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lieux communs (et autres fadaises)
4 décembre 2013

contre toute attente

HISTOIRE DE MA MORT
d'Albert Serra

Oui, contre toute attente, un film absolument magnifique.
J'y allais, disons, sur la pointe des pieds. Pas à reculons, mais presque. J'avais été échaudé plus ou moins par les deux premiers films du réalisateur (Honor de cavalleria, Grand prix du festival Entrevues à Belfort, et Le chant des oiseaux, rebelote re-Grand prix quelques années plus tard au même festival). Deux films en noir et blanc, deux variations sur des personnages connus, Don Quichotte et Sancho pour le premier, et... les Rois mages pour le second, films que j'avais trouvé(s) fatiguant pour le premier et carrément exaspérant pour le deuxième (mais l'environnement de la salle n'était pas propice).
Celui-ci est en "costumes" et en couleurs, et on a deux personnages célèbres pour le prix d'un : Casanova et Dracula (si si!). Un Casanova un peu décati mais toujours poudré -à frimas (comme écrivait mon ami Philou à propos des amandiers)-, qui songe à écrire ses émoires, et parle littérature avec un "poète" (ainsi nommé au générique, on n'en saura pas plus.)
Après une séquence pré-générique d'une beauté et d'une langueur (= "lenteur" + "longueur") saisissantes, qui nous met -plaf!- dans le bain et les points sur les i (à donf "PSPP" : Plan-séquence plein pot, ça dure ça dure juuuuuuuuusqu'au bout... et même comme dirait le boucher " y en a un petit peu plus, je vous le mets quand même?) où l'on présente, d'une certaine façon, les éléments principaux du film : les corps, la lumière, les mots, on entre dans le vif du sujet (ce qui entre, ce qui sort, il sera -tiens!- d'ailleurs plusieurs fois question de caca dans le film...) en écoutant Casanova.
Et, étrangement, cette même "extension temporelle" qui m'agaçait dans les deux films précédents me plonge à présent en plein ravissement. Nous voilà quasiment à la place de ce "poète" anonyme, en train d'écouter parler Casanova, qui discourt tout en mangeant une grenade, patiemment, grain à grain, qu'il croquera (le bruit est très joli) jusqu'au dernier, impitoyablement. Et bien, figurez-vous oui, que j'étais littéralement fasciné, que je buvais ses paroles (même si je n'ai pas tout tout compris) tout en jouissant de l'esthétique très picturale des cadrages et de la lumière. en me disant que si tout le film était du même tonneau, je tenais là, contre toute attente, un de mes émerveillements ciné de l'année (c'est bon, parfois, de se surprendre soi-même, hein ?)
Et la première partie (en Suïsse, pour respecter Serra) est parfaitement et merveilleusement hallucinante tellement tout me semblait parfait (et la musique aussi, donc! qui tient parfois lieu de paroles, autant que parfois la parole, dans le film, servira alors de musique -bizarrement, il me vient sous les doigts des formules dont je ne comprends ni ne maîtrise  toujours le sens, mais qui me semblent coller tellement bien au sujet, d'autant qu'elles y sont nées aussi spontanément que ce serait dommage de ne pas les y laisser.- tandis que la partie transylvanienne m'a moins complètement enchanté. (Là, il faut avouer que, comme d'hab' j'ai un peu dormichouillé -mais sur les deux heures trente, il restait tout de même de la matière cinématographique à se mettre ous la pupille, mais promis juré dès que le dvd est disponible je l'achète ou je le télécharge  me le procure comme je peux.)
(Parce que questions pépettes, comme on s'était engagé avec le distributeur sur un MG de 150€ me semble-t-il, et qu'il y aura eu en tout et pour tout, pour les 2 séances, trois spectateurs (ceux de la séance où j'étais,puisqu'il me me semble bien que la deuxième prévue, le dimanche soir, ait été annulée faute de spectateurs...), on va donc en être de notre poche de quasiment 150€, ce qui fait tout de même chérot de la place de ciné, non ? Alors, monsieur (ou Madame) Capricci, vous pouvez vous fendre d'un petit geste, non ? fermons la parenthèse financière, non sans évoquer la possiblité, montrée dans le film, de transformer le caca en or...)
Albert Serra ne ressemble qu'à lui.
Le film devient alors de plus en plus sombre (dans tous les sens du terme, mais il me semble que j'ai lu ça dans une critique, mais c'est vraiment ça...) toujours aussi pictural, baroque, barré, aussi minimaliste dans la monstration du vampirisme (hormis les cris de Dracula, point trop d'effets de capes) qu'excessif dans le flamboiement de la glose ou ce fameux étirement temporel...
Un film dont il resterait surtout, paradoxalement, des sensations picturales et/ou chromatiques, fabuleusement.
(merci Hervé!)

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(Pour essayer de résumer : le Casanova de Fellini -que je n'ai pas vu-, avec du Dracula à la sauce mi-Bresson mi-Guy Maddin, plus l'esprit du Faust de Sokourov, qu'il ne faudrait pas oublier de saupoudrer d'un chouïa de Peter Greenaway...)

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