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lieux communs (et autres fadaises)
15 avril 2015

mettre votre langue dans ma glotte et souffler comme un phoque

CORPS A COEUR
de Paul Vecchiali

Une drôle d'expérience : la première fois que je l'ai vu, j'avais 22 ans, et la seconde, j'en avais 58! Comme le temps a passé vite ("la vie, on l'a comme pas vécue"). J'en gardais un souvenir ébloui, et là, au début, en le reregardant, je n'en voyais plus que les défauts... On ne voit pas un film de la même façon à 20 ans et quelques, et presque 40 ans plus tard...
Il s'agit d'une copie restaurée, dans le cadre d'une rétrospective Vecchiali, et, dommage, on s'en aperçoit dès les premières minutes, le son est pourri n'est pas très bon. Hélas, le Requiem de Fauré qui leitmotive la bande-son en ressort parfois un peu crachotant et esquinté. J'ai eu beacoup de mal à trouver des critiques "actuelles" pour mettre dans notre plaquette de programmation (les critiques, visiblement, ne se sont pas dérangés) et heureusement que j'avais sur mes rayons une exemplaire de la Saison cinématographique de l'époque, que j'ai donc recopié /recollé.

"Il y avait longtemps que nous n'avions vu un film pétri d'une aussi grande sensibilité. Voici un vrai mélodrame, sincère, comme on ne sait plus en oser, un mélodrame dans lequel chaque protagoniste ose, abandonnant toute fausse réserve, aller jusqu'au bout de sa passion, dans lequel les réserves et les conventions habituelles sont bousculées : qu'il s'agisse de montrer nue et heureuse une femme de plus de cinquante ans ou de filmer un homme s'abandonnant sans retenue au désespoir et aux larmes, au mépris de toute "bienséance". une écriture cinématographique intelligente et enluminée (plans de la "découverte" par Pierre de Jeanne-Michèle, scènes provençales), un montage superbe, une musique riche accompagnant avec bonheur le délire des images, donnent à cette œuvre d'auteur une superbe originalité.
(...) Mais il est difficile de parler objectivement de ce film qui ne laisse jamais indifférent et qui s'adresse totalement à la subjectivité et au pouvoir émotionnel de chaque spectateur. Quels que soient ses défauts, il a le mérite, de nos jours immense, d'une totale sincérité."
(critique d'époque : La Saison Cinématographique 1980 )

Je sais que j'avais vraiment adoré le film (j'ai même encore, dans une valise, l'affiche originale et le jeu de photos) et j'essaie de retrouver ce qui à l'époque m'avait tant plu : le couple Silberg/Surgère, probablement, la musique (j'avoue que c'est là que j'ai découvert ce fameux Requiem), la discrète allusion à l'homosexualité (l'amour porté en silence à Pierrot par son patron -et un peu artificiellement révélé par l'ex-femme de celui-ci-) doublée de la façon qu'a Vecchiali de filmer amoureusement la virilité de N. Silberg (mmm ce torse tous ces poils, ohhh et même, à la fin, cette jolie quéquette -oui oui ça aussi avait dû compter-), la galerie des personnages de "la ruelle" qui gravitent autour de Pierrot, les dialogues très écrits (j'avais recopié amoureusement quelques-uns des dialogues d'Hélène Surgère -qui est absolument magnifique, j'en profite pour le répéter, et qui n'a pas eu au cinéma la carrière qu'elle méritait- ) la chronique d'un amour fou non-partagé puis partagé quand même -ça aussi j'avais dû adorer- même si..., et le mélo qui va jusqu'au bout avec spoiler la mort de Jeanne-Michèle... Je crois me souvenir que j'y étais même allé plusieurs fois...

Je continue de penser que la vision de chaque film est unique. A un instant n, un film donné produira un effet e, et à un instant n+1, il produira un effet n+1. C'est pourtant le même film, c'est pourtant la même personne, mais le résultat sera à chaque fois différent, sensiblement ou carrément diamétralement opposé.

Là, par exemple, j'avoue que je suis resté un peu à distance. (Mon moi de presque 60 ans regardait du coin de l'oeil mon moi de 20 ans, avec un petit sourire, en coin aussi, comme s'il avait envie de lui dire "Tsss... tout ça pour ça ?") Je n'ai pas ressenti grand-chose je dois le reconnaître, et pourtant, je suis sûr qu'à l'époque ça m'avait mis la larme à l'oeil. Ce que j'ai le plus apprécié, c'est ce à quoi je ne m'étais pas vraiment intéressé alors : les personnages féminins "secondaires" (Anna, Emma, Mélinda, l'employée de la pharmacie) que je trouve très justes. J'aime aussi la façon de représenter l'obsession, l'idée fixe, que suscite l'amour (ces flashes incessants du visage d'Hélène Surgère qui viennent "hanter" Pierrot.) Le son, je l'ai déjà dit, est un peu pourri, et dès que ça monte en intensité, ça devient pénible, voire inaudible (la séance d'enregistrement de Mélinda est un calvaire auditif), et il semble que c'est pareil pour le jeu des acteurs : tant qu'on est dans un registre "normal", tout va bien, mais dès qu'on "monte" un peu dans la gamme des émotions, ça devient parfois pénible, parce qu'excessif et donc difficilement crédible (les larmes de Pierrot par exemple).

(et je n'arrive pas à terminer ce post que je publie donc comme ça dans l'état.)

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