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lieux communs (et autres fadaises)
1 septembre 2013

le(s) vieux fusil(s)

LES APACHES
de Thierry de Peretti

Il y a des films qu'on va voir pour de bonnes mauvaises raisons (ou l'inverse). De ces Apaches, je n'avais vu, via la bande-annonce,  qu'un film avec des jeunes gens torse-nu en caleçons bariolés. J'imaginais un genre de Larry Clark from Corsica, dont on n'est finalement pas si loin. (Ceci est un compliment). Et donc tout ça me tentait.
D'ados, le film en est plein, torse-nu et en caleçon, idem, mais il y a aussi un fusil... (Et quand il y a une arme, c'est qu'elle va servir, disait Anton T.) Deux fusils, même, à vrai dire, qui ont été volés, en plus d'autres babioles fourrées dans un sac de sport, par une bande d'ados en virée nocturne dans une luxueuse villa avec piscine, appartenant probablement à des "continentaux". Et c'est de cette scène "primale" et nocturne que va découler, façon cascade, toute la suite du film...
Un petit fait-divers estival et insulaire qui va mettre en ébullition l'ensemble de la communauté locale (en réveillant les différents antagonismes qui la sous-tendent et qui ne demande qu'à s'embraser. A la moindre étincelle) et qui devrait, en principe, être réglé assez rapidos. sauf que, bien évidemment...
Les Apaches parle des djeunz, de la Corse, des jeunes corses et des autres jeunes aussi (des maghrébins principalement) avec les difficultés inhérentes de cohabitation (pas facilitée par le caractère légendairement ombrageux et farouche des autochtones), mais, attention on n'est pas dans Colomba. il s'agit ici d'une réalité, concrète, contemporaine, de l'inaction épinglée de jeunes branleurs inconscients et des différentes façons qui leur sont offertes de s'occuper. De tromper l'ennui, ou la malchance, ou...
On rentre dans le film "par la petite porte", pas forcément très facilement, et puis, mine de rien, le réalisateur sait nous empoigner, nous ferrer, et ne nous lâchera plus jusqu'à la dernière image, avec un sens inné de la dramaturgie (et de sa progression), et une mise en scène idoinement au service de la montée de la tension (je pense à cette extraordinaire succession de plans nocturnes depuis l'arrière de la bagnole, quand les trois loustics emmènent le quatrième, qui nous dit bien, sans aucun mot, le but, la destination finale de cette virée.)
Bien évidemment tous les djeunz sont au diapason, impeccables (les corses, les rebeus, les autres) dans le registre testostéroné en pleine croissance, avec tout ce que ça suppose d'agressions verbales et d'ergots dressés, mais le film est plus qu'un combat de coquelets, et la brusque accélération de l'action (qu'on appréhendait, pourtant, qu'on savait quasiment inéluctable) nous coupe la respiration, tant elle est filmée juste et fort (et off).
Un film chaud sec et épineux, à l'image du maquis dans lequel "nos héros" crapahutent, pour filer la métaphore corsisante. Et qui pourrait finir par faire froid dans le dos (on ne peut pas ne pas penser à Bully, de Larry Clark, encore, même si les circonstances sont presque diamétralement opposées). Rien de touristique ni de démagogique là-dedans, mais des vrais morceaux de cinéma, et c'est juste ça qu'on voulait.

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