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lieux communs (et autres fadaises)
13 avril 2015

qu'il est donc doux de rester sans rien faire

... tandis que tout s'agite autour de soi...
(Jacques Higelin, Poil dans la main)

LIBRE ET ASSOUPI
de Benjamin Guedj

Un joli "petit" film, vu cet après-midi, et que je n'aurais en principe jamais dû voir, mais le hasard a fait que. J'étais sur un site de téléchargement un endroit interdit où on n'a pas le droit d'aller et où donc je n'irai jamais puisque je n'ai pas le droit et donc j'ai vu l'affiche d'un film qui me disait vaguement quelque chose, (j'avais dû la voir au moment de la la sortie du film et je n'avais pas eu plus envie de le voir que ça, d'ailleurs je dirais même qu'il n'est jamais arrivé jusqu'à nos contrées cinéphilement reculées, et donc je l'avais oubliée) mais qui acquérait soudain un intérêt nouveau, puisqu'y figurait Félix Moati (fort apprécié récemment dans A 3 on y va), et, j'ai honte mais je suis franc, l'accroche suivante le concernant :"le kiff pour Bruno c'est d'être en slip, il est slipiste" (oui j'ai honte, messieurs les publicitaires je ne vous félicite pas d'utiliser de si vils arguments et surtout, que ça marche!)
Je l'ai donc téléchargé souhaité très fort et hop! il est apparu miraculeusement sur mon ordinateur au bout d'un certain temps, alléluia, alléluia! et j'ai pu ainsi commencer à le regarder, prêt à zapper sans pitié à la moindre déconvenue...
Et bien, que nenni! Nulle tristesse ni colère ne se lisait sur mon visage au moment du générique de fin, au contraire. C'était plutôt la combinaison d'un sourire attendri et d'un semblant de larmichette pointant, ce qui chez moi est plutôt bon signe...
Le film commence avec un jeune homme (Baptiste Lecaplain) qui parle à la caméra (à moi donc) et m'expose, de but en blanc ses mécaniques intimes masturbatoires ("parce que c'est un sujet délicat pour en parler et comme ça ça sera fait") avant de se présenter, et là, j'ai un moment de trouble : ses envies, ses ambitions, son plan de vie, sont exactement les mêmes que les miens furent : Rien ! Il ne veut rien. Il n'a pas envie de travailler, il veut juste rêvasser, regarder le plafond, oui, il veut ne rien faire (vous saisissez la nuance ?) alors qu'en principe l'âge est arrivé pour lui de se trouver un job, etc.
Le voilà en coloc avec Anna, une ancienne copine de fac (il est bardé de diplômes), et Bruno, un jeune homme  barbichu (voilà Félix Moati, un peu gentiment bourrin et amoureux transi d'Anna -Charlotte Le Bon-). Jeunes gens, appartement, cohabitation, confidences, insouciance, fou-rires, le contexte est familier, et tout à fait plaisant. Les histoires des mecs (qui tournent bien sûr autour des filles, bien sûr), mais celles des filles aussi (qui essayent de comprendre les garçons, c'est un film très hétéronormé, mais ça ne me dérange pas, voyez comme j'ai l'esprit large.) Dans cet appart, entre ces trois personnages, flotte un délicieux parfum d'adulescence, d'inachevé (le désir de Bruno pour Anna, la complicité d'Anna et Sébastien dans le dos de Bruno, la complicité "virile" des deux garçons)  comme si les gamineries, (les palabres et les jeux),  servaient surtout à (se) protéger, à laisser sans réponse des questions trop explicites.
Sébastien (le jeune homme qui ne veut rien faire) va "s'inscrire au RSA", où se lie d'amitié avec son conseiller -enfin, le deuxième-  (Denis Podalydès), qui décide même de le couvrir dans sa quête d'inaction, et la vie continue... Anna bosse (dans une maison d'édition), bruno enchaîne avec vaillance les petits boulots merdiques, et Sébastien ne fait rien, ou presque. Jusqu'à ce que...

Le film est très agréable, parfois un peu indolent (à l'image de son personnage principal) mais plein de petites notations délicieuses, de scènes drôles, surprenantes, attendrissantes. (le musée, l'ours, Valentine Caillou...). Un vrai "film de gens" comme je les aime (qui m'a évoqué lointainement, par sa structure, ce qu'il raconte, et ses fréquentes adresses-public le délicieux 2 automnes, 3 hivers), qui accompagne avec tendresse ces trois jeunes gens dans leur passage à l'âge adulte, chacun à sa manière, et qui laisse, oui, un petit goût agréable, le sucré  dissimulant la légère amertume que pourrait apporter le fait de grandir,  l'"installation", l'entrée dans une certaine norme, la fin des rêves d'adolescence, ou pas, d'ailleurs.
Oui, un joli petit film.

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