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lieux communs (et autres fadaises)
15 février 2014

salopure et chevalins

JACKY AU ROYAUME DES FILLES
de Riad Sattouf

J'en sors, j'étais tout seul dans la salle (bon, visiblement, il n'y avait pas grand monde non plus dans les autres, mais quand même...), et j'en sors avec la mine réjouie et le coeur léger. Oui oui, je reconnais, j'ai un gros faible pour Riad Sattouf (que je connais surtout par Pascal Brutal, Ma circoncision, et Les beaux gosses, et que rien que ça déjà ça serait déjà très bien), et ce n'est pas ce film qui me fera changer d'avis.
Rien que le pitch me faisait saliver : un royaume imaginaire où les femmes portent le treillis et exercent le pouvoir, et où les hommes portent la burqa. En ces temps de théorie du gen(d)re et autres bondieuse-connasseries, ça fait du bien. Riad Sattouf l'avait déjà esquissé dans un précédent Pascal Brutal (oh, mon Pascal chéri...) et met donc en place un univers (utopie ? uchronie ? ou les deux ?) cohérent, avec son langage, ses codes, ses rites, et, bien sûr ses icônes (Anémone en Pinochet -géniale- et Charlotte Gainsbourg en Générale, étonnamment et paradoxalement enfantine -on la croirait presque revenue au temps de L'Effrontée ou de La petite voleuse, gracieuse, fracile, fragile...)
Les femmes gouvernent, et les hommes trottinent, dociles, restent à la maison pour faire le ménage et la cuisine, et quand ils s'aventurent dehors se font siffler, draguer, vanner... Pas étonnant que le film fasse faire la moue à pas mal de critiques de la gent masculine (ça doit carrément émousser leur vanité de mâle de base de se voir soudain ainsi traités).
Sur ce postulat de base, Sattouf a brodé (avec du joli fil doré) une intrigue qui se revendique (la campagne de pub allait exactement dans ce sens) comme une relecture "inversée" de Cendrillon (c'est Vincent Lacoste, toujours aussi bien, qui joue l'héroin), où tous les accessoires : marâtre, frangines, bonne fée, sont passés à la moulinette (au moulinet ?) du changement de sexe (au nom du principe du gen(d)re, hihihi ?), et, si le résultat est incontestablement plaisant, à l'oeil et au cerveau, on lui (au réalisateur) en voudrait presque, finalement, de ne pas en avoir fait "plus" : plus long, plus méchant, plus fouillé, etc. Encore, Riad! Plus profond! Fais-nous mal!
Constat : c'est drôle, vachard, acide, et surtout ça nous renvoie (à) des choses auxquelles on n'a pas forcément envie de penser, surtout en ce qui concerne la partie mâle  des spectateurs, qui ne s'iacceptent pas ainsi "féminisés", voilés, "diminués", (par un très juste retour de bâton, non ?). Historiquement, dictature va de pair avec domination masculine (tiens c'est drôle, tous ces mots sont féminins) et quand on sait en plus que les décors (le village, le palais) sont réels  (et pas fabriqués juste pour le film, qui a été tournée en Géorgie), ça en remet une couche dans l'intensité des grincements de dents. Et puis les scènes de foule dans le palais sont superbes , même si les méchants des Cahiaîs les trouvent "incroyablement statiques" : comment voulez-vous faire bouger tous ces mecs en voilerie  blanche, serrés les uns contre les autres -hmmm- ?. C'est beau, un homme en voilerie (même si Sattouf précise que "ce ne sont pas des burqas...")

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