des deux n'est pas forcément celui qu'on pense...) avec peu de mots et pas mal d'élégance.Oui, un sacré beau film.

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17 novembre 2012

françoise : à redire ?

A propos de Françoise Hardy, dont j'ai écouté le dernier album, avec circonspection, et un certain a priori négatif je dois l'avouer (le précédent La pluie sans parapluie fut aussitôt écouté aussi oublié), album finalement de plus en plus séduisant à l'oreille (et au coeur). Même si.
Précisons. Françoise Hardy (c'est le midinet qui parle) c'est d'abord une longue histoire d'amour. Les premiers souvenirs précis, c'est 1972, les passages en radio de La Berlue que je guette et qui me ravissent. J'ai 16 ans, j'adore cette chanson, et elle aussi (Françoise) je le trouve très belle. Superbe. Et bien figurez-vous qu'aujourd'hui encore c'est pareil. Je la trouve belle comme tout.
Il ya bien, sur, hélas, entre nous, les petites phrases qu'elle a ça et là jetées et qui ne pouvaient que me rester en travers de la gorge.  Ca avait commencé il y a longtemps, du temps de Décalages - le premier cd que j'ai acheté ! - , et des propos pro-borgne où c'est tout comme, que la rumeur lui avait alors attribués, et ça a continué plus récemment avec les propos qu'elle a tenus à propos de l'imposition à 75%...
Bon elle dit des conneries, ok, des choses qui me hérissent, ok, mais n'empêche.... je garde pour elle de l'affection, un genre d'affection indéfectible, celle que continue de lui garder l'ado de 16 ans qui gardait l'oreille vissée sur son transistor, et avait le coeur battant en écoutant la grande Françoise...
Et il faut reconnaître qu'il tient superbement la route, cet album... L'amour fou, titre très hardyesque qu'elle a donné aussi à son roman à la sortie concomittante. Dix titres, 36 minutes (un peu short, non ?) et au moins la moitié des chansons que j'aime vraiment beaucoup (gros faible pour Normandia, Rendez-vous dans une autre vie, L'enfer et le paradis, Si vous n'avez rien à me dire... de Julien Doré à Victor Hugo, hihi), ce qui fait que je vais peut-être réécouter une nouvelle fois le précédent album...

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c'est vrai qu'elle est belle, non ?

15 novembre 2012

le numéro de la voiture

(le début du rêve est extrêmement angoissant, oppressant, et, même si la suite est plus "anodine" je me suis réveillé très mal à l'aise...)

je monte en voiture avec un mec très violent, un genre de psychopathe, la voiture roule mais il ne conduit pas, il est assis à l'arrière -personne ne conduit d'ailleurs, mais la voiture roule... - je suis assis sur le siège passager à l'avant, il est visiblement très à cran il me demande (il s'agit de moi mais c'est comme si j'étais deux) de mimer un acte sexuel avec une fille dont il prononce le prénom mais qui n'est pas là, je m'exécute, je le sens de plus en plus énervé, je profite que la voiture ne roule pas vite pour ouvrir la portière et nous sautons en marche, tandis que le fou reste dans la voiture qui continue sa route...

je suis/nous sommes en rase campagne (je ne sais pas qui est l'autre) sans papier sans argent, je décide de repartir dans l'autre sens vers le village précédent on traverse un bâtiment en se tenant serré tous les deux, comme si l'autre était blessé, comme pour dire aux gens "ne vous inquiétez pas..."

l'autre me raconte que la nuit précédente à l'hôtel, avec le fou ... (?) et que le matin même, en montant dans la voiture il lui a brutalement serré les couilles

j'ai remonté tout une rue, il est question d'un papier qu'on me tend, qui est tâché, je réalise que c'est probablement de la confiture, et sur ce papier je lis / je recopie tout une série de renseignements sur la voiture, notamment le numéro des plaques minéralogiques (mais qui serait plutôt long comme un numéro de sécu) que j'ai recopié avec soin semble-t-il, mais qui me semble changer à chaque fois que je le relis, comme s'il n'était pas "stable"

de nouveau dans la rue (une seule rue, semble-t-il) , des travaux, beaucoup de monde, je repars chercher (?) , je retrouverai Marie et (?) un peu plus tard, j'apprends en relisant le papier que la voiture ne lui appartenait pas, c'était celle d'une femme (et quelqu'un à côté de moi me fait la remarque "Il a écrit Nénette avec 2 n ?")

(la chronologie des descnetes et remontées de rue est très confuse) je repars pour retrouver Marie, il y a un gamin à qui on donne à manger (et j'entends une voix qui prononce les mots "Pipi caca dodo", le film de Marco Ferreri) je retrouve Marie (avec des enfants ?) de l'autre côté de la rue, ils étaient cachés derrière un grand portail vert en fer forgé (les murs sont ocre)  Marie était inquiète à cause de mon retard, et me dit "en plus, ce matin, il y avait écrit sur ton blog "... (une phrase lyrique à propos peut-être du chagrin, ou de l'absence, mais que j'ai hélas complètement oubliée)", je lui réponds que je n'ai jamais écrit ça, mais elle dit qu'elle sait bien, que Chloé lui a dit ce matin que le Jihaf venait de pirater des centaines de blogs avec le même genre de phrases...

je vérifie sur mon téléphone, elle me demande ce que je fais, et je réponds "je regarde des images de ton mariage..." (en effet, la scène a été filmé par la porte d'entrée de l'église, mais, bizarrement, tous les gens sont assis comme sur des gradins, face à cette porte justement, il y a notamment des enfants que j'ai eus en classe il y a quelques années) je trouve ça très beau et j'en pleure d'émotion

auparavant, il a été question d'argent, notamment de deux billets de 5€ que je retrouvais dans mon porte-feuille (et j'en étais très heureux puisque je pensais que j'étais sans argent, et d'autre part de vocabulaire (ou de syntaxe ?), avec françoise s., que je  reprenais en corrigeant ce qu'elle venait de dire incorrectement à propos d'une certaine somme d'argent qu'elle possédait (comme si elle avait dit "j'ai encore 100€" et que je la corrigeais en disant que si elle possédait plus que cette somme, la phrase n'était pas correcte, mais c'est très flou)


auparavant, la même nuit , j'ai rêvé que je lisais un article de journal, (à propos d'un film de Fellini ?) où le journaliste, parlant d'une actrice (une cantatrice ? Ornella Muti ?) écrivait "elle svène", et que je m'interrogeais sur le sens de ce verbe que je n'avais encore jamais entendu, mais dont je comprenais globalement le sens (= elle est furieuse)

13 novembre 2012

Ben-hur et les sept mercenaires

LA PARADE
de Srdjan Dragojevic

Il faut le reconnaître, ça commence plutôt mal. Lourd le début, balourd, moche, indigeste, bref on s'attend au pire. Un mafieux de Belgrade a fait soigner son chien Susucre par un médecin qui s'avère être l'amant du "metteur en scène" de son futur mariage (au mafieux) avec Perle (une robuste blonde avec du caractère), metteur en scène qui est également un des principaux acteurs (mais ils ne sont pas beaucoup) de ce qui voudrait être la première gay pride serbe. A ce point, même si c'est moche et mal foutu, on se dit qu'au moins ce film a le mérite d'exister, et plutôt deux fois qu'une, qui plus est tourné dans une des régions les plus homophobes d'Europe.
Puis le film prend  la route, dans une minuscule voiture rose bonbon, avec à son bord le parrain et le médecin, pour une voyage où il s'agit en principe de recruter des gros bras pour encadrer la fameuse gay pride, mais où le réalisateur profite des passages de frontières successifs pour, d'une part, parler de l'autre chose qui visiblement lui tient à coeur ; la guerre fratricide serbo-bosniaco-kosovar et j'en passe qui (a) fait rage, et d'autre part entasser dans la petite bagnole rose d'un représentant (costaud) de plus, de chacune des communautés, à chaque passage de frontière, dans un plaisant et fervent (et irréaliste ?) hommage à la "communication non-violente" (ce que la parrain a écrit sur son avant-bras pour le mémoriser, et c'est d'ailleurs comme ça qu'a failli s'appeler ce post.) A ce moment, le film a pris soudain de la vitesse (et de la hauteur) avec des relents de folie (douce ? dure ?) comme les affectionnent ces films dits "des pays de l'Est".
Le retour à Belgrade, une fois la voiture remplie,  occasionne à nouveau hélas quelques baisses de régime et crachotements du moteurs (voire de pétarades scénaristiques), pour redémarrer heureusement de plus belle et nous offrir un dernier quart d'heure somptueux, de toute beauté (et de haute tenue.) Un film donc, au final, qui non seulement a le mérite d'exister, mais qui mérite tout à fait qu'on le défende, pour son message humaniste  de tolérance  et de respect mutuels, et ce malgré les faiblesses (maladresses) patentes.
On s'y attache. Au moins pour le personnage de Lemon, le mafieux, que le réalisateur a le talent de faire passer de l'état de grosse brute caricaturale et ridicule de bande dessinée (ou d'opérette), tellement il est esquissé à gros traits au départ, vers un personnage beaucoup plus réaliste (et, heureusement, ambigu), comme on mettrait au point, progressivement, sur une image floue, et que, débarrassé des outrances et autres clichés, il gagnait alors en profondeur, en simplicité - en humanité -  ce qu'il perdait heureusement en tonitruance et en gesticulations vaines.
On est face à quelque chose d'assez paradoxal : un film qui serait assez bourrin en apparence (et qui le revendiquerait) mais qui aurait comme un double fond, plus malin, plus roublard (ne serait-ce que par le jeu des références cinématographiques, qui ont d'ailleurs donné son titre à ce post), où justement il n'y aurait pas besoin de dire explicitement (et avec des gros sabots) les choses pour qu'elles existent néanmoins, et de les faire passer ainsi de façon beaucoup plus délicieusement ambiguë alors (le personnage de Lemon, bien entendu).
Le message fraternel et égalitaire (les pédés comme minorité sexuelle, au même titre que les Serbes, par exemple), même s'il est empreint d'une certaine candeur, est au bout du compte le ciment qui stabilise (et justifie) l'édifice et représente le "petit plus" (le "supplément d'âme") que, par exemple, les films de Kusturica - par exemple -, bien que jouant quasiment dans la même catégorie "virile" (tronches, gros flingues, fanfares, baffes, bitures) ne possèdent pas forcément (Y a-t-il chez Kustu un seul personnage de pédé ?).
On peut regretter que les personnages d'homosexuels restent cantonnés dans le domaine du cliché à gros sabots (mais peut-être le réalisateur a-t-il voulu justement montrer que même la frange la plus - grossièrement - "visible" de la minorité méritait aussi d'être défendue ? (sous-sous texte gay), et qu'au cliché de l'hétéro beauf velu et gueulard on pouvait accoler celui du pédé sensible, artiste, pleurnichard (et gringalet) - et qui plus est à la coupe de cheveux improbable - ?
Le film serait alors à l'image de sa baston finale (ils sont sept  - hétéros et homos mélangés - pour défendre une parada rikiki, face à des centaines de crânes rasés, et va s'ensuivre un assaut quasiment aussi irréaliste que ceux des films de kung-fu - sauf qu'ils ne sautent pas à cinq mètres de haut -, une bagarre joyeusement bordélique (n'aurais-je pas déjà utilisé cette expression à propos de Gangs of Wasseypur ?) une empoignade cinématographique ou chacun (et chacune) va donner le meilleur de soi-même pour défendre les autres.
Le climax  dramatique (mélo ?) qui s'ensuit n'était peut-être pas indispensable - mais a le mérite d'être inattendu - tandis que la scène finale, elle, l'était vraiment (indispensable) faisant mine de mettre quelques points sur quelques i (mais en laissant quelques autres en suspens...) d'assez intelligente façon.
Un film à défendre joyeusement donc, avec trompettes,  ballons, chars et banderoles... Pride, vous avez dit pride ?

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(euh.. par contre, la référence à La visite de la fanfare, à part la musique, je vois pas bien le rapport...)

ps : le film sortira le 16 janvier prochain.

 

11 novembre 2012

tant de toussaint

Quinze jours donc (même si on doit sans pitié rembourser les deux supplémentaires)
Pour quoi faire ?
rien à première vue, puis quand même :

J'ai donc :

- appris (presque tout seul) à ouvrir les huîtres, et m'en suis donc offert
- mangé du cavier à l'apéritif
- préparé (et assisté à) deux soirées-cinéma ma foi assez différentes : Gangs of Wasseypur et Rude boy story
- pris l'apéritif chez des gens chez qui je n'étais pas allé prendre l'apéritf depuis longtemps
- joué deux jours consécutifs (dans des lieux différents et avec des amis différents) et gagné toutes les parties
- peaufiné mon play-back de "Il nous faut de l'amour" (notamment dans ma voiture sur un parking vide!)
- appris une page et demie de La peau et les os de Georges Hyvernaud, et y ai pris goût
- reçu un ex-amant, toujours ami et fort longuement parlé
- assisté à l'avant-avant-première de Comme un lion
- pensé à (et dégrossi) l'affiche pour La semaine du Cinéma Latino 2
- terminé - en avance - le rapport d'activité 2011/2012
- découvert avec plaisir le dernier album de Benjamin Biolay (et celui de Françoise Hardy)
- constaté que j'étais entouré de gens sujets à la céphalée, mais pour des causes différentes
- déploré de ne pas avoir eu le temps de lire
- toussé pendant une semaine (et ai donc bu force laits chauds au miel et autres citrons chauds)
- profité du fait que je n'avais (presque) plus mal au dos
- découvert avec un peu de retard l'album de Au revoir Simone, et réalisé que j'adorais ça
- gravé au moins 3 nouvelles versions du "juke-box for the car"
- ignoré complètement tout ce qui avait trait au boulot
- remodifié 50 fois l'agenda pour Emma
- rêvé copieusement (mais qu'est-ce que c'est long à retranscrire le matin!)
- cuisiné du magret aux pommes en croûte
- ... bah, c'est pas mal, quand même, pour quinze jours, comme, justement, rapport d'activité!

10 novembre 2012

l'apprenti

COMME UN LION
de Samuel Collardey

Vu en avant-avant-première (hmmm c'est si bon de se sentir happy few...), ce deuxième long-métrage du réalisateur (franc-comtois, ceci explique cela) de L'apprenti, qui nous enchanta il y a quelques années, et avec lequel on retrouve indéniablement des passerelles et des similitudes.
Il s'agit ici aussi d'un adolescent, en situtation d'apprentissage, sauf que cette fois-ci il est sénégalais (le film débute sous le soleil africain et finira sous le feu des sunlights) mais tout aussi charismatique et attachant que l'était celui du premier film. Il s'appelle Mitri, vit avec sa grand-mère, joue très bien au foot,a été repéré sur le terrain dans son village par un "sélectionneur" (qu'on assimile vite à un margoulin local lorsqu'il va demander à la grand-mère de se saigner aux quatre veines pour envoyer le gamin en formation dans un club en France.) et prend l'avion destination Paris. On pressent la combine, et c'est effectivement ce qui se passe. Dès l'arrivée en France la belle machine à espoir se grippe, et notre Mitri va tomber de Charybde en Scylla, fracassé d'abord contre la dure réalité (le première scène en france se déroule à l'aéroport et fait intervenir notre "glorieuse" police nationale) mais rebondissant avec obstination et constance, tendu qu'il est de toutes ses forces vers son but, son rêve : être intégré dans un club de foot (c'est Sochaux qui ferait bien l'affaire...) et devenir pro.
Il sera donc successivement abandonné, puis aidé, pris en charge, recueilli, hébergé, Il tombera une première fois, se relèvera... On se dit qu'on a affaire à un conte tant les épreuves successives et les personnages y intervenant en semblent archétypaux, mais l'on apprend ensuite qu'il s'agit -au départ- d'une histoire réelle. Une belle histoire.
Précisons tout de suite, malgré ce préambule qui pourrait paraître "clinique", que j'ai trouvé le film absolument formidable. Je suis  bon public, je vous l'ai déjà dit, et j'ai joué le jeu à fond. Et il m'est arrivé à plusieurs reprises, oui oui, de verser ma larmichette. Ce portrait d'un jeune sénégalais transbahuté (transplanté) à Montbéliard est réalisé avec cette grande finesse, cette profonde humanité, ce sens inné des rapports humains, cette chaleur, qu'on connaissait déjà à Samuel Collardey. Qui persiste et signe.
Car la course d'obstacles de Mitri pour parvenir à ses fins (je dois avouer que c'est la première fois de ma vie que j'avais la larme à l'oeil en voyant un jouer de foot entrer sur le terrain, et de dos en plus...) n'est jamais jouée en solo, mais grâce à l'aide de tous les intervenants successifs, notamment, et surtout, un entraîneur bourru (bourrin ?) et comme perpétuellement à cran (Marc Barbé, qui m'avait déjà fort impressionné dans Sombre et Trois-Huit) qui va jouer pour le gamin -en plus rude- le rôle du maître de stage de L'apprenti (autre thème récurrent ici, celui du "père de substitution".)
Il y a, incontestablement, chez Samuel Collardey, un goût du travail bien fait, de la belle ouvrage, la mise en pratique d'un savoir-faire, d'une expérience, aussi patiemment acquis que transmis. Si c'était un meuble, ça serait un sacré beau meuble en bois massif, fait dans les règles de l'art, un truc solide, et en même temps aussi agréable à l'oeil qu'au doigt, poli et poncé avec autant d'attention qu'il fut assemblé. Un truc fait tout à la main, super bien fini, avec en filigrane la trace de l'homme plutôt que celle de la machine.
Car Collardey s'y intéresse, au "petit peuple", aux gens comme vous et moi, c'est d'eux qu'il parle, sans dérision ni flagornerie. Il est, humainement, autant à hauteur d'homme qu'il est, cinématographiquement, à la hauteur de son propos. Une belle histoire ? Un beau film, donc, à cause de ce que je nommerais la belle âme de son réalisateur. Que ce soit l'Afrique, les rues de Montbéliard (ou Audincourt ?), l'usine Peugeot ou le stade de Sochaux, on n'est jamais dans l'illustration plate et/ou utilitaire, "gratuite", il y a toujours le "petit plus" cinématographié (parfois la musique, parfois le cadrage, parfois un détail, une respiration, un instant, parfois tout ça ensemble) qui vient faire vibrer la corde sensible et transcender le récit.
Le seul bémol que j'ai par rapport au film, c'est qu'il risque de faire miroiter aux alouettes un destin de rêve à quelques, justement, apprentis-footballeurs (car, bien sûr, il s'agit au départ d'une histoire vraie, mais serait-elle encore modélisable ?) Mais bon, hein, le cinéma n'est-il pas fait aussi (ou surtout) pour rêver ?

 

COMME+UN+LION

7 novembre 2012

triangle japonais

LIKE SOMEBODY IN LOVE
d'Abbas Kiarostami

Je ne devrais pas normalement rédiger un post sur ce film, tant j'y ai dormi. Mais pas un sommeil boum! où on tombe comme une masse, non, celui, beaucoup plus vicelard, où on fait des efforts désespérés pour rester éveillé : on voit une image où deux, hop! black les yeux se sont fermés (on s'en rend compte quand on les ouvre, on tente de de persuader qu'on ne va pas dormir, qu'on ne peut pas dormir, qu'il ne faut pas dormir, puisque c'est la dernière fois, que le film ne passera plus, etc. Mais le cerveau n'en a cure, et vous sentez que vous ne pouvez pas garder les yeux ouverts, et donc le film devient une série d'images avec plus ou moins de sens entrecoupées de micro-sommes. très très énervant, et il n'y a rien à faire, on n'a même pas l'energie nécessaire pour, par exemple, se lever et aller marcher un peu (remarquez, la même chose m'arrive dès que je m'assied sur mon ca'pé, la zapette à la main, et, lorsque je me relève, c'esten général pour aller me coucher...)
Tout ça pour vous dire combien ça m'a énervé de roupiller ainsi, tellement ce que j'ai vu du film m'a (énormément) plu. Bon j'ai vu la première demi-heure en entier, la dernière idem, et le milieu un peu en rondelles... Plastiquement, c'est magistral (pour moi, bien sûr) lumières, cadrages, beaucoup de reflets (c'est beau Tokyo la nuit) de fenêtres, vitres, (de rideaux, même aussi) qui viennent encadrer recadrer décadrer les personnages et/ou les scènes qu'ils jouent. C'est filmé avec tact, avec délicatesse, avec grâce et intelligence (on est, du coup, et plusieurs fois, très loin de Téhéran, qu'on a connue d'ailleurs presque toujours filmé de jour (mais peut-être mes souvenirs me trahissent). Tout est lisse, laqué, uni, comme précieux dirait-on, et le filmage du coup en redouble d'élégance.
J'avais -paradoxalement ? - le sentiment de retrouver -enfin !- mon Abbassounet chéri chéri, après un Copie conforme qui ne m'avait absolument pas convaincu (peut-être parce que Binoche irradiait tellement qu'elle cramait tout autour d'elle, ainsi avait-elle du aussi carboniser le scénario...)
Non pas qu'ici le scénario soit beaucoup plus complexe (trois personnages : une jeune prostituée, son jeune copain bouillant et un vieil intello, client de la demoiselle, et c'est tout. Ah si, un quatrième personnage, qu'on ne verra qu'à peine quelques secondes, mais qu'on aura auparavant beaucoup entendu : celui de la grand-mère de la demoiselle, venue passer la journée à Tokyo pour la voir, et qui passera la journée justement à l'attendre en lui laissant des messages. Ce contrepoint familalo-affectif (et téléphonique) est véritablement poignant, et nimbe  le film d'une sourde émotion que, sans lui, il aurait peut-être eu  plus de mal à générer.
Chacun des sommets du triangle a quelque chose à voir avec chacun des deux autres. Mensonges, illusions, interrogations, faux-semblants. Une partition presque musicale, pour un orchestre de chambre, un ballet d'ombres mouvantes, où les choses ne seraient jamais complètement explicites, arrêtées.
C'est non seulement un film d'images (lumières reflets je me répète) mais c'est aussi un film de son(s). De paroles surtout. Tout un  jeu presque, sur le(s) décalage(s) entre ce qu'on voit et ce qu'on entend, le décadrage sonore, le rapport entre les choses qu'on voit et celles qu'on entend, ou le contraire. Sans compter celles qu'on ne dit pas.

Le film ne passe plus nulle part, je n'ai plus qu'à attendre qu'il sorte en dvd... pfff mon cerveau, tu m'énerves! Eh, Abbas, tu me pardonnes ?

20244216

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