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lieux communs (et autres fadaises)
31 août 2013

on n'est pas sérieux quand on a 17 ans ?

JEUNE & JOLIE
de François Ozon

Il vieillit bien, François Ozon. Ses films sont de plus en plus forts. Et j'ai l'impression que je l'aime de plus en plus.
C'est vrai, le résumé de l'intrigue (une adolescente se prostitue) ne me faisait pas plus en vie que ça. Mais j'ai voulu vérifier si l'unanimité louangeuse à propos de la jeune fille en question était fondée. Elle l'est. Marina Vacth est extraordinairement superbe (ou le contraire). Physiquemment, celle qu'un coup d'oeil rapide pourrait faire passer pour une adolescente jolie mais maussade, est beaucoup mieux qu'une version plus jeune de, disons Laetitia Casta. Il y a en elle quelque chose d'opaque, d'intériorisé, qui empêche de laisser affleurer sur ce beau visage le maelstrom de sentiments qui se bousculent à l'intérieur. Ou pas. On ne peut qu'émettre des hypothèses. D'autant plus que ce personnage de jeune fille est inséré au coeur d'une famille dite "normale" (la mère aimante -Géraldine Pailhas, très bien-, le beau père gentiment à côté de la plaque -Frédéric Pierrot, quel bonheur pour la deuxième fois en une semaine, mais cette fois dans un rôle délicieusement en deça, de mec maladroit et "planplan"-, et un petit frère en pleine croissance) avec des problèmes simples de quotidien et d'habitude, très justement et très simplement évoqués.
On va suivre Isabelle de la fin d'un été jusqu'à l'été suivant, le film est partagé en chapitres saisonniers, et la "patte Ozon" nous gratifie pour chacun d'entre eux d'une chanson, et qui plus est de Françoise Hardy (des vieilles, les chansons, dont une, la première, que je ne connaissais absolument pas...). On découvre quasiment en même temps qu'elle la pratique de la prostitution "haut de gamme" (les hôtels, les chambres, les clients, les rapports, l'argent), mais on continue de la suivre "tout simplement", en petite jeune fille 'toute simple", (avoir ainsi des rapports tarifés ne semblerait pas plus porter à conséquence que, disons, manger un bol de céréales le matin, et beaucoup moins calorique en tout ça) jusqu'au jour où...
Le film est très bien ficelé, fluidement monté, il est question de sexe, certes, de famille, bien sûr, mais aussi d'adolescence, et d'une certaine innocence (j'avais d'abord écrit candeur), avec notamment une séquence aussi simple que magnifique où toute une série d'ados disent successivement, face caméra, le poème de Rimbaud, et qui, à elle seule, justifierait la vision du film.
Il ne s'agit pas d'un film à thèse, ni d'un documentaire moral, ni d'une machine à fantasmes,  juste le portrait d'une jeune fille, sans que tout soit expliqué ni résolu au bout du compte, et c'est ce qui en fait tout le charme. (Belle de jour version Mademoiselle âge tendre ?)

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