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lieux communs (et autres fadaises)
18 août 2014

roasted almonds

LE RÔLE DE MA VIE
de Zach Braff

Chocolat/amandes/guimauve : c'était ma glace préférée chez Baskin Robins à Avignon (ah, j'étais jeune!). C'est ce que m'a rappelé la glace aux amandes grillées que demande le père, dans le film. Et c'est le nom que je pourrais bien utiliser maintenant pour appeler cette catégorie de film, les "feel good movies" : Le chocolat c'est pour le goût d'ensemble, la texture et la saveur générales, les amandes ça serait ce qui donne du corps du crunchant à cette pâte cinématographique, tandis que les guimauves seraient, comme leur nom l'indique, les moments où, par contre, ça commence un peu dégouliner, question sirop de glucose et autres hypersucreries violoneuses et collantes.
Je suis allé voir le film parce que la bande-annonce donne vraiment envie de, et en plus il y a une chanson qui m'avait (c'est fait pour ça) aussi sec accroché l'oreille (là, il faut attendre le générique de fin, c'est une chanson des Shins.) Et c'est vrai que c'est trop mignon,  bisounours grave sa race (on se dit en sortant, avec un sourire béat qui fait carrément tout le tour du visage pour se refermer derrière la tête, que ça serait drôlement bien si la vraie vie était comme ce qu'on voit dans le film mais bon on a besoin de sucre en ces temps pluvieux et fadasses... ) et qu'en cela la bande-annonce le vend bien.
Le rôle de ma vie ? La partie chocolat est vraiment agréable : onctueuse, parfumée, oui, la bonne consistance et la bonne saveur : Une histoire de famille (le héros, sa femme et ses enfants, et son frère, et son père, et le chien de son père qui pisse partout -le chien pas le père-)  plurielle, chorale, américaine, contemporaine, drôle et tendre. La partie amandes est parfaite elle aussi : les états d'âme du héros (et des autres), les répliques qui fusent, les vacheries, les dialogues acides, les scènes qui font glousser de plaisir, ou qui vous font éclater de rire, les personnages entre croquant et craquant, oui, le dosage est vraiment parfait, on en jubile.
Jusqu'à ce qu'arrive la partie guimauve, et qu'on ait l'impression que le "Monsieur Plus" a vraiment eu la main lourde,  que c'est tout le contenu du seau qui s'est renversé dans la pâte du film, la rendant petit à petit (c'est insidieux) tellement sucrée qu'elle en devient  écoeurante (la partie autour de spoiler la mort du père gâche vraiment le plaisir incontestable qu'on avait pris jusque là à cette dégustation). Le réalisateur a tellement efnconcé le bouton "bons sentiments" qu'il en est resté coincé (ou collé, avec tout ce sucre, c'est normal).
Plus ça avance et plus le film se lénifie, abandonne en chemin les saillies et les aspérités qui en faisaient la saveur, et c'est trop dommage. La grande scène à l'hôpital, avec toute la famille réunie autour du pater familias chuchotant avec des tuyaux dans le nez en devient  pénible. (Pour la petite histoire, j'ai mis un certain temps avant de retrouver qui se cachait derrière cette belle grosse barbe poivre et sel : c'est Mandy Patinkin (oh comme le temps passe, c'était, dans les années 80, dans Yentl, le beau barbu qui chavirait le coeur et les ovaires de Barbra Streisand (et les miens aussi d'ailleurs...), puis, quelques années plus tard, le fougueux Inigo Montoya, dans le toujours plaisant Princess bride...) Et bien là, il est vieux et il est malade, et c'est le père du héros et il n'en finit pas de mourir.)
Oui, j'ai vraiment adoré ça, au moins les trois premiers quarts, mais quand l'indice de glycémie émotionnelle a implosé, on est déçu,de voir le film retomber plaf! des quatre fers dans la plus fâcheuse moralité moralisatrice (après avoir été plutôt politiquement incorrect, par rapport à la religion notamment, et délicieusement insolent et rebelle) et hop, l'apologie de la famille, de l'amour, et de Dieu, et du statut de père, et hop! God bless America et hissez les couleurs!
C'est trop maladroit pour être intentionnel, il a sans doute voulu trop bien faire, et ça  fait  regretter encore plus ce qu'aurait été le film s'il avait vraiment tenu jusqu'au bout la note vraiment drôle et vraiment acide qu'il avait su mettre en place dès le début. Le glaçage final (moral) le rend juste, au bout du compte beaucoup moins comestible (comme une pâtisserie qui aurait abusé de la crème au beurre.)

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