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lieux communs (et autres fadaises)
20 août 2014

poussins congelés

LES COMBATTANTS
de Thomas Cailley

Le résumé, je dois dire, ne me faisait pas plus envie que ça... Mais bon y avait Adèle Haenel... Comme je n'avais même pas pu voir la bande-annonce, j'y suis allé comme ça, au jugé, dès la première séance (j'avais des places à 5,50€!).
Sacré film! Il me semble que c'est le premier long du réalisateur (je n'en suis pas sûr sûr), mais tout ça fonctionne super bien! Ca commence socio docu, un peu à la Doillon, un poil à la Dardenne, deux frangins dans la menuiserie, papa mort, maman attentive, potes et bière, du solide, du vécu, de l'authentique, qui sent la sciure, la sueur de jeune homme, et tout à coup la rencontre de "cette meuf un peu zarbi" qui vient perturber le plus jeune des deux... alors le film va s'orienter vers autre chose, dans une seconde partie kaki et camouflage,jusqu'à ce que, franchissant un grillage, il  bifurque une nouvelle fois, puis  encore une autre, au bord d'une rivière, et encore encore une autre, dans un village, en réussissant à chaque fois l'exploit, non seulement de nous surprendre mais de nous posséder, nous ferrer, en réinventant, en biaisant à chaque fois la forme qu'il emprunte en apparence, choisissant l'itinéraire-bis plutôt que celui emprunté par le plus grand nombre, habituellement, pour se rendre du point A au point Z de cette fiction..
C'est vraiment du grand art cette façon de rebondir là où on ne l'attendait pas vraiment, et à chaque fois de tenir la note juste, sans forcer, et à chaque fois repartir, sans vraiment jamais nous lâcher la main.
J'ai eu un peu de mal au début avec le personnage que joue Adèle Haenel, quasiment si macho qu'il n'en faudrait pas beaucoup pour pouvoir ajouter un sous-texte gay! On la sent "en force", a donf, "trop", tandis que Kevin Azaïs, qui joue le jeune homme en face d'elle serait, lui, "trop" le reste (oh que voilà une phrase obscure non , en gros, tout, les oppose) et ce bloc de granit, inattaquable en apparence, va, bien évidemment petit à petit se lézarder , oh pas beaucoup, juste de quoi laisser passer une bouffée de tendresse, celle après laquelle galope en vain le jeune homme depuis le début du film.
Très belle(s) étude(s) de personnage(s), cette fille qui joue les combattants parce qu'elle a peur de la fin du monde, ce garçon qui devient adulte sans forcer, simplement, progressivement, ce frère et cette mère qui l'aiment et tentent de lui faire comprendre... sans que jamais on piétine dans la glaise avec les sabots lourds du convenu ou du pathos poufpouf. Au contraire, Thomas Cailley et son frère ont adopté un ton délicieusement ironique, drôle à froid, par petites touches, ici le dialogue, là la situation, un peu plus loin le regard et la distance qu'il porte à ses "héros"...
Plus que plaisant. Hautement très recommandable.

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