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lieux communs (et autres fadaises)
30 novembre 2014

entrevu...

Arrivé à la gare ce dimanche 23 à 11h07 (de retour de Paris) et reparti à 12h45 direction Belfort et son délicieux festival Entrevues

http://www.festival-entrevues.com/sites/all/themes/belfort/logo@2x.png

(dont le logo et la charte graphique - très très réussis- ont été élaborés par Thomas Huot-Marchand, que j'eus le plaisir d'avoir brièvement comme prof lors de mon passage aux Bozarts, c'est lui qui disait "Tout ce que vous ne choisissez pas, vous le subissez..." et il avait bien raison!)

dimanche 23 novembre
Récupéré mon accréditation à l'accueil, (merci Sacha) et nous démarrons (Claude, Dominique et Hervé et je) cette première journée -que nous ferons, peut-être pour la seule fois- tous ensemble :

14h30
A TALE (CM)
Une dame (la réalisatrice) dont on n'entend que la voix,raconte une histoire qui lui est arrivée à un groupe de jeunes gens dont on ne voit que les visages, et les réactions qu'elle produit sur cet auditoire. Sympathique
THE MEND
Une histoire confuse entre deux frères, un que sa copine vient de quitter et l'autre qui est sujet à de fréquentes crises de violence et vient squatter l'appart du frère parti en vacances avec sa dulcinée mais rentré sans. Plein de bruit et de fureur, d'agitation plus précisément. Tonitruant et énervant.

17h
ZLAKONI (CM)
Quinze minutes sur la vie d'un adolescent androgyne qui s'ennuie, en été, au Montenegro. Très cinématographique (composition, cadrage) mais peut-être un peu mince.
UND IN DER MITTE DA SIND WIR
Un documentaire intéressant et bien fichu mais un peu longuet sur des adolescents autrichiens, leur quotidien, mais aussi leur rapport avec le passé, (surtout avec la deuxième Guerre Mondiale, les camps d'extermination) et la façon dont on se construit à cet âge une identité (devenir punk après avoir fricoté avec l'extrême-droite)

20h30
LE VIEILLARD DU RESTELO
Une séance pour Hervé part one : le dernier film d'Oliveira, ving minutes hyper érudites où le vieux Maître fait converser quatre personnages en costume (dont trois viendront s'asseoir sur un banc mais pas le quatrième) de l'Histoire littéraire Portugaise ou pas. je ne suis même pas capable de les citer tous les quatre...
KOMMUNISTEN
Une séance pour Hervé part two : le tout dernier film de Jean-Marie Straub (La guerre d'Algérie, 6') et l'avant-dernier, un réarrangement de blocs constitués par des extraits de ses films précédents. Du cinéma qui a ravi Hervé mais qui ne me convient pas (ni à Claude non plus d'ailleurs). Jouissif pour certains, insupportable pour d'autres.

Fin du premier jour, nous remontons dans la voiture pour Vesoul, vingt-deux heures et quelques, je sais que pour demain il ne faudra pas que j'oublie d'apporter un sandwich - car la restauration sur place (au "bar") est tout de même très onéreuse : huit euros pour une ardoise gourmande servie avec désinvolture et même pas une serviette en papier pour s'essuyer les doigts, ça ne sera pas tous les jours-, heureusement il ne neige pas (ceci sera une plaisanterie récurrente au cours de la semaine)

24 novembre 2014

paris novembre two

mardi 18

8) TIENS-TOI DROITE **
(Proj de presse)
Dans la salle, Roselyne Bachelot (derrière) et Audrey Pulvar (à ma gauche) pour un film moyennement enthousiasmant (pourtant j'adore Noémie Lvovsky, Marina Foïs, Michael Abiteboul -vous allez finir par vous y habituer- et Jonathan Zaccaï, les acteurs ne sont pas en cause), parce que trop brouillon (très difficile d'y rentrer) et confus : trois statuts de femmes (j'ai oublié de citer Laura Smet), archétypes singuliers au départ qui s'unissent un peu confusément in fine dans  une histoire de "poupée pas blonde pas à gros seins". Quelques détails plutôt embarrassants (à propos des gamines notamment). J'avais beaucoup plus aimé son précédent Pourquoi tu pleures ?



9) QUI VIVE ***
(MK2 Hautefeuille)
Le sujet ne m'attirait pas particulièrement, mais Reda K et Adèle E, c'était alléchant. Si Reda est de presque tous les plans, Adèle est un poil sous-employée, et c'est bien dommage. Un film "sociétal", (la banlieue, les djeunz qui zonent et foutent le bordel, les trucs tombés du camion, les embrouilles) le portrait juste dun homme juste et de son combat pour s'en sortir (les états d'âme du vigile)...La dernière scène (la reconstitution) est magnifiqueet fait venir les larmes aux yeux.



10) WHITE GOD **
(avant-première UGC Les Halles) 
La dernière fois que je vais à une avant-première là, à 20h30 (salle archi-bondée, chauffage à fond, voisin qui tousse, impossible de bouger les jambes) pour un film hongrois pas mal mais bon. Un peu schématique et prévisible (mais comment s'appelle donc ce film de Samuel Fuller d'après Romain Gary ?) un film qui montre les dents (mais le réalisateur dit que c'est pour jouer) et aussi comment l'amour peut venir à bout de la rage, (et la trompette des aboiements) avec une ultime scène impressionnante (imettant en scène 300 chiens ou presque...)

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mercredi 19

11) ET MAINTENANT ? ****
(MK2 Beaubourg)
Un grand bonheur en portugais, de 2h45. Une ample et précieuse chronique autobiographique (le réalisateur est malade du SIDA depuis une dizaine d'années et nous évoque ses thérapies successives, mais pas que du tout.) La maladie, le Portugal, l'amour (Il a aussi un mari, magnifique barbu qui "a dû troquer le heavy metal contre la fanfare des pompiers"), le travail aussi (il a fait le son dans les films des autres, qu'il évoque, Ruiz, Monteiro), il nous  parle de tout ça, et de plein d'autres choses encore. Un film gourmand, gourmand de la vie, de la mémoire, de l'amour, du cinéma... Magnifique.

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12) EDEN *
(UGC Les Halles)
Je suis sorti avant la fin tellement ça m'a inintéressé. Pourtant Vincent Macaigne (mais sans barbe, ce qui était déjà mauvais signe). Chronique-hommage à la scène (et un groupe de) garage music, dans les années 90/00. Vie nocturne, clubs, défonce, et musique, bien sur. (c'est d'ailleurs lors de ces scènes là que lles gens sortaient...)

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jeudi 20

13) LES OPPORTUNISTES***
(UGC Les Halles)
Un film à la structure comme j'aime : la même histoire racontée trois fois de suite en suivant trois personnages différents. En plus en italien, et avec Valeria Bruni-Tedeschi en Carla (!) grande-bourgeoise dont la vie est soudain déstabilisée par une série d'évènements fâcheux. Il est beaucoup question d'argent (un peu d'amour aussi quand même) et le ton du film est délicieusement cruel. le titre italien évoque Le capital humain, et l'explicite dans l'épilogue. Efficace et plaisant.


14) '71 ***
(UGC Les Halles)
Plus qu'un film politique, un thriller (un soldat, une nuit, Belfast, des catholiques en colère, des protestants en colère, des cathos qui se déguisent en protestants, des protestants qui défendent des catholiques, et l'armée qui sème sa zone, et attise encore plus les pulsions des belligérents, au bout d'un moment on on ne sait plus trop qui est pour ou contre qui, on ne peut que continuer à courir dans la nuit aux basques de ce soldat (qui va vraiment de Charybde en Scylla),  on est jusqu'au bout tenu en haleine par ce baptême du feu mené tambour battant. on n'a qu'une hâte, que le soleil se lève. Haletant.

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15) PRAIA DO FUTURO ***
(Proj de presse)
Un beau film germano-brésilien : les amours d'un maître-nageur (chef des pompiers) brésilien et d'un moto-crosseur germain : en trois chapitres aux titres poétiques. Avec l'intervention du petit frère du maître-nageur. plage ici et plage là-bas (rien à voir). On passe des vagues idyllique aux frimas berlinois (la coproduction est scrupuleusement respectée), la mise en scène assure, le son est (au début et à la fin) poussé au maximum, dans une volonté délibérée d'en mettre plein les oreilles, mais c'est plutôt jouissif. Un beau triangle viril.

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vendredi 21

16) FELICIDAD ***
(Luminor)
Premier film argentin de la journée (sans Ricardo Darin!) Une histoire d'amitié entre deux associés (sous-texte gay, yes), amis d'enfance, dont l'un disparaît tout à coup, et où le "restant" va se mettre à enquêter en compagnie de la femme du disparu (qui souhaiterait le remplacer), avec l'aide d'un gastronome amateur de nourriture arménienne... Cherchez la femme... Plutôt très agréable, mais avec hélas une scène (et une musique)  finale(s) bien trop violonneuse et longuette (et attendue)...

17) CAÑADA MORRISON ***
(Luminor)
Deuxième argentin (toujours sans Darin) : une fillette s'obstine à vouloir retrouver son père dont elle ne connaît même pas le prénom, à partir d'une plaque métallique rouillée trouvée sur une antenne. Roadmovie en zone assez inhospitalière (qu'est-ce qu'on a l'air de se peler!) avec cette gamine au début assez énervante, mais qui s'adoucit et s'assouplit au fur et à mesure de sa quête (elle est accompagnée de son institutrice) Des rencontres, des surprises, des kilomètres, de l'émotion, contrat rempli.

18) HISTORIA DEL MIEDO ****
(L'Archipel)
Troisième argentin d'affilée (oui oui toujours sans RD) et, dès le départ, on déguste, on savoure, on jubile -un moment sublime dans un fast-food qui m'a fait venir les larmes aux yeux (le jeune homme qui danse)- Un film au départ en fragments, qui pourrait évoquer Les bruits de Recife, un film qui porte bien son titre, sur toutes les différentes formes de peurs qu'on peut ressentir, avec une longue scène finale très réussie dans le noir, où les choses se nouent (se dénouent) et une conclusion peut-être pas tout à fait à la hauteur...

19) FILS DE **
(Luminor)
HPG, où le cinéma prêche le vrai (faux) pour savoir le faux (vrai), Faux rapports, faux tournage, faux sperme, et vrais doutes, vraies interrogations. Brouillon, frondeur, rebelle,  et finalement contre mauvaise fortune bon coeur. Du cinéma "à côté" avec quand même un côté, justement, "ma petite entreprise (auto- comme dans autoportrait mais aussi auto-analyse). Où il serait qaustion de vanité (dans tous les sens du terme).

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samedi 22

20) CANAILLES CONNECTION ***
(Reflet Médicis)
Malgré son titre nunuche (et pas vendeur il faut bien le reconnaître) j'avais envie de le voir, parce que c'est israélien, une comédie de surcroît, et de plus une histoire de hold-up foireux perpétré par une bande de papys cacochymes avec déambulateurs, pacemakers, et tout l'équipement ad hoc, menés par un gamin surdoué (qui se fait persécuter par ses copains d'école)... C'est drôle, c'est tendre, et ça fonctionne!

21) TRAINS ETROITEMENT SURVEILLES ****
(Reflet Médicis)
Je ne connaissais que le titre du bouquin de Hrabal (une nouvelle, en fait) et la resortie en copie neuve et restaurée a fait le reste : un noir et blanc magnifique pour un film très... tchèque, dans une gare où le chef élève des pigeons, le sous-chef tamponne les fesses des jeunes filles et le stagiaire (c'est lui le héros) aimerait que son flambeau viril "ne soit pas fripé comme une fleur de lys" quand il en a besoin (il est puceau). C'est de l'humour plutôt noir (et blanc) puisque tout ça se passe pendant la deuxième guerre mondiale. Une excellente découverte.Hautement recommandé.

Trains étroitement surveillés : Affiche


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22 novembre 2014

from paris november

samedi 15

1) DER SAMURAI **
(Marais Festival)
Est-ce raisonnable d'aller voir un film juste parce qu'on a lu dans la critique de Libé qu'il se terminait par une superbe érection ? L'érection est belle (et bien là), mais elle dote un personnage qui aura traversé la nuit (tout le film) en robe longue blanche et katana à la main, décapitant joyeusement tout ceux qui s'en approchent, et qu'on retrouve finalement - au petit matin- à poil, à quatre pattes, en train de bouffer de la viande crue destinée au loup... Réponse : non. (Pourtant le réalisateur en était extrêmement mimi).

Der Samurai : Affiche

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dimanche 16

2) LAST SUMMER ***
(Marais Festival)
Une jolie chronique estivale dans le midwest américain (et les années 70) entre deux (jeunes) amants qui vont être séparés à la rentrée car l'un part en fac et l'autre redouble... Le dernier été, l'été dernier, "J'aurais aimé que tu me demandes de rester". Précis, attentif, avec un travail minutieux sur l'image et le son. Pas que des roucoulades, donc, ni des geigneries. Et c'est encore une fois l'été, comme dirait Brigitte Fontaine. Un joli film sensible (comme photosensible).

Last Summer : Affiche

 

3) LOVE IS STRANGE ***
(UGC Les Halles)
Encore une histoire de couple gay, sauf qu'ils ont 70 ans et habitent à Manhattan, et que l'un d'eux est joué par John Lithgow qui a été méchant et/ou tueur dans trois films de Brian de Palma. Là il est tout gentil, et malheureux, parce qu'à cause de son récent mariage avec son compagnon de 30 ans, voilà l'ami en question viré de son boulot chez les curetons, et donc obligation de revendre le bel appart et de loger séparément en attendant des jours meilleurs... Emouvant, bien fait, juste, inattaquable.


Love is Strange : Affiche


4) UNE NOUVELLE AMIE **
(MK2 Beaubourg)
Demoustier émoustille mais Duris me laisse de glace (tandis que Raphael tient bien son Personnaz). Je n'avais pas vraiment prévu d'y aller mais il pleuvait et j'avais un trou (dans mon emploi du temps). Le battage éhonté autour de la performance de Romain D. a nui à l'intérêt porté au film. Je n'ai pas trop compris où Ozonchounet voulait en venir, en tout cas, tout ça ne m'a pas véritablement intéressé. 

Une nouvelle amie : Affiche

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lundi 17

5) INTERSTELLAR ****
(UGC Les Halles)
Je ne m'attendais pas à ça, mais j'ai adoré ces presque trois heures très ricaines de SF qui m'ont ravi. Du Spectacle (avec un grand S) sur un écran gigantesque, encore mieux, avec des thèmes pas nouveaux nouveaux mais qui m'ont rappelé ma jeunesse de lecteur assidu de SF : extinction de la race humaine, voyage intergalactique, univers parallèles, paradoxes spatio-temporels (j'avais vu venir le coup gros come une maison hihihi) Mc Conaughey est un beau héros et Matt Damon un beau salopard... et, y a pas à dire mais c'est vraiment filmé avec des grôôôs moyens. Plein la vue.

 

Interstellar : Affiche



6) A DEMI MOTS ****
(Marais Festival)
Un autre film allemand, mais, à l'opposé du Samuraï. Attachante chronique d'une rencontre qui prend son temps, capte avec attention (et quasi en temps réel) les hésitations de ces deux mecs pour leur première fois. Attendrissant parce que très juste. Plans-séquences qui prennent leur temps, parole rare, et surtout les tâtonnements, pas de côté, et volte-faces de nos deux héros. Les mains qui se frôlent par hasard, les tartines de nutella, le concerto de guitare désaccordée, les maladresses, oh que c'est plaisant ces désarrois adolescents...

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7) THE NORMAL HEART **
(Marais Festival)
3 fois 52' HBO mises bout à bout pour faire un film qui raconte les débuts du SIDA aux USA. Formaté, quand même (en plus j'avais très faim et très envie de faire pipi) et vu dans une salle archicomble (la séance de clôture était offerte par les organisateurs, donc ça s'est furieusement bousculé au portillon... trouvé un peu le temps long la dernière heure... (oh mon dieu -je viens de récupérer l'affiche - je n'avais pas une seule seconde reconnu mon Mark Ruffalo chéri-chéri (je me disais bien que son visage m'évoquait quelque chose de plaisant) alors que Julia Robert, si si!)

The Normal Heart : Affiche

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21 novembre 2014

viewmaster

HAWAII
de Marco Berger

C'est dommage, on ne pourra pas le passer dans notre prochaine semaine latino, ce troisième long-métrage de Marco Berger dont j'ai découvert, en cherchant sa trace (je savais qu'il y avait eu un tournage, financé en partie grâce au crowfunding) et sa date éventuelle de sortie, qu'il l'était déjà, au mois de mars, sorti, et directement en vidéo.
C'est dommage, mais je ne sais pas si ça aurait intéressé beaucoup d'autre monde que moi... J'avais adoré (et j'adore toujours) son premier, Plan B, j'avais été un peu moins enthousiasmé par le second, Absent, surtout à cause d'une musique pas vraiment adaptée, et me voilà tout à fait ravi par ce Hawaii, on l'on retrouve d'ailleurs le fort mimi Manuel Vignau, qu'on avait découvert dans Plan B ( qui a un peu changé depuis mais a gardé le même sourire craquant).
Ici, pas  besoin d'argument scénaristique un peu trop tordu comme dans Plan B (ou un mec décidait de draguer "pour de rire" le nouveau copain de son ex-copine et finissait par en tomber amoureux)  ni de prétexte pour mettre en jeu (c'est toujours la même chose, et c'est sans doute ce qui m'enchante) les hésitations et les atermoiements de deux mecs qui tomberont finalement dans les bras l'un de l'autre. Dans le premier il s'agissait d'hétéros flexibles (jeunes gens chevelus et barbus avec des t-shirts de foot), ici on apprend, au milieu du film, qu'il y a un hétéro et un gay. Mais le résultat est le même. Deux hommes et le désir.
Marco Berger filme amoureusement le corps de ces hommes, avec une sensualité attentive, attentionnée, qui nous en montre un peu sans jamais ou presque dévoiler l'essentiel. Rien de pornographique, que de l'affectif. Du suggéré, des effleurements, des regards, des tentatives. Des hésitations.
Et on se laisse aller à cette douceur, à cette langueur, qui nimbent le duo d'Hawaii (il n'y a d'ailleurs pratiquement pas d'autres personnages que ces deux gaillards mal rasés qui se tournent autour avec des pudeurs et des effarouchements de demoiselles sans que ce soit jamais ridicule ou forcé.). Avec beaucoup de regards en coin ou indirects sur l'objet de leur affection. De toute leur attention.
Oui, vraiment, j'adore ça (et j'ai même acheté le dvd sur amaz*n, et je n'ai pas pu attendre, et l'ai  visionné avec gourmandise le soir même.) C'est délicieux ce pas de deux, entre irréaliste et idéaliste peut-être, mais, vraiment, avec moi en tout cas, ça marche à tous les coups. Marco Berger regarde ces hommes (ses hommes) exactement comme j'aime le faire. Sous des dehors velus et sexy, battent aussi des petits coeurs sensibles et palpitants. Comme quoi le macho argentin moyen pourrait avoir à l'occasion des joues roses de midinette (c'est pour ça qu'il se laisse pousser la barbe, pour qu'on ne puisse pas le voir au premier coup d'oeil...)
Les scènes de lit de Plan B étaient délicieusement troublantes (jeunes gens en slip dormant dans le même lit en tout bien tout honneur huhu), et c'est comme si Marco Berger avait agrandi ça à l'échelle du film entier. Comme dans le film Le cousin du programme Sexual tension : volatil (en ai-je parlé ici déjà ?). Il n'est peut-être bon qu'à (il n'a peut-être envie que de) raconter ça, mais qu'est-ce qu'il le fait bien!  Comme ici, élégamment, tendrement, solairement, sans le côté doloriste et la boursouflure musicale de Absent. Oooh jeunes gens en sous-vêtements, prenez le temps, prenez tout votre temps, de vous montrer et de vous regarder, de vous entredésirer...
Avec, comme d'habitude, la référence à l'enfance, à l'innocence de, aux souvenirs, à la mémoire, au temps qui passe... (soupir) Una vez mas, Marco!

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l'affiche

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l'ambiance


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14 novembre 2014

C'est Rocco mon pitbull...

QUAND VIENT LA NUIT
de Michael R. Roskam

Pour le titre désolé, ça a été plus fort que moi, rapport à une chanson d'Oldelaf qui me tourne dans la tête, mais où le pitbull s'appelle Raoul... en plus, celui du film y a une importance certaine (même si c'est juste un bébé) et donc on va dire que ça le fait... Le film, j'en avais envie surtout parce que James Gandolfini (qui dans une autre vie télévisuelle s'appela Tony Soprano) et aussi, pourquoi pas Noomi Rapace (Millenium 1) et Matthias Schoenaerts (Bullhead) mais aussi, après coup, Tom Hardy (je ne le connaissais pas avant, puisqu'il n'a joué que dans des films que je n'ai pas vus), dans le rôle principal, idéalement atone.
La bande-annonce en semblait attractive, polar nocturne, atmosphère, Brooklyn, old school, ombre tutélaire James Gray, allons-y donc, d'autant plus quand Dominique m'apprit que c'était adapté de Dennis Lehane (mais de quel roman donc, me suis-je longtemps demandé, avant d'apprendre, à la sortie, qu'il s'agissait d'une nouvelle). C'est le genre de film dit en pelures d'oignon, où , après un départ relativement simple et carré : tac tac tac un personnage deux personnages trois personnages, un bar, un bébé chien, et hop!, il va vite s'avérer que les choses ne sont pas du tout aussi simples qu'il semblerait,  et on commence à ôter les épidermes les uns après les autres, disons qu'ils s'effeuillent tout seuls au fur et à mesure qu'on en apprend de belles sur chacun , que personne n'est vraiment tout à fait celui qu'il/elle veut bien paraître, que les choses s'enveniment, que les menaces et/ou leur mise à exécution se succèdent, et qu'on en arrive à craindre, dès qu'on voit un personnage, de quel côté il va bien pouvoir s'en prendre une (ou à qui il va bien pouvoir en coller une, c'est donnant-donnant).
Une histoire d'hommes, essentiellement, qui aurait presque -je dis bien presque- pu tenir debout sans le personnage de Nadia (mais à ce compte-là, idiot que je suis, on pouvait aussi enlever le chien, non ? Et puis tous les personnages, un par un,  tant qu'on y est, non ? bon bon je retire ça.) C'est vrai qu'il est de tradition, dans les films de mauvais garçons, d'avoir une chouette pépée, à jambes interminables et à fume-cigarette langoureux, quelques grammes de rimmel, ou de carmin, dans ce monde de brutes... Là ça n'est pas tout à fait ça, (Noomichounette  joue, contrairement à ses habitudes, une demoiselle fragile et tremblante) mais ça nous ferait presque lorgner le thriller velu vers la bluette rafraîchissante, l'idylle roucoulante, la love story brooklynante. presque, je dis bien.
J'ai déjà dit que j'étais bon public, et ça s'est encore vérifié : là, il s'agissait être stressé, et  bingo! c'est bien dans cet état que j'ai vu le film : un certaine tension, les poings serrés, le souffle court (je ne suis pas seulement bon public, je suis aussi très imagé) on n'y a pas souvent l'occasion de le reprendre (son souffle)..
Cette histoire d'argent sale blanchi dans les bars, de bébé-chien tabassé, de jeune fille instable, de petit ami encore plus instable juste sorti d'hosto psy, de mafieux tchétchènes qui clouent les jambes, de hold-up foireux, de billets sanglants, on sait bien depuis le départ, que ça ne peut que mal se terminer (voire très mal ou même très très mal), mais le réalisateur parvient tout de même à nous surprendre en bouclant le tout d'une façon à laquelle on n'aurait pas forcément pensé. Et en rajoutant hop! une louche dans notre stupéfaction de spectateur. Ca finit, en plus,  d'une façon délicieusement amorale (je ne vous dis pas pour qui...) donc, le contrat est rempli. Sauf que le tout dernier plan n'était peut-être pas tout à fait indispensable, un peu comme si on avait ajouté in extremis un joli ruban autour de disons un fusil à pompe...

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l'affiche américaine

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... et la française
(le titre n'est pas terrible)

11 novembre 2014

hors cadre

NATIONAL GALLERY
de Fred Wiseman

Fred Wiseman, c'est un camarade de longue date. Un de ceux d'ailleurs qui m'ont fait aimer le "documentaire". (Pour moi, quand j'étais jeune et fougueux con, et que je découvrais le cinéma, je pensais qu'un "vrai" film ne pouvait être qu'une oeuvre de fiction, et certains, heureusement, m'ont prouvé le contraire.) Avec Nicolas Philibert, par exemple, dont le travail n'est pas si éloigné, pour ce film notamment. Chacun son musée : lui avait choisi le Louvre,  Wiseman la National Gallery. Une même démarche, un même esprit d'appréhender un "lieu" de culture (de culte culturel, hihi) dans son intégralité, par toutes ou presque ses entrées possibles : les lieux eux-mêmes, les oeuvres, bien sûr, les spectateurs,(indispensables!) mais également   tout ce (ceux) qu'on ne voit généralement pas (ou quasiment jamais) : l'à côté, avec les "dirigeants", les concepteurs, les réfléchissants, les organisateurs, et, à l'autre extrémité, les "exécutants" : les accrocheurs, les installateurs, les réparateurs, les nettoyeurs, tout aussi (sinon plus)  indispensables que les susdits. Les têtes et les mains, en gros.
Comme Philibert, Wiseman ne parle pas. Il laisse à entendre ceux qui parlent dans son film, sur les lieux où il a posé sa caméra, ceux qu'il montre, ceux qu'il nous apprend. La seule différence, ce serait peut-être au niveau de la durée : là où Philibert s'était cantonné à une "raisonnable", Fredounet, comme d'hab', s'est lâché, et hop, carrément nous offre (la durée de) deux films pour le prix d'un. Et même qu'à la fin on n'est pas rassasié, et on en redemande.
Le film volète (volette ?) dans le temps et dans l'espace sans jamais donner le sentiment de s'apesantir, consacrant à chaque séquence le temps qui lui est le plus adapté (ainsi quelques discussions quelque peu arides ou moins intéressantes auront ainsi juste le temps idéal pour qu'on puisse s'y endormir quelques instants, débrancher les neurones et baisser les paupières) tandis qu'on ne se lasserait pas d'écouter par exemple la dame qui raconte aussi bien les tableaux à un auditoire tout aussi captif et attentif que nous dans la salle.
Car dans cette gallery, le plus important ce sont tout de même les tableaux. Ceux qui y sont accrochés (ou décrochés) et que Wiseman montre dans leur intégralité, et leur environnement. Comme en vrai. Et ceux qu'il recadre, qu'il découpe, dont il extrait un élément, souvent un visage, et de plus un visage qui nous regarde, qui nous contemple en train de le dévisager (ou qui nous dévisage en train de le contempler, eh eh) dans une somptueuse litanie de peinture et du beau temps qui a passé...
Des films et des effets qu'ils produisent : si, par exemple, en sortant de Still the water on se sent paisible, serein, rasséréné, en sortant de  National Gallery, on se sent... intelligent, éclairé, rempli de tout ce savoir qu'on vient d'absorber pendant les  presque trois heures du film. Un vrai film de maître.

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10 novembre 2014

ballons blancs

LES HERITIERS
de Marie-Castille Mention-Schaar

Volià un film qui ne commençait pas sous les meilleurs auspices, reconnaissons-le. Le lycée dans la zone, la classe de seconde multi-ethnique (et multi-têtes à claques, aussi) et bordéleuse, la prof (d'histoire) charismatique qui décide de l'inscrire à un concours national sur le thème de la déportation des enfants et des adolescents pendant la seconde guerre mondiale, tout ça d'après une histoire vraie, en plus, on sent venir le syndrome Will Hunting ou Le cercle des poètes disparus à plein nez, préparez vos mouchoirs, d'autant plus qu'on a vu l'excellent La cour de Babel peu de mois mois auparavant, sur un sujet quand même très proche...
On est... méfiant, le début du film est quand même assez cahotant, et puis, clic clic clic les petits engrenages se mettent à cliqueter, les choses démarrent, pour un trajet dont on connait déjà l'issue, dont on (re)connaît chacune des étapes, dont on on identifie assez vite la trajectoire de chacun des personnages, mais, allez savoir pourquoi, on ne peut s'empêcher de continuer, par que c'est une histoire comme on les aime, un conte réaliste qui finit trop bien, tellement youp la boum qu'on se dit que tout ça ne pourrait avoir lieu que dans un film (mais c'est arrivé en vrai, et c'est d'ailleurs un des élèves de la classe qui a contacté la réalisatrice pour qu'elle fasse un film avec leur histoire à tous) tellement juste et poignant à certains moments (beaucoup) qu'il vous tire des larmes (j'y ai pleuré d'assez bonne grâce je dois avouer), même si à d'autres moments ce sont les maladresses qui vous font un peu tiquer (ou ricaner, c'est selon, je pense que d'autres n'ont pas dû s'en priver).
Histoire "édifiante" a donf, super feel good movie, chronique sans doute un peu idéalisée où tout ce qui finit par arriver et qu'on avait anticipé depuis un moment (avec le mutique, avec la rebelle, avec le converti, etc.) devrait a priori agacer alors que non. On joue le jeu. Quand il y a de l'amour de l'espoir et de la justesse, ça fait oublier le reste. Au début les ados sont cons et présentés comme tels (ça semble juste et réaliste), à la fin c'est tout le contraire (presque trop le contraire diront certains). Mais bon, ça s'est passé comme ça aussi en vrai (sans doute pas si idylliquement ricaneront les mêmes certains).
C'est vrai que tout ce qui a trait à la déportation et à la Shoah me fait immanquablement perdre mes moyens, mais il y a façon et façon de traiter le sujet.  Je me souviens d'être sorti quasiment dans le même état lacrymal de La guerre d'un seul homme, d'Edgardo Cozarinsky. (C'est au moment de parler avec les gens, à la sortie, que ça s'est manifesté de la façon la plus forte...)
Car il y a aussi les réactions physiques, incontestables, pendant le film : Plusieurs fois j'ai ressenti dans le ventre ce petit spasme , qui apparaît sans prévenir, au détour d'une scène, qui coupe un peu le souffle, qui signale un soudain trop-plein émotif, mais qui ne se manifeste , tout compte fait, que face à très peu de films. Là, ça s'est produit, plusieurs fois, (et j'étais content de m'être installé sur le côté, et de ne pas risquer de gêner mes voisins par ces sursauts imprévisibles.)
En tant qu'enseignant (même si ex) je ne peux pas m'empêcher de savourer ce genre d'histoire (ahlala ces profs d'exception, iconiques et sacerdotaux, qu'on a tous à un moment rêvé d'être, qui sont à l'éducation ce que St Louis rendant la justice sous son chêne est à l'histoire de France, ou Les contes du chat perché à la littérature,  ou encore  la Pavlova sur la carte des desserts : des références, des exemples, des trucs qui font plaisir, qui font du bien, que tout le monde adore...)
Et finalement j'étais un peu coupé en deux pendant tout ce film : les tripes (l'affect) qui ouvraient régulièrement les vannes et faisaient pleurer chaque fois qu'il fallait pleurer, et le cerveau (l'intellect) qui commentait en même temps qu'on pleurait "tiens, là, le contrechamp sur la larme qui coule sur la joue, c'est peut-être trop, quand même, non ?" ou "ohlala  et lui qui parle pour la première fois pour dire que, justement, ils ne savent pas s'exprimer, c'est aussi trop...". Vous le savez, je prends souvent les choses au premier degré, et ce fus le cas là aussi, mais, en même temps, j'étais sur un "deuxième niveau de lecture" où je me regardais en train de pleurer (je me serais bien tendu un kleenex, tiens), en décortiquant, en temps réel,  les effets du film. Un poil schizoïde, comme exercice. mais plutôt plaisant (et libérateur ?).
Bref, un film très attachant, concluera-t-on, (ce qui fait qu'on s'y retrouve pieds et poings liés).

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oh oh les affichistes manqueraient-ils singulièrement d'imagination ? Ca ne vous fait pas penser à ça :

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ou encore à ca ??

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6 novembre 2014

...qui donnent envie d'autre chose...

Je pense souvent à ces mots de Foule sentimentale, de Souchon :
"le rose qu'on nous propose
d'avoir des quantités d'choses
qui donnent envie d'autre chose..."

Surfer, coq-à-l'âner, c'est exactement le principe : on est sur une page, qui vous renvoie à une autre page, qui renvoie, etc., avec à chaque fois des sujets d'intérêt, et donc des objets d'envie
Ainsi hier, simplement en surfant, j'ai eu envie de

51hy-jdSGqL71WbrQMElyL763af3327eaf83549d73c510dc09f9bb98936270affiche-MFF-2030-300dpi-RVB-200x300a1169494129_2hello1indexlivre_13livre_23livre_79Paul_Douglas_in_A_Letter_to_Three_Wives_trailersticker_1tithm-0251TWSNZJbPL253050188084531986673920198152matricule-des-anges-2422-large

...qui donnent envie d'autre chose...

 

6 novembre 2014

des primes

Déprimé ?
Déprimé ??
Mais pourquoi voudriez-vous que je déprimasse (je ne sais pas si le subjonctif imparfait est justifié mais c'est nettement plus plaisant) ??? "... Et t'es pas trop déprimé ?" C'est en effet la question qui revient dans la discussion quand je croise quelqu'un, de plus ou moins proche, que je n'ai pas revu depuis que je suis en retraite... Celle-ci et sa copine "Et tu ne t'ennuies pas trop ?" ... Mais pourquoi encore en plus voudriez vous que je m'ennuyasse (cf plus haut) ?

Mais de quoi donc voudriez-vous que je me plaignisse ?

C'est vrai, enfin, me voilà, depuis deux mois (déjà!) payé (j'avais écrit peigné, ce qui n'est pas tout à fait le cas) comme dirait l'autre à ne rien foutre, (ou tout du moins pas pour la même chose que ce que je faisais avant, et que j'aurais d'ailleurs pu continuer à faire si j'avais voulu, et que eh bien non, je ne voulais plus!) ce qui, d'une certaine façon constituait pour moi, depuis un certain temps que je l'espérais, un genre d'idéal de bonheur terrestre, un oméga de la félicité, un couronnement grandiose et en fanfare (avec sonneries de trompettes adéquates) pour une laborieuse existence...
L'avantage énorme que j'ai par rapport aux autres collègues dans le même cas est que je n'ai pas d'enfants. Et qui dit pas d'enfants dit surtout pas de petits enfants (yesss!) pas de week-ends de garde, pas de soirées prises à l'improviste, pas de nursery pendant les vacances (petites ou grandes) non non pas de souci de ce genre. Mais non plus, bien évidemment, pas de repas du dimanche midi avec toute le famille souriant autour du gigot/flageolets, pas de famille serrée à Noël autour de la cheminée ou de Papy, pour les anniversaires , c'est le revers de la médaille, il faut savoir assumer ses choix...
N'ayant personne à charge (ni ascendant ni descendant) ça facilite donc les choses, et je pourrais tout à fait envisager (tiens j'avais écrit enviager hihi) d'aller m'installer du jour au lendemain en Papouasie septentrionale sans que grand-monde en soit dérangé. Mais je n'ai pour l'instant pas changé grand-chose à mes habitudes. A part les horaires anciennement "de travail" qui sont désormais des horaires "de rien" ou de "qu'est-ce que je veux", je continue, de me lever tôt le matin (mais des fois c'est vrai je me recouche) de manger avec mes collègues à midi quelques jours par semaine, je continue de m'investir pour Les Amis du Cinéma, je continue d'aller faire mes courses au Super U, je continue d'aller manger chez mes voisins le dimanche soir,  il n'y a pas de si grand changement que ça.
Sauf que, rien ne me pressant, il  semblerait que je deviens encore plus procrastinateur. Oh que j'aime le refrain de aujourd'hui peut-être, ou alors demain... Pas envie aujourd'hui ? (parce que, le temps, je l'ai presque toujours) bah, on verra un autre jour... A tel point que je suis obligé d'écrire sur le calendrier dans la cuisine les choses indéplaçables que je ne peux pas ajourner, les jours précis à heure fixe (il y en a), les contingences extérieures...
L'autre différence, aussi, c'est que je suis plus vieux. Encore plus vieux. (mais bon ça, c'est pas nouveau, depuis le début, chaque jour on est encore plus vieux, non ?) désormais  à l'âge où "on a fait le plus gros" (quoiqu'à ce niveau, -du plus gros- si j'ai déjà bien pris, je n'ai pas le sentiment d'être parvenu au bout de mes possiblités, je sens que je peux mieux faire encore), où "on regarde en arrière" qu'on fait le bilan de sa vie et tout ça. Cette semaine dans Les Inrocks, Woody Allen déclare que "la vie n'a aucun sens". Bravo, Woodychounet, vraiment il était temps que tu t'en aperçusses! (désolé, c'est plus fort que moi).
Quand je regarde en arrière ? Euh... il y a comme un grand vide, diraient certains, bah, juste comme une vie normale, diraient d'autres.
Qu'ai je donc fait ? Qu'ai-je réussi, qu'ai-je manqué, que laisserai-je ? Euh je ne répondrai avec certitude qu'à la dernière question : des tonnes de bouquins c'est sûr, (qui partiront sans états d'âme à la déchetterie) , des papiers aussi, beaucoup : des affiches, des photos, des cartes postales, des journaux, des magazines


(Tiens donc, comment, en partant du sourire que provoquait la question sur la déprime en suis-je venu à ces abîmes de perplexité moite et introspective -et sententieuse- ?)

Rions un peu, que diable. Retournons un peu nous coucher (hihi)



4 novembre 2014

typhon

STILL THE WATER
de Naomi Kawase

J'aime le cinéma japonais. Les deux tendances du cinéma japonais : la manière douce (Kore-Eda, Miyazaki, Naruse,Ozu) et la manière "forte" (Kitano, Miike, Nakata, Kurosawa) -en regardant la page "réalisateurs japonais" sur wikiped, je m'a perçois que je n'en ai connais pas le dixième!-, et j'aime donc Naomi Kawase (pas beaucoup d'autres réalisatrices, dans cette liste!) dont nous avons passé plusieurs films déjà dans le bôô cinéma, et, celui-là, Hervé m'en avait tellement dit monts et merveilles que j'avais un peu peur d'être déçu...
(Bon, on va dire "Merci Hervé", encore une fois, avec un peu les yeux rouges et en applaudissant fort.) Même si on n'est pas toujours tout à fait d'accord (sur Bruno Dumont, notamment), grosso modo je sais qu'on peut se faire confiance, mais là, alors mais là, quel commun accord, quel ravissement ce fut!
D'abord, c'est incontestable que la mer est cinégénique (juste une caméra posée devant le rivage, et déjà ça le fait : Kiarostami l'a bien tenté, avec ses canards de Five), et celle que filme Naomi Kawase l'est encore bien plus. Le film s'ouvre sur des plans superbes de vagues assez furieuses qui se fracassent sur une jetée, et, rien que là, on est déjà ravi.
Il sera question d'un typhon (on aura l'avant, le pendant, et l'après), il sera question d'une histoire d'amour (du début d'une) entre deux adolescents, et il va aussi (surtout ?) être question de deux familles, deux structures familiales : une réunie (celle de la demoiselle, où la mère est en train de mourir du cancer) et une  dissociée (celle du jeune homme, dont le père a quitté la mère pour aller vivre à Tokyo). Sans oublier un "regard extérieur", celui de "Papy-Tortue", un vieillard magnifique, poète et sacrificateur. Au début du film, on verra le corps nu d'un noyé, que la mer a rejeté, tandis qu'à la fin on en aura deux, en train de nager idylliquement, juste après avoir fait l'amour... Et tout sera dit. Et, tout du long la mer ("toujours recommencée" comme l'écrivait je ne sais plus qui) dans tous ses états, dans toutes ses couleurs, et toutes ses lumières aussi. Comme dans le récent (et pas encore chroniqué) Des chevaux et des hommes, prennent place régulièrement dans le récit des plans de coupe suffocants de beauté. Rythme, respiration, ressac...Des haltes, des pauses. Mais pas que belles pour juste belles.
Comment dire ? J'ai retrouvé dans Still the water la quintessence de deux cinéastes que j'adore : Apichatpongounet pour la  douceur et la façon de filmer la nature, et Kore-Eda pour l'attention portée aux gens. Et le mélange des deux ne pouvait être que très doux à mon coeur (et à mes yeux).
D'autant plus que la beauté formelle de l'ensemble n'est pas vaine, ni gratuite, elle est juste au même niveau, tant le contenu est dense, et la multiplicité des pistes ouvertes stimulante. Presque trop, diront certains, et pas suffisamment fouillées répondront d'autres (oh les critiques inhumaines pondues par P*sitif et les Cahiaîs, par exemple... comment peut-on parler de regard inquisiteur (celui-la) ou d'interprétation narcissique (celui-ci à propos de ce film ? Je préfère la belle phrase de Didier Péron dans Libé : "Le film nous semble si précieux qu’on voudrait l’avoir dans la poche comme un objet porte-bonheur pour affronter sans peur les nombreux "pourquoi ?" qui attendent encore aux détours des chemins."). La vie (la vie de famille, la fin de la vie), l'amour (le début de l'amour, la fin de l'amour), le temps (être jeune être vieux), les éléments naturels (l'eau, les arbres), les sentiments (amoureux, familiaux, filiaux), les traditions (le sacrifice, les chants, les danses), on pourrait continuer comme ça un certain temps, sans que rien ne soit jamais assené ou définitif. On suggère, on chuchote, on espère, on commente...
Il faut sans doute un certain temps au film pour que le spectateur s'y enracine (mais moins longtemps qu'il en a fallu au banyan (banian) géant pour pousser), il faut en accepter la lenteur, s'y laisser descendre le long du courant, "au flux et reflux des marées" (oh qui donc a écrit ça ?) et aussi les changements de rythme et d'intensité de ces mouvements aquatiques qui scandent le récit : eau plate, déferlantes, ruissellement, trombes, gouttelettes, ressac... Humains aussi. Oui, still the water (ne manquent même pas les larmes.)

007118

(un petit truc rigolo : quans j'ai enregistré l'image de l'affiche avant de la mettre ici, elle est allée se ranger toute seule dans le dossier "best of 2014 2015"... Incroyable, non ?)

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