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lieux communs (et autres fadaises)
28 février 2014

seize ares 2014

tadam! ce soir c'est la cérémonie de remise des Choris, en direct de mon salon, depuis le canapé bleu!

- Chori de la meilleure actrice : Adèle Exarchopulos pour La vie d'Adèle et Florence Loiret-Caille pour Queen of Montreuil (ex-aequo)
- Chori de la milleure actrice ayant joué dans le plus de films intéressants en 2014 : Sara Forestier (pour Suzanne, Mes séances de lutte, l'amour est un crime parfait)
- Chori du meilleur acteur : Grégory Gadebois pour Mon âme par toi guérie
- Chori du meilleur acteur et de la meilleure actrice : Nicolas Maury pour Les rencontres d'après minuit
- Chori du meilleur acteur dans le rôle de sa mère : Guillaume Gallienne pour Les garçons et Guillaume, à  table!
- Chori du meilleur acteur étant venu présenter son film dans notre bôô cinéma : Vincent Solheid pour Le grand'tour
- Chori du meilleur acteur hétéro viril bourru mais qu'on le prendrait bien sur ses genoux pour le consoler: Denis Ménochet pour Nos héros sont morts ce soir et Pippo Delbono pour Henri (ex-aequo)
- Chori du meilleur personnage incarné : Patrick d'Assumçao pour son rôle dans L'inconnu du lac

- Chori du meilleur film avec Vincent Macaigne : 2 automnes, 3 hivers de  Frédéric Betbeder
- Chori du meilleur film à quéquette visible : L'inconnu du lac, d'Alain Guiraudie
- Chori du meilleur film de greluches : Les coquillettes de Sophie Letourneur
- Chori du meilleur film dans lequel on aimerait bien vivre : Queen of Montreuil, de Solveig Anspach
- Chori du film avec la distribution la plus alléchante : Le prochain film de René Féret (Frédéric Pierrot, Maryline Canto, Antoine Chappey, Grégory Gadebois...)
- Chori de la meilleure bonne surprise : Une place sur la terre de Fabienne Godet
- Chori de la plus grosse déception : Tip top de Serge Bozon
- Chori du meilleur film avec des jeunes gens torse-nu et des hormones mâles : Les apaches, de Thierry de Pedretti
- Chori du meilleur film avec des footeux : Je suis supporter du standard de Riton Lieman
- Chori du meilleur film m'ayant fait ressentir cruellement la singularité de mes bonheurs cinématographiques : Les rencontres d'après minuit de Yann Gonzalez
- Chori du meilleur film en noir et blanc avec des gros catcheurs sexy : Nos héros sont morts ce soir de David Perrault
- Chori du meilleur documentaire le plus émouvant (ou le contraire) : Entrée du personnel de Manuela Fresil et Jaurès de Vincent Dieutre (ex-aequo)
- Chori du meilleur documentaire  avec des animaux dedans : Léviathan de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel

- Chori du meilleur documentaire  étranger avec des animaux dedans : Bestiaire de Denis Côté
- Chori du meilleur film étranger où je n'ai pas tout compris mais que j'ai très envie de revoir (à mon grand étonnement) : Histoire de ma mort d'Albert Serra
- Chori du meilleur film étranger avec des mecs habillés en rouge qui marchent à travers la Belgique : Le grand'tour de Jérôme Le Maire
- Chori du meilleur film étranger avec des mecs en salopette qui marchent en plantant des poteaux : Prince of Texas de David Gordon Green
Chori du meilleur film étranger avec un mec qui marche en portant un chat : Inside LLewyn Davis des frères Coen
- Chori du meilleur film étranger avec un mec qui marche en portant un fusil : A touch of Sin de Jia Zang-Khe
- Chori du meilleur film étranger avec des auréoles de transpiration : Blue jasmine de Woody Allen
- Chori du meilleur film étranger vu à Paris mais que je n'ai plus pu revoir nulle part après : Chatrak de Vimukthi Jayasundara

25 février 2014

pas précisément quelqu'un d'aimable

MERE ET FILS
de Calin Peter Netzer

J'ai déjà dit et re- tout le bien que je pensais du cinéma roumain, ou du "nouveau cinéma roumain", (en gros, post Pintilié ou post Ceaucescu), dont nous avons, avec nos petites mains, programmé la quasi-intégralité dans le bôô cinéma. Ce réalisateur présentait la particularité d'avoir un prénom charmant (Calin) et un nom inconnu de nos services. Allons-z-'y donc, puisque c'est roumain...
Il y avait hier soir un peu de monde dans la salle, (même si deux dames l'ont quittée en cours de projection, l'une très rapidement et la seconde un peu plus tard). On pourrait dire de Mère et fils qu'il est rigoureux, comme on le dirait d'un hiver. Un froid et sec et sain. (Comme on pourrait le dire d'ailleurs d'une grande majorité des autres films roumains.) J'étais plutôt content de ma formule, trouvée pendant le film, mais je ne suis plus si sûr qu'elle convienne parfaitement. Il y manque la nuance de cette plus ou moins perceptible distance que peuvent générer l'humour ou la lucidité (voire les deux). Pour filer la métaphore hivernale, on pourrait rajouter "tonique et stimulant".
J'aime dans le cinéma roumain ce que j'aime aussi, par exemple (ce qui n'a quasiment rien à voir) , chez un Jia Zang-Khe : l'inscription d'un propos "fictionnel" dans une réalité brute et réaliste. Des histoires simples, racontées cinématographiquement. En général, on y parle beaucoup (c'est en effet ici le cas) et on s'y affronte au moins autant (ce qui est encore le cas ici). Huis-clos, face-à-face, lieux confinés, plans rapprochés.
Ici, on n'oublie jamais qu'on est au cinéma, tant la caméra portée virevolte et zigzague (parfois comme un moustique obstiné) plus ou moins gratuitement d'ailleurs parfois. Je conçois que cela puisse donner au spectateur lambda un sentiment de tangage et de roulis rendant le film encore plus inconfortable. Oui, ça fait du bien quand ça se pose.
Et Mère et fils, le titre, a l'avantage de dire l'essentiel du film. Cornelia (une bourge à manteau de fourrure) est la mère de Barbu (un trentenaire maussade). Mère possessive jusqu'à l'étouffement de ce fils unique qui cherche à prendre ses distances. Mais quand ledit fils va avoir un accident (en roulant beaucoup trop vite, il a écrasé un gamin), Cornelia va tout mettre en oeuvre pour qu'il s'en sorte sans trop de dommages, et c'est toute cette procédure (les policiers, le constat, la prise de sang, le témoin, l'affrontement avec la famille du gamin) qu'on va suivre tout au long du film, alternant les démarches diverses de Cornelia (elle a des "relations" et les fait jouer autant qu'elle peut, et ce sans états d'âme) et les affrontements successifs qu'elle a avec son fils, sa belle-fille, son mari...
C'est très "roumain" et j'adore ça. On parle beaucoup, on se gueule à la figure, on ne lésine pas sur les insultes et autres noms de volatiles divers (bien plus que ça, même, ne faut-il pas être un fils roumain pour pouvoir lâcher à ta mère "va te faire enculer.." ?). Cornelia est une maîtresse-femme, elle occupe littéralement le film, jusqu'à une scène finale (je veux parler de la toute fin, dans la voiture, de loin la plus forte parce que sans aucun mot, juste un regard, un geste, un rétroviseur, où, pour la première fois peut-être de sa vie (en tout cas, du film), où, enfin (il était temps!) le fils en question va avoir le courage de.) qui clôt le propos d'une façon (paradoxalement ?) apaisée, peut-être parce qu'enfin, justement, elle se tait.

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24 février 2014

prises de sang

ONLY LOVERS LEFT ALIVE
de Jim Jarmusch

Jim J. faisant partie de la garde rapprochée de ma cinéphilie personnelle, il importait donc que ce film fût vu le premier jour à la première séquence (déjà que je n'avais désespérément pas pu aller à la journée de prévisionnement...), surtout en ce mercredi après-midi qui dès le début m'avait semblé placé sous les meilleurs auspices...
"Oooooh Jim..." pensais-je en m'installant, comme le chantait Lou Reed sur Berlin. Je connaissais déjà l'avis de Nicolas, celui de Claude, celui d'Hervé (qui l'avaient déjà vu, eux), je n'étais donc pas vraiment inquiet, juste surtout impatient. Il y a des plaisirs, comme ça, que je suis incapable de différer.
Claude  m'avait prévenu que la scène d'ouverture était comme un vortex. Normal, pour pénétrer dans un film de vampires, il faut au préalable y avoir été invité par les hôtes du lieu. Et cette invitation prend une forme tout à fait enivrante il est vrai. Et nous voilà installés dans cette demeure pleine de bric-à-brac. Bien que le thème du vampirisme me soit assez étranger (à part au 36ème degré, genre série Z, Hammer productions et Christopher Lee, et encore...) le petit père Jarmusch se l'approprie, il le plie, le replie et le redéplie avec des virtuosités d'origamiste, et le transfigure, comme il avait pu le faire pour le western avec Dead man, ou le film de gangsters et de mafia avec Ghost Dog.
Il nous livre un objet incroyablement classieux, glamour, sans être du tout papier glacé. Plutôt feuilles de grimoire, quelque chose d'écrit de beau, de raffiné, de touchant, qui existe depuis si longtemps (au fil du temps) qui nous est transmis (et nous survivra).
Un homme, une femme, Detroit et Tanger, la musique et les livres, lui Adam et elle Eve. Boy meets girl. Ou plutôt l'a rencontrée il y a trèèèèèèèèès longtemps (leurs journées se comptent en siècles) et nos amoureux se parlent via portables ou tablettes, voyagent, en avion (départ de nuit et arrivée de nuit) dorment le jour terrés dans leurs antres et se réveillent le soir, mais pas de chauves-souris de cimetières  de gousses d'ail ni de pieu dans le coeur. Pour assurer leur subsistance ils s'approvisionnent en sang sélectionné (le O négatif semble être leur nectar préféré) auprès de médecins dûment rétribués, breuvage quasiment psychotrope qu'ils boivent dans de jolis verres et semble leur procurer une ineffable extase.
Une vie, deux vies plutôt, de vampires dandys, vaguement décadents, cultivant -lui surtout- une indicible et permanente mélancolie (il est compositeur, et souffla d'ailleurs jadis quelques airs à Schubert). Aristocratiques buveurs de sang, toujours entre deux sommes, deux départs, deux déceptions. Une fuite quasi immobile, exigeante et recluse (ils se sont coupés volontairement de ceux qu'ils surnomment les zombies -c'est à dire nous-) à mi-chemin entre la rock-star et l'anachorète.
Il ne se passe quasiment rien, question anecdote : à Detroit, un dénommé Ian (au look de métaleux gentil) aide Adam avant qu'Eve ne les rejoigne , puis ils recevront la visite de la soeur d'Eve (une petite pestouille), avant que de repartir ensemble à Tanger.
C'est nocturne, c'est baroque, c'est grandiose, ça se déguste comme nos vampires chéris sirotent leur élixir : avec respect, dans un certain cérémonial. Un objet magnifiquement hors-normes.
Oooooh Jim...

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Top 10, probablement

 

22 février 2014

amortir le prix du passe

J'ai vu quatorze films dans la 20ème édition de ce festival dont je n'ai pas envie d'écrire le nom pour des raisons qui me sont personnelles. Oui, juste 14, pour me dire que, voilà,  j'avais amorti le prix de mon passe. J'aurais pu en voir quelques-uns de plus, mais bon les circonstances ont fait que. (Ce début d'abcès a constitué une bonne raison).
J'en ai revu quelques-uns (avec un grand grand plaisir) et découvert pas mal d'autres (dans leur majorité).
Turc, iranien, philippin, chinois, indien, j'ai fait un joli tour du monde de couleurs d'épidermes et de pilosités (je parle bien sur pour la part masculine des films qui est je l'avoue celle qui m'intéresse le plus a priori, comme d'autres ne seraient focalisé(e)s que sur les "mêrveilleux paysageus") et le résultat (cinématographique) est très nettement positif. Pas vu cette année de nanar kazakh avec copie en dentelle état 5 ni de honteuse propagande même pas déguisée tout aussi en dentelle et dans le même état. Ah si, presque, une copie croquignolette du TROUPEAU d'Yilmaz Guney, avec un son pourrissime et surtout des sous-titres à la je ne très pas facile parler la française langue.
Le plus "vieux" film devait être un de ceux que j'ai préféré parmi mes quatorze, le turc (encore!) DES BATEAUX D'ECORCE DE PASTEQUE. Et pour faire bonne mesure (turque) le film que j'ai préféré en compét' fut NOBODY'S HOME, d'une réalisatrice turque (ce qui est tout de même suffisamment rare dans cet univers mâle et pileux), une chronique familiale pas du tout aussi prévisible que ce qu'on aurait pu à tort croire dans un tout premier temps, et qui sut provoquer maints questionnements dans les files d'attente suivantes.

mercredi 12 février :
THE WOMAN IN THE SEPTIK TANK (Philippines) ***
DES BATEAUX D'ECORCE DE PASTEQUE (Turquie) ****
HERE COMES THE BRIDE (Philippines) *
QISSA (Inde) ***

jeudi 13 février :
BI, N'AIE PAS PEUR (Vietnam) ****
SNOW ON PINES (Iran) **

vendredi 14 février :
relâche (Accrorap à Besac)

samedi 15 février :
LES DEMONS A MA PORTE (Chine)****
TELEPHONE ARABE (Palestine)***
NOBODY'S HOME (Turquie) ****
THE TERRORIZERS (Taïwan) ***

dimanche 16 février :
LE TROUPEAU (Turquie) ***
DEATH MARCH (Philippines) ***
OMAR (Palestine) ****
HIMALA (Philippines) ***

22 février 2014

oh oh chéri

(non non, pas d'affolement, c'est juste pour Catherine, si par hasard elle passe par là, clic clic!)

Oh Oh Chéri
Oui, j'aime tout ce que tu fais
Oh Oh Même quand tu fais rien
Moi, ça me plaît
Je suis au ciel dès qu'j'entends ta voix
Et lorsque tu me regardes comme ça
Oh Oh Oui
Oui, c'est plus fort que moi
J'ai chaud, j'ai froid
ouh ouh han han

Oh Oh Chéri
Oui, j'aime tout ce que tu fais
Oh Oh Même quand tu te fâches
Moi, ça me plaît
La colère te va très bien, ma foi
Et lorsque tu passes tes nerfs sur moi
Oh, oui, c'est étrange, mais c'est comme ça
J'ai chaud, j'ai froid
ouh ouh han han

Oh Oh Chéri
Oui, j'aime tout ce que tu fais
Oh Oh Toi seul me produit cet effet
Tu peux danser même en pyjama
Tu as d'la classe et te voir comme ça
Oh, oui, je suis dans tous mes états
J'ai chaud, j'ai froid
ouh ouh han han

Oh Oh Chéri
Oui, j'aime tout ce que tu fais
Oh Oh Car tout ce que tu fais est parfait
Quand tu m'embrasses j'ai des frissons
Et tu m'enlaces d'une telle façon
Oh, oui, que chaque fois Cré non de non
J'ai chaud, j'ai froid
ouh ouh han han

Oh Oh Chéri.

21 février 2014

un mercredi après-midi

spécialement délicieux
parce que c'était le dernier avant les vacances
parce qu'il faisait soleil
parce que j'ai mangé au FJT avec mes collègues à midi
parce que j'allais à Besac
parce que le programme de l'après-midi était spécialement sympathique (ciné à 13h45, puis théâtre à 19h avec entre les deux librairie et chèque-cadeau à dépenser)
parce que je suis arrivé  à l'heure (avec dix minutes d'avance)
parce que j'ai eu la seule place de stationnemement libre sur le parking gratuit
parce que j'ai vu ONLY LOVERS LEFT ALIVE de Jim Jarmusch
parce que j'ai choisi une utilisation judicieuse du fameux chèque-cadeau
parce que j'ai retrouvé Dom au CDN
parce que nous y avons vu une pièce de Pommerat (pas forcément la meilleure, mais très bien quand même)...

21 février 2014

héritage

UN BEAU DIMANCHE
de Nicole Garcia

Celui-là, j'y suis allé surtout pour Dominique Sanda, vue dans la bande-annonce. Dominique Sanda c'est le retour miraculeux de notre cinéphilie adolescente (je parle pour moi), une comète qui nous illumina le temps de quelques films français (Bresson, Demy, Deville, Jacquot) puis italiens avant de mystérieusement s'éclipser dans la nuit noire des espaces infinis du non-cinéma... Une apparence de douceur blonde et de grâce éthérée dissimulant un caractère et une présence autrement plus forts.
Et la voilà ici réapparue, dans la deuxième partie d'un film qui, avant a été un peu moins convaincant (ou crédible) : la situation de départ -un instit' remplaçant plus dévoué que ça tu meurs se trouve en charge d'un de ses élèves pendant tout un week-end, et rencontre la mère du gamin en question avec qui hop! il part faire un bout de chemin, le temps d'un week-end justement, mais qui lui permettra (leur permettra, à lui, à elle, et au gamin aussi dans doute) de régler quelques "problèmes personnels" plus ou moins lourds où est-ce que j'en suis de la ponctuation de ma phrase avec tout ça ? ah oui je dois refermer le tiret me semble-t-il - n'étant pas si vraisemblable, ni les rebondissements qui suivent aussi imprévisibles (si vous y comprenez quelque chose, chapeau) qu'on le voudrait. Pour synthétiser : le début est moyennement crédible et palpitant.

(je reprend cette critique après une longue pause, et c'est dommage, parce que pratiquement tout le film semble s'en être évaporé, enfin, le souvenir que j'en ai...)

Dominique Sanda, donc, est magnifique dans la deuxième partie de ce beau dimanche (commencé chez les Groseille et continué chez les Le Quesnois) et les héros mal-aimants et mal-aimés (Pierre Rochefort -le fils de la réalisatrice et de Jean du même nom- et Louise Bourgoin, qu'on n plus besoin de présenter) sont très bien aussi.
Reste que cette histoire de famille(s) et de gros sous (il ne veut que 50 000 euros pour que sa belle rembourse ses dettes et se sorte de la mouise, et en profite donc pour ne pas vouloir une part d'héritage croquignolette -comme il est dit dans le film par un de ses frères "personne ne refuse un héritage...", tout ça au nom de la liberté, de l'indépendance et du plaisir d'enseigner à ces chères têtes blondes. Hmmm, ouais...) reste somme toute, à l'image de la première partie, moyennement crédible sur le fond, mais paradoxalement plutôt juste dans la forme (ce que les gens jouent plutôt que ce qui se joue, ou peut-être plutôt le contraire, si je me fais bien comprendre...)

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20 février 2014

mouton(s)

LE DEMANTELEMENT
de Sébastien Pilote

Dès le titre, tout est dit, et on sait quasiment ce qui va se jouer, inéluctablement.
Un père, éleveur de moutons, seul à la tête d'une ferme visiblement prospère mais qui semble lui prendre tout son temps. Un père de deux filles qui, il le dira et le répètera, sont "toute sa vie". Vie que donc, on le sait assez vite, il est prêt à sacrifier pour elles. Deux filles qui ont grandi et sont parties, et ne se manifestent que rarement, de loin en loin (elles sont à Montréal, à la ville, tandis que  lui est resté dans sa cambrousse, contrairemement à ses frères.) Quand la première vient le voir pour passer le week-end avec lui, mais surtout pour lui dire qu'elle a besoin d'argent, il va décider de tout liquider et de mettre sa ferme en vente, pour lui donner l'argent qu'elle lui demande.
Le film est le récit de cette désagrégation, du passage du statut de paysan, d'éleveur, à celui de quasiment plus rien, juste un papy dans un genre de mouroir. En deux parties, chacune portant le prénom d'une des deux filles (d'abord la "gentille" qui vient demander du fric et enclencher le processus, puis celle qu'on croit moins "gentille" mais qui finalement s'avèrera l'être beaucoup plus que sa soeur, en tout cas plus sincère et désintéressée.)
Un beau portrait d'homme qui s'effrite, rythmée par deux scènes fortes de ventes aux enchères (la première, celle d'un voisin à laquelle notre héros rend visite, et la seconde, bien plus cruelle, étant celle où cette fois ce sont toutes ses affaires, toute sa vie à lui, qui sont vendues sans états d'âme).
Un film simple et fort, juste et violent. Et pour une fois, heureusement, délesté de ce didactisme un peu lourd, (de cette volonté de vous dire "écoutez bien, je vais bien vous expliquer") qui plombe hélas souvent les films canadiens.
Et gabriel Arcand y est magnifique.

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17 février 2014

malcolm m

En musique, comme dans la vraie vie, je connais des emballements. Des embrasements. Qui peuvent, à la longue, se révéler feux de paille(s) ou durables incendies de forêt.
Le dernier en date est ce monsieur, Malcolm Middleton, récemment découvert suite à un regain d'intérêt pour le défunt groupe écossais Arab Strap, dont j'avais acheté et écouté plusieurs albums dans les années 90 (sans en avoir gardé grand-chose, inconstant que je suis, à part le post-folk et les explicit lyrics). Et voilà que par je ne sais quel enchaînement de circonstances, je réécoute les anciens albums en question, me renseigne pour savoir s'il y en a d'autres, et achète le dernier "vrai" album, et la compilation de faces b et d'inédits qui servit d'épitaphe au groupe (et que j'ai, autre enchaînement de circonstances, acheté deux fois sans le faire exprès, et donc offert le deuxième à Régis et Emma, que je sais friands de cette musique) disque intitulé "ten years of tears", avec, en sous-titre, "happy retirement" ( je l'ai pris pour moi!)Et donc de découvrir que les deux membres d'Arab Strap, Aidan Moffat et Malcolm Middleton ont fait carrière(s) solo(s). Grosso-modo, Moffat c'est celui qui écrivait les cochonneries et les chantait parfois approximativement, et Middleton celui qui faisait les musiques. et j'ai acheté, au petit bonheur un des albums solo de Midleton, A brighter beat (le 3ème) et je dois avouer que j'en ai été sur le cul, tellement tout ça m'a semblé tellement bien d'un bout à l'autre, et surtout que ça semble rester un secret si bien gardé. J'ai donc acheté 5:14 fluoxytine seagull alcohol john nicotine (le premier) et Into the woods (le 2ème).
Je n'ai reçu que le premier (5:14) que j'écoute en boucle ce soir , car re sur le cul car re tout ça très (trop) bien : des mélodies belles à pleurer (Crappo the clown, le premier morceau, je n'ai pas eu à aller bien loin...). Pour un disque d'une sublime tristesse crapoteuse ("glad to be sad" semble être un des mots d'ordre de M.M) mais pas que.
Et surtout incroyable de constater combien un certain disque peut arriver à point nommé, juste à un certain moment, qui est exactement le moment qu'il fallait pour que le mood actuel soit exactement (parfaitement) compatible (confondable) avec celui du disque.
J'écrivais à un copain pendant que j'écoutais le disque, et j'essayais de lui expliquer que j'avais les larmes aux yeux en écoutant ce disque mais que ce n'étaient pas des larmes de tristesse, que c'était difficile à expliquer, et il n'a d'ailleurs pas eu très l'air de comprendre...

cover(3280) Malcolm Malcolm Middleton - Into the Woods

 

 

15 février 2014

salopure et chevalins

JACKY AU ROYAUME DES FILLES
de Riad Sattouf

J'en sors, j'étais tout seul dans la salle (bon, visiblement, il n'y avait pas grand monde non plus dans les autres, mais quand même...), et j'en sors avec la mine réjouie et le coeur léger. Oui oui, je reconnais, j'ai un gros faible pour Riad Sattouf (que je connais surtout par Pascal Brutal, Ma circoncision, et Les beaux gosses, et que rien que ça déjà ça serait déjà très bien), et ce n'est pas ce film qui me fera changer d'avis.
Rien que le pitch me faisait saliver : un royaume imaginaire où les femmes portent le treillis et exercent le pouvoir, et où les hommes portent la burqa. En ces temps de théorie du gen(d)re et autres bondieuse-connasseries, ça fait du bien. Riad Sattouf l'avait déjà esquissé dans un précédent Pascal Brutal (oh, mon Pascal chéri...) et met donc en place un univers (utopie ? uchronie ? ou les deux ?) cohérent, avec son langage, ses codes, ses rites, et, bien sûr ses icônes (Anémone en Pinochet -géniale- et Charlotte Gainsbourg en Générale, étonnamment et paradoxalement enfantine -on la croirait presque revenue au temps de L'Effrontée ou de La petite voleuse, gracieuse, fracile, fragile...)
Les femmes gouvernent, et les hommes trottinent, dociles, restent à la maison pour faire le ménage et la cuisine, et quand ils s'aventurent dehors se font siffler, draguer, vanner... Pas étonnant que le film fasse faire la moue à pas mal de critiques de la gent masculine (ça doit carrément émousser leur vanité de mâle de base de se voir soudain ainsi traités).
Sur ce postulat de base, Sattouf a brodé (avec du joli fil doré) une intrigue qui se revendique (la campagne de pub allait exactement dans ce sens) comme une relecture "inversée" de Cendrillon (c'est Vincent Lacoste, toujours aussi bien, qui joue l'héroin), où tous les accessoires : marâtre, frangines, bonne fée, sont passés à la moulinette (au moulinet ?) du changement de sexe (au nom du principe du gen(d)re, hihihi ?), et, si le résultat est incontestablement plaisant, à l'oeil et au cerveau, on lui (au réalisateur) en voudrait presque, finalement, de ne pas en avoir fait "plus" : plus long, plus méchant, plus fouillé, etc. Encore, Riad! Plus profond! Fais-nous mal!
Constat : c'est drôle, vachard, acide, et surtout ça nous renvoie (à) des choses auxquelles on n'a pas forcément envie de penser, surtout en ce qui concerne la partie mâle  des spectateurs, qui ne s'iacceptent pas ainsi "féminisés", voilés, "diminués", (par un très juste retour de bâton, non ?). Historiquement, dictature va de pair avec domination masculine (tiens c'est drôle, tous ces mots sont féminins) et quand on sait en plus que les décors (le village, le palais) sont réels  (et pas fabriqués juste pour le film, qui a été tournée en Géorgie), ça en remet une couche dans l'intensité des grincements de dents. Et puis les scènes de foule dans le palais sont superbes , même si les méchants des Cahiaîs les trouvent "incroyablement statiques" : comment voulez-vous faire bouger tous ces mecs en voilerie  blanche, serrés les uns contre les autres -hmmm- ?. C'est beau, un homme en voilerie (même si Sattouf précise que "ce ne sont pas des burqas...")

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