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lieux communs (et autres fadaises)
18 janvier 2015

saindoux

UN REPAS EN HIVER
de Hubert Mingarelli

il n'y a pas que les films dans la vie...
Emprunté hier à Philou, ce petit (124 p) livre, qui m'a attiré l'oeil car il était posé en travers sur les autres livres du rayonnage de la bibliothèque dans l'entrée, comme une invitation, et dont le titre et le résumé m'ont donné l'immédiate envie de le lire, ce que je viens de faire, et qui me pousse  à en toucher quelques mots à mes lecteurs potentiels.
Philou m'avait offert, il y a quelques années, du même auteur, le très beau Quatre soldats (Prix Médicis 2003). Ici, ils ne sont que trois. Trois soldats allemands, qui demandent au commandant de pouvoir sortir du camp pour "en" ramener, plutôt que de devoir y rester  pour "en" exécuter. C'est l'hiver, un hiver très rigoureux, le froid est partout, les trois hommes partent dans la neige et la glace,  plutôt contents s'avoir "gagné" cette journée dehors, même s'il y fait un froid mortel. Presque par hasard, ils vont découvrir un jeune Juif, caché dans un trou en lisière de forêt, qu'ils prennent donc avec eux pour le ramener au camp. Ils vont s'arrêter dans une maison polonaise abandonnée, où ils vont tenter de préparer de quoi manger, un "repas", qui constitue toute la deuxième partie du roman (et lui donne, très justement, son titre).
Un univers uniquement masculin (et donc, me concernant, un éventuel sous-sous-texte gay, de la même façon, toujours dès qu'il s'agit d'un groupe d"hommes), des mecs qui doutent, la relation entre un père et son fils... Autant de points communs (de passages obligés) dans les différents romans d'Hubert Mingarelli que j'ai pu lire (ou simplement les quatrièmes de couv', ces belles menteuses). Une simplicité d'autant plus frappante qu'elle est au service d'une émotion particulière. Où l'économie des mots génèrerait une émotion inversement proportionnelle, et, s'il est assez rare tout de même que les larmes me viennent aux yeux en lisant (bien moins souvent, en proportion, qu'au cinéma par exemple), là, elles étaient au rendez-vous. Comme au terme d'une décongélation lente et progressive. Au début du roman tout est dur, froid, sec, cassant, brutal. Congelé à coeur. Et c'est comme si, en faisant monter lentement la température des corps, le feu allumé dans cette maison polonaise moche (et sa problématique : comment l'entretenir ?) réchauffait aussi les pensées de ces hommes, en train d'attendre devant le fourneau que la soupe cuise, dégelait par là-même leur humanité, à feu doux, et, c'est normal, l'émotion du lecteur.

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