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lieux communs (et autres fadaises)
8 avril 2015

servitude

JOURNAL D'UNE FEMME DE CHAMBRE
de Benoît Jacquot

Ah... Jeanne Moreau...  (soupir)
Eh bien, contre toute attente (je partais d'un mauvais pied), Léa Seydoux compose, il faut le reconnaître, une Célestine qui n'a pas à rougir de la comparaison avec son aînée (entre Jacquot et Bunuel c'est peut-être une autre paires de manches. Comme dirait mon ami Philou "Je n'ai aucun avis sur la question...")... Benoît Jacquot dit s'être recentré sur le livre d'Octave Mirbeau, et je veux bien le croire puisque je n'ai pas lu le bouquin en question. Cette Célestine est tout de même bien effrontée, pour une personne qui a "la servitude dans le sang" : elle marmonne des insultes à l'égard de sa patronne (Clothilde Mollet, plus que parfaite dans l'autoritarisme pincé), tient tête aux mains baladeuses (et pire) du mari de la patronne (Hervé Pierre, idéal de veulerie satisfaite et bonhomme), s'entiche du jardinier (Vincent Lindon hélas coincé en position "je ne bouge pas un muscle de mon visage pour montrer quel monstre de virilité je suis"), et va et vient entre différents postes successifs -il y a parfois des temporalités que je n'ai pas bien saisies- mais toujours finissant par revenir chez les Lanlaire, (oui oui c'est leur nom dans le film, je ne sais pas si c'est ça dans le bouquin).
Du Bunuel j'avais surtout gardé la scène des bottines (oui oui le vieux Señor Luis était fétichiste des pieds féminins et des chaussures qui vont avec) et de Georges Géret, grandiose dans la saloperie mâle (et Jeanne, bien sûr). Du Jacquot je garderai surtout Léa et Clothilde. C'est leur affrontement qui m'intéresse, bien plus que les rapports de la demoiselle avec l'ensemble de la gent masculine environnante. Benoît Jacquot est un cinéaste qui aime filmer les femmes, et les place toujours au centre de chacun de ses dispositifs filmesques (avec des résultats parois éblouissants : Godrèche dans La désenchantée, Ledoyen dans La fille seule, Kiberlain et Huppert dans La fausse suivante, et des plantages tout aussi retentissants -je ne donnerai pas de noms pour ne fâcher personne-) il est donc normal qu'il filme sa Célestine avec amour et convoitise (gourmandise) en laissant le spectateur mâle moyen rester sur sa faim : on tourne autour, on regarde vu de l'extérieur, mais on n'en aura guère davantage, ni téton ni lingerie ni ni. et pour moi c'était très bien comme ça. Le film est à ce diapason-là, plutôt class(iqu)e, un peu engoncé, corseté, comme les tenues de l'époque ("Vous avez une bien jolie toilette, lui dit la patronne à son arrivée, vous l'enlèverez de suite."). On tourne autour, oui, on reste en-dehors. Plutôt dans l'illustration que dans la subversion ou la malversation.
Mais bon,oui oui, je crois bien que j'ai adoré Léa Seydoux dans ce rôle, alors que je me préparais à tout le contraire. Chapeau ! (d'époque, et à plumes, s'il vous plait). Et en plus le plaisir de retrouver, dans un second rôle, le touchant Patrick d'Assumçao (de L'inconnu du lac!)

020675
(J'aime beaucoup l'affiche)

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