Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
8 février 2015

froides sueurs

PHOENIX
de Christian Petzold

Hitchcock avait adapté pour son Vertigo un roman de Boileau-Narcejac (D'entre les morts) que j'ai lu quand j'étais jeune, et Christian Petzold vient d'adapter pour son Phoenix un autre "vieux" polar français de la même trempe, Le retour des cendres, d'Hubert Monteilhet, que j'ai lu aussi quand j'étais jeune...
Une homme et une femme. Une femme morte. Un homme qui utilise une femme pour la faire ressembler à celle qui est morte. Il y a entre les deux histoires d'interrogeantes similitudes. Chez Hitch, c'était Kim Novak, dans les deux rôles, chez Petzold c'est -bien entendu s'en réjouiront -et bruyamment- certains- l'iconissime Nina Hoss.
Elle commence le film assez mal en point. Rescapée des camps,  elle est méconnnaissable, le visage couvert de pansements (ça n'est jamais bon signe, dans un film, un personnage -surtout féminin- avec le visage bandé).

yeux_cu_bandage

Elle est prise en charge par une amie, confiée à un chirurgien qui lui refait le visage "comme elle était avant", et, de retour dans sa ville, la voilà qui cherche son mari, dont on lui annonce pourtant qu'il l'aurait lui-même dénoncée et livrée aux nazis. Mari qu'elle retrouve dans un cabaret, le Phoenix, figuré à l'écran par un rectangle rouge. Un Johnny du genre "Fais-moi mal Johnny..." ou "Johnny tu n'es pas un ange..." Sauf qu'il ne la reconnaît pas. Mais décide de la "prendre en main". Pour essayer de la faire ressembler à sa (qu'il croit défunte) femme  (elle-même, donc), pour arnaquer les assurances et récupérer un gros paquet de fric (l'héritage de sa femme). Sauf qu'il trouve qu'elle ne s'y prend pas très bien et n'est pas trop ressemblante.
Le film opère une impressionnante condensation, comme si Hitchcock avait été réécrit par Pirandello, scénographié par Brecht, et filmé par Fassbinder. (Toutes références qui me sont ainsi venues pendant la projection). Sueurs froides, c'est évident, sauf que la motivation n'est absolument pas la même (l'amour fou d'un côté, la cupidité de l'autre). Brecht pour le contexte (Allemagne, après-guerre, misère, violence) un peu daté, stylisé, Pirandello pour les jeux de miroir sur l'identité et le modus operandi, et Fassbinder pour les mêmes raisons que Brecht, mais cinématographiques (Ah, Le mariage de Maria Braun...) et l'énergie sèche qui va de plus en plus irriguer le film, à partir de ce point de départ convenu ("théorique") et quand même assez invraisemblable), et cette mise en route laborieuse de la fiction, pour l'élever "en douceur" vers une scène finale (deux, même : la gare, puis la chanson) magnifique.
(J'avais arrêté là la rédaction de ce post il y a une dizaine de jours, avant de partir pour Clermont, et il serait difficile que je le continuasse ainsi, et je le livre donc en l'état.)

344741

(l'affiche française, que je trouve -pour une fois- plus judicieuse que l'affiche originale...)

401200

Commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 413