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lieux communs (et autres fadaises)
4 juin 2013

"dieu, mon cul!"

ROCK THE CASBAH
de Yariv Horowitz

J'aime pas les films de guerre, mais j'aime bien les films de troufions. Vous saisissez la nuance : fraternité virile, ambiance de chambrée, humour bourrin, etc. Et si, en plus, les bidasses en question parlent hébreu, alors mon bonheur est parfait (je ne sais pas pourquoi, mais j'adore entendre cette langue, même si je n'en comprends pas un traître mot.).
J'ai déjà vu maints films plaisants sur ce thème (Infiltration et Beaufort sont les deux premiers qui me viennent à l'esprit), et, même, un qui parle exactement de la même situation (les soldats qui campent sur le toit de la maison) : Le cochon de Gaza ("mais, me fait remarquer Catherine, celui-là c'était une comédie..."). Non pas que celui-ci soit un drame déchirant, j'allais écrire il n'y a pas mort d'homme, mais si, justement : dès l'arrivée dans le village palestinien où ils sont censés "assurer l'ordre et faire revenir le calme", de nos jeunes appelés (et inexpérimentés), l'un d'eux se fait occire par une machine à laver lancée d'un toit. D'où représailles et installation de nos soldats sur ledit toit. qui est celui de la maison d'une famille arabe qui n'apprécie que modérément l'expérience. Et le film se déroule ainsi, jour après jour : chaque matin, les mecs débarquent pour s'installer sur le toit, et chaque soir ils repartent dans leur campement militaire. Affrontements réguliers avec les gamins qui les narguent d'en bas (insultes, jets de pierre, voire de sacs de pisse), tensions au sein du groupe (on a les différents types de caractères proposés : le flegmatique, l'énervé, le belliqueux, le rigolard, etc.) mais aussi avec la hiérarchie, notamment le (capitaine ? commandant ? je suis nul en grades) qui vient quotidiennement à la fois prendre la température, et mettre de l'huile sur le feu.
Pour ces mecs jeunes et sans expérience, cette histoire peut s'avérer plus ou moins traumatisante (bon, on n'est pas non plus dans Full metal jacket, quand même), dans la mesure où personne ne comprend vraiment ce qui se passe, ni le sens de cette "mission", ni la violence des "réactions". Ni ce qu'il faut faire (ou ne pas faire). Comme d'hab' le spectateur occidental moyen (moi, en l'occurrence) est un peu paumé, sur qui est qui, et qui revendique quoi, et pourquoi personne ne veut Gaza, etc.
Le réalisateur sait parfaitement nous mettre dans la peau (et dans la tête) de ces jeunes branleurs en treillis, en brossant une chronique aussi réaliste qu'humaine, alternant les petits détails plus ou moins drôles, ou triviaux, avec d'autres, plus émouvants, ou angoissants, lorsque, vers la fin, les jeunes du village vont mettre le feu à la jeep, et en même temps aux poudres, déclenchant ce qui couvait depuis le début du film, un affrontement final à balles réelles, alors que tous les précédents n'étaient qu'à blanc.
Beau moment suspendu où le grand rouquin (un de ceux qui ont balancé la machine à laver), qui a couru se réfugier au milieu de ses congénères se retourne au milieu d'eux, s'avance et fixe dans les yeux le soldat qui lui fait face, avec un demi-sourire presque de provocation... mais c'est à ce moment que l'affaire, pourrait-on dire, va se régler.
Un-un. Machine à laver contre fusil. Balle (!) au centre.
La semaine finira, ils repartiront dans le bus, comme on les avait vus venir au début, croisant la troupe à pied de ceux qui viennent pour les remplacer... La vie continue, l'absurdité aussi...
Et on laisse, doucement, les lumières se rallumer.

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