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lieux communs (et autres fadaises)
19 décembre 2014

absolution

CALVARY
de John Michael McDonagh

C'est le deuxième film du réalisateur (après L'Irlandais, avec déja dans le rôle-titre l'énorme, le magnifique, Brendan Gleeson, qui était aussi dans le film du frère du réalisateur, Bons baisers de Bruges -en compagnie de Colinchou "trop mes sourcils" Farrell-). Dans L'Irlandais, il incarnait un vieux flic asocial alcoolo et ronchon, forcé de faire équipe avec un black du FBI, dans une relecture de western à l'irlandaise aussi drôle (black) qu'épique, ici, il incarne un prêtre, un vrai prêtre à l'ancienne, en soutane, (sauf qu'il a une fille, qu'il a eu d'un précédent mariage, avant que son veuvage le pousse vers la prêtrise), un prêtre à qui un anonyme annonce, dans la scène d'ouverture confessionnale, qu'il l'exécutera le dimanche suivant, sur la plage, (on est bien sûr toujours autant en Irlande), en vertu du fait qu'il est un bon prêtre,  et qu'il semble  logique que ce soit un prêtre innocent qui paye pour la faute d'un autre (l'anonyme en question annonce qu'il a été abusé dans son enfance  par un prêtre pédophile qui depuis est mort et dont il ne pourra pas se venger).
On va suivre donc le padre (comme l'a surnommé un des personnages) pendant toute la semaine précédant le fameux dimanche on the beach, sa soutane claquant au vent de l'Irlande (toujours aussi belle et amoureusement filmée) comme la grand-voile d'une rustique, mais solide, embarcation du cru.
A la barre, Brendan Gleeson est magnifiquement splendide (à moins que l'inverse). Autant dans l'Irlandais il s'était complu à charger la mule dès l'ouverture du film, autant ici il nous livre un personnage d'une sobriété remarquable (dans tous les sens du terme au début, un peu moins par la suite). Au fil des jours qui passent et se succèdent (chacun est noté à l'écran) on le voit évoluer, rencontrer des gens,  (une femme battue, son amant black, un supérieur ecclésiastique, un collègue débutant, un flic gay, une fille dépressive...) et tenter de régler -ou d'éclaircir- les problèmes en cours qui effervescent dans le village (les autres et les siens propres), tandis qu'au fil des jours la menace initiale se précise et les actes de malversation à l'encontre du prêtre se multiplient.
On n'est pas dans Bernanos, ni  même dans Bresson ou Pialat. encore moins dans Mon curé chez les nudistes. L'angle d'attaque choisi par McDonagh n'est ni dans l'ascèse ni dans la gaudriole. peut-être juste dans le réel, le quotidien, le tout-venant. Ce prêtre est avant tout un homme, qu'on pourrait qualifier "de religion" mais tout autant "de terrain", et, dans un pays profondément religieux (avec tous les affrontements -sur le sujet- qu'on y a connus) il s'agirait quasiment d'un genre de bilan, un état des lieux, et d'une remise en cause (en question) du sentiment religieux, de ce que certains appellent foi, d'autres folie, d'autres encore foutaises...
Sauf que McDonagh, très malin, ne s'installe pas dans le cadre du document sociologique, ni du film à thèse, il nous la joue plutôt mi-thriller, mi-comédie noire, reprenant la recette du cocktail de l'Irlandais (1/3 de réel, 1/3 d'interrogation(s), 1/3 d'humour,  shakez bien le tout et servez dans un verre à Guinness - a pint-, assaisonné d'un trait d'amertume et rafraîchi aux embruns irlandais), avec un flingue -ou même deux- et ça se sirote avec grand bonheur (alterner l'humour et le noir comme la bière et le scotch dans le film.)
Ce qui est dommage, c'est que le film est passé pendant une semaine, mais avec juste une séance quotidienne, et un jour sur deux (soit... 3 séances, un régime genre bôô cinéma, non ?), ce qui s'appelle un peu quand même sabrer la carrière d'un film (L'Incomprise, la semaine précédente avait eu droit au même régime), tandis que, au hasard, tiens (!) ... Marie Heurtin jouit d'un régime projectionnel beaucoup plus... catholique (et a d'ailleurs attiré en masse, au dire du personnel, l'épiscopat diocésain (je ne sais pas si ça veut vraiment dire ce que je pense, mais j'aime la formule) local.
Qui aurait certes sans doute un peu plus grinçouillé des dents à la vision de ce Calvary pourtant pas si iconoclaste... Oui, les voies du Seigneur sont impénétrables hein (ouch!)

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