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lieux communs (et autres fadaises)
25 février 2014

pas précisément quelqu'un d'aimable

MERE ET FILS
de Calin Peter Netzer

J'ai déjà dit et re- tout le bien que je pensais du cinéma roumain, ou du "nouveau cinéma roumain", (en gros, post Pintilié ou post Ceaucescu), dont nous avons, avec nos petites mains, programmé la quasi-intégralité dans le bôô cinéma. Ce réalisateur présentait la particularité d'avoir un prénom charmant (Calin) et un nom inconnu de nos services. Allons-z-'y donc, puisque c'est roumain...
Il y avait hier soir un peu de monde dans la salle, (même si deux dames l'ont quittée en cours de projection, l'une très rapidement et la seconde un peu plus tard). On pourrait dire de Mère et fils qu'il est rigoureux, comme on le dirait d'un hiver. Un froid et sec et sain. (Comme on pourrait le dire d'ailleurs d'une grande majorité des autres films roumains.) J'étais plutôt content de ma formule, trouvée pendant le film, mais je ne suis plus si sûr qu'elle convienne parfaitement. Il y manque la nuance de cette plus ou moins perceptible distance que peuvent générer l'humour ou la lucidité (voire les deux). Pour filer la métaphore hivernale, on pourrait rajouter "tonique et stimulant".
J'aime dans le cinéma roumain ce que j'aime aussi, par exemple (ce qui n'a quasiment rien à voir) , chez un Jia Zang-Khe : l'inscription d'un propos "fictionnel" dans une réalité brute et réaliste. Des histoires simples, racontées cinématographiquement. En général, on y parle beaucoup (c'est en effet ici le cas) et on s'y affronte au moins autant (ce qui est encore le cas ici). Huis-clos, face-à-face, lieux confinés, plans rapprochés.
Ici, on n'oublie jamais qu'on est au cinéma, tant la caméra portée virevolte et zigzague (parfois comme un moustique obstiné) plus ou moins gratuitement d'ailleurs parfois. Je conçois que cela puisse donner au spectateur lambda un sentiment de tangage et de roulis rendant le film encore plus inconfortable. Oui, ça fait du bien quand ça se pose.
Et Mère et fils, le titre, a l'avantage de dire l'essentiel du film. Cornelia (une bourge à manteau de fourrure) est la mère de Barbu (un trentenaire maussade). Mère possessive jusqu'à l'étouffement de ce fils unique qui cherche à prendre ses distances. Mais quand ledit fils va avoir un accident (en roulant beaucoup trop vite, il a écrasé un gamin), Cornelia va tout mettre en oeuvre pour qu'il s'en sorte sans trop de dommages, et c'est toute cette procédure (les policiers, le constat, la prise de sang, le témoin, l'affrontement avec la famille du gamin) qu'on va suivre tout au long du film, alternant les démarches diverses de Cornelia (elle a des "relations" et les fait jouer autant qu'elle peut, et ce sans états d'âme) et les affrontements successifs qu'elle a avec son fils, sa belle-fille, son mari...
C'est très "roumain" et j'adore ça. On parle beaucoup, on se gueule à la figure, on ne lésine pas sur les insultes et autres noms de volatiles divers (bien plus que ça, même, ne faut-il pas être un fils roumain pour pouvoir lâcher à ta mère "va te faire enculer.." ?). Cornelia est une maîtresse-femme, elle occupe littéralement le film, jusqu'à une scène finale (je veux parler de la toute fin, dans la voiture, de loin la plus forte parce que sans aucun mot, juste un regard, un geste, un rétroviseur, où, pour la première fois peut-être de sa vie (en tout cas, du film), où, enfin (il était temps!) le fils en question va avoir le courage de.) qui clôt le propos d'une façon (paradoxalement ?) apaisée, peut-être parce qu'enfin, justement, elle se tait.

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Commentaires
Z
j'ai aussi trouvé ça très bien .... (et la mère, à frapper)
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